Le phénomène Tinder, l’application de rencontres qui revendique 50 millions d’utilisateurs, a dépassé le monde du dating.
Nibbly est le Tinder pour trouver de la nourriture dans son quartier ; HomeSwipe le Tinder pour trouver un appartement ; Jobr le Tinder de la recherche d’emploi… La liste est encore longue. Au coeur de ce modèle : le défilement de photos, de profils ou d’annonces, que l’on peut “liker” ou pas d’un mouvement de pouce, vers la gauche ou la droite, sur son écran de téléphone.
Avec sa start-up Tunsy, le Français Emmanuel Duran Campana tente quant à lui de monter, à New York, le Tinder du e-shopping. Son application, disponible sur l’app store depuis le 1er mai, fait défiler des vêtements de diverses marques, que l’on peut aimer ou rejeter, rassembler dans une “wish list” et acheter sur son téléphone. Il n’est pas le seul sur ce modèle : Grabble (qui vient de lever 1.9 million de dollars en Angleterre) s’est lancé sur une idée similaire, de même que Kwoller, ou encore Stylect, centré sur les chaussures.
A 25 ans, Emmanuel Duran Campana n’en est pas à sa première entreprise. En 1998, il n’avait que 9 ans lorsqu’il a monté, depuis sa chambre à Dax, dans les Landes, un site d’infos sur les jeux vidéos, Pcjeux.net. A 12 ans, il était à la tête d’une rédaction de 15 personnes, réparties partout en France, et son site faisait un million de visiteurs uniques par mois.
“C’était très formateur, lance-t-il. Je finissais mes cours au collège et j’appelais Ubisoft ou EA pour recevoir les derniers jeux, et je les testais. Ils me prenaient tout à fait au sérieux.” Il a cédé son site en 2007, l’année de son bac. “Cela m’a vraiment fait aimer le business, et m’a donné l’envie d’entreprendre. D’ailleurs, c’était plus l’univers des jeux, la création et le développement qui m’intéressaient, davantage que les jeux en eux-même.”
Après un DUT d’informatique à Bordeaux, Emmanuel Duran Campana a travaillé pour Same Same, une agence de consulting en digital, à Paris, puis à New York – il a d’ailleurs monté le bureau américain de l’agence. Il a quitté son poste il y a quelques semaines pour lancer Tunsy, avec deux associés.
Pour se démarquer de la concurrence, Emmanuel Duran Campana mise beaucoup sur son algorithme, qui apprend de vos goûts et proposera, d’après lui, des produits de plus en plus pertinents. “On utilise des techniques de machine learning pour que l’app soit vraiment personnalisée. Une autre différence par rapport à la concurrence, c’est qu’on peut tout payer depuis l’application, alors que les produits viennent de différents sites. Il suffit d’entrer ses références qu’une seule fois. On peut acheter en trois clics.”
Pour intégrer les robes, chemises et t-shirts dans l’app, Tunsy (qui veut dire “améliorer” en yoruba, une langue de l’Afrique de l’Ouest) passe par une plateforme d’affiliation, qui fait l’intermédiaire avec les sites des marques ou des boutiques en ligne. La plateforme lui verse un pourcentage des ventes qui passent par Tunsy – un modèle qui n’est pas idéal à long-terme. “Notre but, c’est d’utiliser la plateforme comme un tremplin pour ensuite négocier directement avec les marques, et lancer des partenariats avec celles-ci”, explique Emmanuel Duran Campana.
Mais d’abord, il lui faut lever des fonds. Le jeune patron fait en ce moment la tournée des investisseurs pour trouver de quoi propulser Tunsy, faire de la pub et gagner des utilisateurs. “Idéalement, j’aimerais lever entre deux et trois millions de dollars.” Rien ne parait impossible lorsqu’on a été patron à 12 ans.