Le mouvement ATD Fourth World (ATD Quart Monde) célèbre en novembre deux anniversaires importants : les 60 ans de son implantation aux États-Unis et les 50 ans de la maison qui l’abrite à New York, 172 first Avenue, dans le quartier du Lower East Side. Pour marquer l’occasion, l’équipe a organisé une exposition de photos qui retracent son histoire, son impact et ses perspectives d’avenir dans une ville – et un pays – où tout évolue sans cesse, une exposition à voir jusqu’au vendredi 6 décembre.
Le mouvement est né en France sous l’impulsion du père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. En 1964, inspiré par la « War on Poverty » lancée aux États-Unis, il envoie une équipe de volontaires à New York pour comprendre les actions visant à éradiquer la pauvreté, perçue comme un frein majeur à la justice sociale après les luttes pour les droits civiques.
Ces volontaires s’installent dans le Lower East Side, à l’époque un quartier marqué par une grande précarité et des logements insalubres. Ils établissent rapidement des liens avec les communautés locales, en particulier portoricaines, et se concentrent sur des actions destinées aux enfants et aux familles. Dix ans plus tard, le mouvement parvient à acheter un immeuble dans ce quartier, devenant ainsi un acteur central de la solidarité locale.
L’immeuble historique du Lower East Side joue un rôle essentiel dans les activités du mouvement. Bien que les défis financiers soient de plus en plus pressants — une réalité partagée par de nombreuses ONG —, cet espace reste un lieu stratégique. Situé dans un quartier accessible, il permet d’accueillir des membres venus de différents secteurs de la ville, comme Harlem, Brooklyn ou le Bronx.
Cependant, la philosophie d’ATD Fourth Word repose sur l’adaptabilité. « Nous ne sommes pas une association, mais un mouvement », explique Marina Mingot, membre de l’équipe du Forum du Refus de la Misère d’ATD Quart Monde et l’une des organisatrices de l’exposition. « Ce qui veut dire que nous n’hésiterons pas à bouger pour nous rapprocher des gens qui ont le plus besoin de nous. »
L’action du mouvement repose sur un principe fondamental : bâtir des relations de confiance avec les familles en situation de grande précarité. Ces relations se tissent « à travers des actions dans la rue, précise Marina Mingot, dans la régularité et le temps long. C’est-à-dire toutes les semaines, dans la même rue, avec les mêmes enfants, pendant des années. »
Une fois cette confiance établie, le mouvement invite les familles et les individus à participer à des initiatives plus structurées, telles que les Universités qui offrent un espace où ils peuvent exprimer leurs idées, les confronter à celles des autres et développer leur réflexion sur des sujets variés. « C’est une façon de prouver à la société que tout le monde a de la valeur. Tout le monde peut apporter à la société. »
Le titre de l’exposition, « Look at the past, face the present, and build the future », reflète la philosophie du mouvement : honorer le passé, agir dans le présent et construire un avenir meilleur. « Les gens que nous aidons sont, la plupart du temps, des invisibles. Ils ne laissent pas de traces. C’est la raison pour laquelle, dès le début, nous avons cherché à travailler sur le témoignage visuel. »
L’exposition est organisée en axes thématiques sur soixante années d’histoire. À l’étage supérieur, il est possible de tourner les pages de vieux albums d’où les photos ont été tirées grâce au travail de l’atelier Picto NY et de Julien Alamo .
Parmi les centaines de photos disponibles, l’équipe, aidée par une directrice artistique, en a sélectionné cinquante trois. On visite le Lower East Side des années 70, très éloigné de celui que nous connaissons. On s’amuse des ordinateurs Macintosh apportés dans des caddies aux enfants des rues. On croise le temps d’une image des visages de familles qu’ATD Fourth Word pendant des années. « C’est ce qui nous caractérise. Nous n’abandonnons personne. Jamais. »
On ressort de l’exposition gagné par l’humanité et la qualité des liens visibles à travers toutes ces photos. « Nous voulions les montrer au public, conclut Marina Mingot, d’abord pour célébrer. Parce que c’est toujours bon de célébrer toutes les choses qui ont été faites. On peut en être fier. Mais c’est un appel aussi. Maintenant que vous connaissez notre histoire, peut-être serez disposés à devenir bénévole. Nous avons besoin de vous tous ! »
Le dernier jour de l’exposition, le vendredi 6 décembre, sera consacré à une levée de fonds. « On a appelé ça 60 dollars pour 60 ans. Venez donc prendre un verre et donner un feed-back sur l’exposition ! »
ATD Fourth Word, « Look at the past, face the present, build the future », 172 first avenue. Jusqu’au 6 décembre
Soirée fundraising « 60$ for 60 years », vendredi 6 décembre – 7pm à 9pm. Inscription