Les programmes bilingues en français se développent rapidement au sein du système éducatif public américain. Ce réseau totalise près de 30 000 élèves dans 88 villes de 27 États. C’est plus de 150 écoles répertoriées à travers le pays et cela semble s’accélérer, notamment au Texas.
Cet automne, l’école publique à Arlington Wimbish World Language Academy, a lancé un programme d’immersion en français pour ses petites classes. Elle devrait être bientôt imitée par Austin où des discussions en cours devraient aboutir à la création d’un programme dans une école publique à la rentrée 2020/21. À San Antonio, l’école privée The International School of San Antonio (ISSA) doit ouvrir en janvier 2020. « Nous comptons pour l’instant une dizaine d’établissements répartis sur l’Oklahoma et majoritairement le Texas. Le français est la deuxième langue la plus enseignée et notre population est la deuxième communauté la plus importante dans l’État. Enfin, il ne faut pas oublier que c’est un langage prédominant en littérature, dans l’art, la musique, la danse, mode, cuisine et le cinéma », explique Virginie Le Tallec, attachée culturelle adjointe, chargée de coopération éducative et linguistique pour le Texas, l’Oklahoma et l’Arkansas.
L’offre au Texas s’est élargi ces dernières années avec trois écoles privées à Houston (La Maternelle French Academy, Eagles on the Rock Academy et Language Immersion Private Preschool). Deux autres programmes, à la Petite Ecole Internationale et à la French School of Austin-Ecole Jean Jacques Rousseau, ont déjà fait leur apparition. Sans compter l’offre extra-scolaire proposée par les associations comme Education française Austin, EFGH à Houston et Education française Dallas Metroplex. En Oklahoma, qui dépend du consulat de Houston, trois programmes d’immersion bilingue ont vu le jour dans des écoles publiques.
La raison derrière cette poussée: l’avantage économique de parler deux langues, notamment au Texas. En effet, Austin et Dallas s’internationalisent sous l’effet de l’implantation de startups et de populations immigrées. Houston est le plus grand centre d’affaires de l’Etat. Là, les entreprises françaises sont reconnues comme des leaders dans les secteurs de l’aérospatiale, de l’énergie, de la pharmacie et des télécommunications. « Être reconnu comme bilingue est un atout de nos jours. Entre 2010 et 2015, le nombre d’offres d’emplois exigeant une seconde langue a doublé aux États-Unis. Les Américains sont passés d’une monoculture à une pluralité culturelle et sociale. Le français est la langue officielle de 32 pays dans le monde. Avec l’anglais, ce sont les seules langues parlées sur les cinq continents », commente Alexis Andres, consul Général de France à Houston.
Selon les derniers rapports du Conseil américain pour l’enseignement des langues étrangères, le français se hisserait à la troisième place du podium des langues les plus en vue auprès des compagnies américaines. Les salaires ont même tendance à s’envoler (plus de 25% plus élevé) pour les candidats bilingues et améliore les opportunités de carrière. «Il y a aussi un intérêt de la part de l’Independent School District de développer des filières plus attractives », renchérit Alexis Andres.
Le bilinguisme permet aussi d’améliorer les compétences cognitives et les performances scolaires. Récemment, l’école élémentaire Mark White, école publique à programme bilingue de Houston, a ouvert un nouveau niveau de classe et compte 184 élèves au total dans son programme d’immersion. « Le français est une langue du futur et sera parlée par 750 millions de personnes d’ici 2050. C’est une langue de travail officielle des Nations Unies, de l’OTAN, de l’UNESCO, de l’Union Européenne, du comité international olympique, de la Croix Rouge et des tribunaux internationaux », commente Lisa Hernandez, directrice de cet établissement.
Les parents en redemandent. Ils recherchent des programmes qui se démarquent du cursus traditionnel. «C’est une nouvelle façon d’apprendre. Elle promet plus de progrès et d’aisance. Ma fille utilise le français, très naturellement, comme un moyen d’expression, de dialogue et de communication classique au même titre que sa langue maternelle », confie Sarah Beasley, qui vient d’inscrire son quatrième et dernier enfant à Mark White pour la rentrée 2019/2020.