Rosecrans Baldwin gardait un souvenir impérissable de sa professeure de français de 7th Grade, Madame Fleuriot. Elle évoquait toujours la France, les jeunes Parisiens et le kir royale avec beaucoup de nostalgie. La capitale française était devenue un mythe romantique pour lui, depuis sa suburb new-yorkaise. Après ses études en 2007, il décide de franchir le pas avec sa femme Rachel : petit appartement rue Béranger dans le 3e arrondissement et un job de rédacteur dans une agence de publicité sur les Champs-Élysées – Publicis n’est jamais nommée. Ce sera le point de départ de son livre qu’il écrira durant les 18 mois passés dans la capitale.
Drôle, rempli d’anecdotes, “Paris I love you but you’re bringing me down” décrit un monde de la publicité finalement pas si éloigné des stéréotypes – blagues sexistes, franglais, stress des créateurs, soirées mondaines – où la critique des États-Unis est facile mais la fascination pour la culture américaine bien réelle. Baldwin y découvre les vrais bobos, “mot français”, écrit-il, pour “hipster + yuppie”, ses collègues de travail blasés et attachants qui se moquent de son prénom “ridicule” avec tous ses “R à prononcer”.
Plus savoureux encore : sa rencontre avec ce drôle d’animal qu’est la bureaucratie française, “sport national” pratiqué même lors de l’inscription au club de fitness. Il s’interroge sur le sens de notre chère devise républicaine Liberté-Fraternité-Égalité en évoquant, avec humour, les cours d‘instruction civique obligatoire qu’il doit suivre avec des immigrés arabes et africains. Au fil des pages, l’Américain apprend à vivre comme un local, à adopter tous les usages français pour mieux s’intégrer. Il se forme à l’art de faire la bise, «avec l’air résigné de ceux qui se sentent forcés d’observer un rituel obsolète ». Il égratigne au passage ses compatriotes qui ne pensent qu’à une chose : rentrer au pays. “Le jour où nous avons décidé de quitter Paris, je suis devenu Français”, écrit-il.
Au-delà du choc culturel, Rosecrans Baldwin réalise qu’il est venu vivre son expérience française nourri d’images romantiques transmises par la génération de ses parents, fans du Quartier Latin. La France a bien changé depuis Mai 68, elle a ses problèmes sociaux et d’intégration. Si elle reste passionnée par la politique, elle vit un profond désamour avec son (ancien) Président, ce que la littérature et le cinéma américains ne reflètent pas, à l’instar de “Midnight in Paris” de Woody Allen. Malgré les désillusions, Rosecrans Baldwin a appris à aimer la Capitale et ses “Mad Men”. Il sait qu’il reviendra car “Paris was forever one day soon”.
“Paris, I love you but you’re bringing me down“, de Rosecrans Baldwin, éditions Farrar, Strauss and Giroux. L’auteur sera à New York pour des discussions et signatures:
– 14 mai : Greenlight Bookstore, Brooklyn, à 19h30.
– 15 mai : Restaurant La Boîte en Bois, NYC, de 12h30 à 14h30. Tickets $38 à réserver au (212) 874-2705 ou [email protected]
– 15 mai : KGB Bar, NYC: 15 mai à 18h45.
– 16 mai : McNally Jackson, NYC, à 19h00.
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J’ai suivi son interview, hier, sur une chaîne de TV, attachant et surprenant car , même après 18 mois de présence en France – PARIS, il n’a pu que survoler la mentalité française; Paris n’est pas la FRANCE. Il faut aller dans la France “profonde” pour vraiment comprendre la VRAIE FRANCE, ses paradoxes, ses exagérations. Je suis née en France, mais j’ai vécu 37 ans à l’étranger et. . . en revenant vivre dans mon pays de naissance, j’ai été effarée, choquée, déçue par la transformation spectaculaire de la mentalité et des valeurs . TOUT a changé et vivre au jour le jour est devenu un “sport” épuisant, débilitant. Il faut VOULOIR pour POUVOIR. Mais la France reste malgré tout un beau pays où il fait bon vivre quand on trouve SON ” petit coin de Paradis . A chacun de le trouver.