Décrocher un job dans la tech aux Etats-Unis ? Pas trop difficile en ce moment. Mais lorsqu’il s’agit de trouver le visa qui va avec, c’est une autre paire de manches, et beaucoup d’entreprises refusent tout net d’entrer dans les démarches coûteuses du sponsoring.
Ce n’est pas le cas de celles qui postent leurs offres sur TechMeAbroad, un site d’annonces d’emplois dans la “tech” (ingénieurs, développeurs…), créé il y a un mois à San Francisco par deux développeurs français, Julien Barbier et Sylvain Kalache.
“Aucun autre site d’emploi ne cible spécifiquement les entreprises prêtes à sponsoriser un visa. Or, cela répond à un vrai besoin, notamment parce qu’en France, les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à vouloir s’expatrier”, assure Julien Barbier.
Il faut dire que pour ces derniers, les perspectives sont souvent meilleures qu’en France. “Un jeune ingénieur francais peut trouver dans la Silicon Valley un poste à 100.000 dollars par an. Avec cinq ans d’expérience, cela monte à 130.000. Mais attention, la vie est bien plus chère qu’à Paris, il faut prévoir sa retraite, sa couverture sociale… Je dis souvent que pour comparer, il faut diviser le salaire en dollars par deux. En niveau de vie, un salaire de 100.000 dollars à San Francisco correspond à 50.000 euros à Paris.”
Au vu de la pénurie d’ingénieurs aux Etats-Unis, Julien Barbier est persuadé que de plus en plus d’entreprises vont chercher à attirer des étrangers. “Elles apprécient aussi d’avoir de la diversité culturelle dans leurs équipes. Dans la Silicon Valley, les Français sont très appréciés, car ils sont généralement bien formés et restent plus longtemps dans leur entreprise” observe Julien Barbier. “Certes, le sponsoring de visa, c’est coûteux, en général environ 8.000 dollars. Mais les cabinets de chasseurs de tête sont souvent plus chers que cela.” Et les étrangers, liés à leur entreprises via leur visa, sont moins enclins à claquer la porte sur un coup de tête.
Le problème, c’est que l’obtention du visa n’est pas garantie. Le quota de visa H-1B 2016, destinés aux travailleurs étrangers qualifiés, est bien inférieur au nombre de demandes. “Mais il y a d’autres solutions possible, comme le visa J1, et d’autres moins connus, comme le E2, ou le O1 dans certaines conditions” , glisse Julien Barbier.
En quatre semaines, le site a rassemblé 250 annonces. Au début, beaucoup étaient issues d’entreprises américaines, mais petit à petit, le cercle s’est élargi, et diverses start-up partout dans le monde ont posté des offres d’emplois.
Julien Barbier, 34 ans, est en train de quitter son job chez Docker pour se consacrer à plein temps à la plateforme. Quant à Sylvain Kalache, 28 ans, il a cessé ses fonctions chez SlideShare la semaine dernière pour se consacrer à plein temps à ce projet, lever de l’argent et mettre en place un business model – peut-être en faisant à terme payer les entreprises.
Ce qui est sûr, c’est que les ingénieurs français qui débarqueront, peut-être grâce à TechMeAbroad, aux Etats-Unis, ne seront pas seuls. Les deux associés sont aussi à l’origine de While42, un réseau de développeurs et d’ingénieurs français présent dans 40 villes du monde. Les membres organisent des soirées de networking, s’entraident via différents forums et mailing-lists… San Francisco et New York, les deux plus grosses villes américaines de While42, rassemblent respectivement 450 et 200 ingénieurs français.