Le réalisateur et metteur en scène américain s’est toujours intéressé à l’expérience humaine à l’intérieur d’institutions comme l’école, la prison, l’armée, l’hôpital ou le tribunal. Cette fois, c’est au Palais Garnier qu’il a baladé sa caméra, pour suivre en coulisses et sur scène l’une des plus grandes compagnies de ballet au monde, la troupe de l’Opéra de Paris. Grincements de parquet et souffles de danseurs en action, les 2h45 de film transforment le spectateur en visiteur privilégié de cet édifice du 19e siècle, invité jusqu’à ce toit où sont élevées les abeilles les plus convoitées de Paris…
Frederick Wiseman s’invite aux entraînements de grands ballets tels que Genus de Wayne Mac Gregor, Paquita de Pierre Lacotte ou Romeo et Juliette de Sasha Waltz. Peut être tout autant que le spectateur, il s’attache progressivement à quelques danseurs, les Etoiles Nicolas Le Riche, Marie-Agnès Gillit et Agnès Letestu. Et les regarde apprendre, s’entraîner, douter et se perfectionner avec les chorégraphes. « J’ai toujours voulu faire un film sur des danseurs et chorégraphes qui représentent le niveau le plus haut de réussite dans l’utilisation de leur corps pour exprimer pensées et sentiments », explique t-il à propos de La Danse.
Des chandeliers surchargés de cristal aux sombres labyrinthes du sous-sol, en passant par l’administration et les ateliers de cours -dont on sentirait presque l’odeur de l’effort, Frederick Wiseman offre un tableau complet de ce qui peut se passer dans les coulisses d’un grand théâtre. Sans omettre de s’asseoir de longues minutes sur un des 2200 sièges en velours écarlate, contempler les performances des danseurs et la touche du peintre Chagall au plafond.