“Masters of Good”, les “maîtres du bien”. Le nom est pour le moins ambitieux, mais ça tombe bien, les membres de ce nouveau club le sont aussi: non seulement ils veulent faire prospérer leur business, mais ils veulent le faire en changeant le monde. Une combinaison de plus en plus souvent revendiquée par les entrepreneurs et entrepreneuses. Laurence Foucher-Delebois, Française installée à NewYork, a décidé de faire ce cette ambition son business à elle, avec la création de ce réseau “d’entrepreneurs vertueux”.
Entrepreneuse elle-même (elle a créé il y a 3 ans Pathport, un éditeur de guides de voyages d’instagrammeurs), Laurence Foucher-Delebois s’est retrouvée il y a deux ans sélectionnée par un incubateur, AngelPad. De ces trois mois intensifs à San Francisco, elle a surtout tiré beaucoup de questions: “je me suis pas mal interrogée sur la course à l’argent, à la levée de fonds, que représente souvent la création d’une start-up; je ne me suis pas vraiment reconnue dans cette façon de faire de l’entreprenariat. L’idée de faire rêver des VC (venture capitalists) sur des valorisations énormes n’était pas forcément pour moi”.
C’est à partir de cette réflexion que la jeune femme commence à rencontrer “une nouvelle génération d’entrepreneurs, différents, à la recherche de plus de sens”. Beaucoup sont dans les cosmétiques ou la mode, et créent des marques “qui sont à la fois sexy et cool, mais aussi engagées, pour la défense de l’environnement et de valeurs humanistes”. Des marques dont certaines font déjà parler d’elles, comme La Bouche Rouge, du Français Nicolas Gerlier, qui invente des rouges à lèvres sans micro-plastique tout en luttant contre le gaspillage de l’industrie de la beauté.
Au fil de ces rencontres, Laurence Foucher-Delebois s’aperçoit que ces entrepreneurs qui tentent de penser autrement ont des besoins spécifiques, et se sentent souvent seuls dans leurs industries dont ils sont toujours les petits poucets. “J’ai par exemple noté ce que disait Linn Frisinger, suédoise fondatrice d’une marque de collants responsables à Stockholm : ils utilisent des fils de nylon recyclé, mais une des difficultés est de trouver des usines prêtes à s’engager, car toutes ces marques novatrices ont des volumes forcément limités”. L’idée derrière Masters of Good est celle de tous les clubs : on est plus fort ensemble, qu’il s’agisse de partager des idées, faire pression sur les politiques ou se regrouper pour passer des commandes en plus gros volumes aux fournisseurs.
Le réseau est lancé ce mois-ci officiellement, avec 48 membres fondateurs, venus de 12 pays, pour la plupart vendant des biens de consommation. Les initiatives forment un inventaire à la Prévert du développement durable : des soutiens-gorges de Proclaim, aux portes-manteaux de Arch & Hook, en passant par tapis, lunettes de soleil, couches culottes, (voir la liste ci-dessous), tous s’annoncent “meilleurs”.
Le risque de la démarche est bien sûr celui du “green washing” : pas question de devenir un label vide de sens. “C’est pour cela que nous allons aller lentement, avec un objectif qualitatif plus que quantitatif, raconte l’entrepreneuse. “Il s’agit de sélectionner des gens qui veulent échanger sur ces problématiques, faire vraiment avancer les choses, s’engager, par exemple en écrivant des rapports ou livres blancs, comme le premier en cours sur la ‘clean beauty’”, indique-t-elle.
La liste des 48 membres fondateurs de Masters of Good:
La Bouche Rouge Paris
Fi-ne
Susanne Kaufmann
Edition du coté
Gaztelur
Studio Agne
Agnes Studio
Just Human
Proclaim
Isto
Sao Lourenco do Barrocal
Perfumer
HHaeckels
Chef
Enamour
Salam Hello
Forty Knots No Smoke
Alyson Eastman
Arch and Hook
Fragmentario
Celsious
Meant
Rahua
Esembly
Maison Made
Agricool
PATiNE
Fempo
Coralie
Marabelle
Andrea Crews
Pampa
Beendi
Season Paris
Belleville Brulerie
Umaï
Ma Therapie
Ensemble
Bleu Minuit
Paulette Magazine
Usbek & Rica
Papier Tigre
The Big Blue Project
Arles de Vivres
Cafe Pinson
Berlin Skin
Swedish Stockings
Awely