Chère Viviane,
Il me semble que dans la culture Américaine, les enfants courent, courent et n’ont jamais le temps de tout simplement “chill” comme ils disent pourtant si fréquemment. Pourquoi? Déjà je trouve que l’enfance de nos enfants passe si vite alors pourquoi ce besoin d’activité à tout moment ? Je remarque la grande importance du sport collectif mais je ne comprends pas bien ce courant électrique. Mes enfants qui ont 8, 10 et 12ans me disent que si je ne leur permets pas de participer, ils ne vont jamais se faire de vrais copains. C’est vrai ?
Céline de Mamaroneck
Chère Céline,
Alors là vous touchez sans doute au débat de différence de cultures, de perception du temps, du concept du loisir et du plaisir. Il s’agit de la définition de ce qui constitue l’équilibre de la vie d’un enfant.
Depuis toujours, enfin certainement depuis la deuxième guerre mondiale, les écoles primaires et secondaires et bien évidemment les collèges (les universités) ont compris que la mémoire et l’attention bénéficient d’activités purement physiques, ce qui permet de meilleures performances intellectuelles. De ce fait, nous voyons une intégration quasi journalière du sport pendant la journée et après la sortie, l’école offre et soutient du sport « à la carte », variant suivant les saisons. Garçons et filles forment séparément des équipes par sélection de goût et d’habilité passant au moins deux heures par jour et souvent le samedi à s’entraîner rigoureusement.
Mais certain parents, comme vous, se posent des questions : si mon enfant fait tant de sport ne va-t-il pas rentrer affamé, extenué, au point qu’il ne pourra plus se concentrer méticuleusement sur ses devoirs ? Aura-t-il l’énergie demandée pour apprendre les dictées, les récitations, écrire ses dissertations, et aussi lire afin de maintenir le niveau élevé de sa classe ? Sans parler du manque de sommeil et les réveils difficiles !
Et la vie de famille? Notre enfant rentre tard, prend à peine le temps de dire bonjour, court se doucher, avale son repas à triple vitesse pour s’enfermer ensuite dans sa chambre. Pas très agréable pour les autres; plus de conversation de « rattrapage » autour de la table, plus d’échanges culturels qui stimulent l’esprit et une distance qui se crée avec ce manque d’intimité. Notre famille n’est plus au complet.
Eh oui! parents. si votre enfant fait parti d’une équipe, elle aura besoin de sa participation régulière. Ce choix je sais n’est guère facile mais acceptez aussi que d’apprendre à jouer en équipe peut représenter un outil d’apprentissage pour leur vie d’adulte. Pensez travail d’équipe, sens de la responsabilité et aussi soutien envers et au travers des autres. Sachez que je comprends aisément vos haussements d’épaules.
Souvenez-vous qu’en tant que parents notre souhait le plus profond est le bonheur et l’harmonie de nos enfants. Céline, vos enfants ont peur de manquer le « coche » de ne pas avoir d’amis, il faut prêter attention à leur appel. Le stress causé par le manque d’amitié est prouvé à tous les ages. Chez nos enfants il y a de plus un besoin d’acceptation au sein du cercle de leurs pairs. Cela pèse lourd sur leur estime de soi et ceci depuis même la maternelle. Rare est l’enfant qui préfère rester seul, sans la présence d’un copain du même âge. Si c’est le cas, il faut creuser pour en trouver la source. Les pré-adolescents et les jeunes gens vivent dans ce qu’appelle le psychologue Ron Taffel « The Second Family ». La bande de copains et l’importance de l’amitié même compétitive, permettent d’établir leur propre identité et centre d’intérêts.
Je ne peux couvrir d’avantage dans cette chronique mais à mon avis les Américains on compris un concept fondamental du bonheur : le bonheur n’est pas linéaire. Le bonheur n’est pas qu’atteint par l’intelligence intellectuelle. Le bonheur n’est pas le sacrifice de nos besoins. Le bonheur est plutôt un concept global et profondément émotif, au demeurant tout aussi exigeant car il demande la capacité de négociation et de respecter la connivence entre « body and mind ». Loin de moi l’idée de faire fi de la culture, de l’enrichissement des voyages et des échanges polémiques. Avouez cependant Céline, que le charme de l’enfance est aussi de pouvoir toucher un peu à tout pour le simple plaisir et sans peur des conséquences. Comme vous le dites si bien, ce moment émerveillé de la trajectoire de l’enfance passe si vite alors pourquoi hésiter à y incorporer les joies du sport qui permettent de « s’éclater » sainement.
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0 Responses
Desolee, je ne comprends pas tres bien cette reponse. Ok pour la pratique de sport mais je vois tous les jours des enfants jeunes (5-6 ans) a qui il faut proposer une activite a tout moment ( play dates, piano, after school, cours de langues, musees….), j’ai l’impression d’etre vraiment jugee quand je dis que mon fils joue seul dans sa chambre 1 heure par jour avec ses legos. Je ne suis pas pro activites toute la journee et il me semble qu’a New York les enfants sont completement debordes et fatigues par leurs nombreuses activites…
Je n’adhère pas vraiment à la réponse de la psychologue. Le titre de l’article “une suractivité imposée a nos enfants” ne suggère rien de positif. Je suis d’accord avec Viviane J. que dans un souci d’équilibre, on doit prendre en considération les besoins des jeunes et ne pas imposer sans connaître ou comprendre. Mais à côté de cela, la psychologue semble minimiser l’importance des parents et de la fratrie dans la transmission de repères familiaux forts et solides et de l’appartenance claire à une première famille avant de pouvoir s’identifier a une “2e famille”. Dans beaucoup de familles americaines que j’ai côtoyées lorsque je vivais à NY avec deux jeunes enfants, les parents avaient tendance à sur-communiquer avec leurs enfants tout en les assommant d’activités, mais j’avais aussi l’impression qu’ils brassaient beaucoup d’air. Il manquait une dimension émotionnelle et affective dans leurs relations familiales et les enfants me semblaient exagérément mûrs et munis d’un ego surdimensionné. Je doute que l’on arrive à rester en contact avec les émotions et les besoins affectifs de nos enfants en ne les voyant que 1 ou 2 heures par jour, fatigués et agités après leurs méga journées.