C’était en 1984, à deux ans du tricentenaire d’Albany, la capitale de l’Etat de New York. « On se disait : Oh là là ! On va encore entendre parler des Hollandais et des Britanniques », se souvient Eloise Brière. Lointaine descendante des premiers Français arrivés aux Etats-Unis au XVIe et XVIIe siècle, cette professeure de French and francophone studies à l’université d’Albany, qui s’intéresse à l’héritage français de l’Etat, décide de travailler avec des chercheurs pour mettre en lumière le passé français de New York State. Elle en tire un guide bilingue, J’aime New York, sorti en 1986 et réédité en janvier dernier. « Je ne suis pas historienne, je collectionne les faits. Si on les assemble comme des perles, on a un collier français de l’Etat de New York ».
Et des perles, il y en a beaucoup. Dans les grandes villes et les patelins, l’auteure met en valeur les statues, les églises, les écoles, les noms de rues ou de lacs directement ou indirectement liés à ces pionniers français venus jouir, au Nouveau monde, d’une plus grande liberté religieuse et de nouvelles opportunités économiques. Dans J’aime New York, on apprend notamment que la population de la ville de New York, surnommée « Little France », comptait, en 1810, 11% de Français et de francophones et que Wall Street ne doit pas son nom à un mur, mais aux francophones wallons qui furent les premiers à s’y installer, bien avant les Golden Boys. La présence française ne se limitait pas à New York City. A Blooming Grove, dans le centre de l’Etat, habita, de 1769 à 1799, J. Hector St John de Crèvecœur, un Normand qui, le premier, coucha le rêve américain sur papier dans ses Letters from an American Farmer. Un autre Français, le Marquis de Lafayette, donna lui son nom aux villes de Fayette, Lafayette et Fayetteville lorsqu’il visita la zone lors de son fameux retour en Amérique en 1824. Lyons, NY doit son nom à la ville de Lyon car, comme sa sœur française, elle est située à la confluence de deux rivières. Quelques exemples parmi tant d’autres. « J’aimerais que des projets de recherche voient le jour dans chaque région de l’Etat pour aller plus loin. En réalité, on a gratté la surface, il y a beaucoup plus de choses à découvrir », souligne Eloise Brière.
Le livre a reçu le soutien de l’AATF (American Association of Teachers of French) et sera disponible dans plusieurs établissements new-yorkais du secondaire. «Si chaque professeur demandait à ses élèves de faire des recherches sur l’héritage français de l’Etat, on pourrait faire un site Internet, suggère-t-elle, pour mettre en lumière ce passé méconnu. Il y a une racine française dans l’Etat de New York qui demande à être redécouverte et refleurir ».
J’aime New York (SUNY Press). Pour le commander, c’est ici
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He oui! il n’est pas étonnant de redécouvrir des ascendance française à N.Y. City car c’était un passage obligé à tout émigrant . Toute personne voulant entrer aux USA étaient obligée de transiter pat le port de N.Y. afin d’être ” répertoriée”, ” cataloguée” car l’état à l’époque avait besoin de savoir le nombre de migrants. Pas étonnant qu’il y ait plein d’endroits souvenirs retraçant le passage ou l’installation de français. Il est encore plus logique que ces souvenirs se soient estompés au cours du temps car il y a eu tellement déplacements de populations différentes que les choses se sont “tassées”, mais ce travail de réappropriation par les descendants des premiers arrivants permettra de redonner vie à de belles pages de l’histoire de cette cité si riche dans son histoire. Bonne chance à l’équipe de recherche car la ” traque” des évènements va être plus que passionnante.