« J’espère que Karl ne va pas se ramener ce soir, je n’ai pas pris de veste », peut-on entendre, parfois, en début de soirée. Sur twitter, pendant le très chaud week-end de Labor Day, on l’a imploré: « Karl, au nom de tous les habitants de SF : nous sommes profondément désolés, s’il te plaît, reviens car nous sommes en tain de mourir ici ». On pouvait même trouver ce genre de message sur les ardoises des bars.
“Karl”, c’est bien entendu le brouillard de San Francisco, le même qui a donné la fameuse citation, attribuée à tort à Mark Twain, « l’hiver le plus froid que j’ai connu fut un été à San Francisco ».
Un petit peu de sciences pour commencer: à l’Est, San Francisco est bordée par les eaux de la baie, à l’Ouest, par celles du Pacifique. L’été, il fait très chaud dans les terres californiennes tandis qu’à San Francisco les températures restent modérées (15-25°C). Située sur le littoral pacifique, la ville baigne dans un air frais océanique. Combinée à la chaleur des terres, cela donne du brouillard.
Cet épais manteau a été personnifié un beau jour d’août 2010, quand un anonyme lui a ouvert un compte Twitter sous le pseudonyme “Karl The Fog”. Le compte Instagram et la page Facebook ont suivi. Interviewé par l’hebdomadaire SF Weekly en juin 2013, le titulaire du compte Twitter – dont on ne connaît toujours pas l’identité – expliquait que le choix du prénom était une référence au film de Tim Burton, “Big Fish”. « Karl est le nom du géant de la ville dont tout le monde a peur. » À San Francisco, ce géant est le brouillard. « Karl est un personnage omniprésent dans nos vies. Certains l’aiment car il garde la ville fraîche, d’autres le déteste car il nous prive d’étés traditionnels ».
Aujourd’hui, Karl The Fog compte près de 263 000 followers. Il abreuve la twittosphère d’auto-dérision en 140 caractères et, comme le géant de “Big Fish”, il cherche à se faire aimer. Vous voilà sorti du brouillard.