Une Américaine, vivant dans un quartier avec une large communauté francophone, m’a dit un jour: « Les Français, on les reconnaît vite. À la piscine, ils arrivent les premiers, le matin, pour prendre les chaises longues, ils les regroupent dans un coin pour discuter entre eux toute la journée et ils sont les derniers à partir. Ce sont également les derniers à s’inscrire sur la liste des volontaires pour l’entretien des lieux… quand ils s’inscrivent ». Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Elle avait découvert notre “savoir-vivre” bien gaulois. Elle ne pouvait pas comprendre l’absence de réflexe à agir collectivement pour le bien-être de tous.
Mon précédent article sur “les mères françaises” a déclenché des commentaires parfois virulents. Preuve que nous sommes tous à la recherche du meilleur modèle pour élever nos enfants. Preuve surtout, qu’il n’y a pas de modèle. Mais nous, parents français immergés dans la culture américaine, avons une chance: nous pouvons profiter du meilleur des deux mondes. Comme l’a dit justement un commentateur de mon premier article: « il est beaucoup plus facile d’élever un enfant “à la française” aux États-Unis qu’en France (…) car, aux USA, il y a un environnement positif pour les enfants ». C’est avec cette phrase en tête que j’ai écrit ce nouvel article en tentant de souligner ce que j’aime tant dans l’éducation américaine ou, pour continuer sur le mode provocateur, “pourquoi les mères américaines sont supérieures” (c’est fou l’impact que peut avoir un titre de journal!). À partir de petits faits quotidiens, d’anecdotes véridiques, voici l’éducation “à l’américaine” telle que je la vis avec ma famille depuis 7 ans.
“Welcome!”
Avant notre départ de France, mon fils aîné était scolarisé en maternelle. À New York, il est entré en Pre-K (équivalent 2e année de maternelle) à l’école publique de notre quartier. Je suis passée d’un monde où les parents doivent lâcher leurs enfants à la porte des classes dès le 2e jour de la rentrée, à celui où les parents sont vivement invités à accompagner leurs enfants dans leur classroom et à penser, à la fin du premier trimestre, à écourter les “au revoir”. Je ne peux pas dire ce qui est le mieux pour les enfants – dans les deux cas mon fils pleurait au moment de la séparation – mais pour la mère, ce sentiment d’être bienvenue a fait – et fait encore – toute la différence. Il m’a aidé à intégrer mon nouvel environnement, à percevoir ce que mes enfants vivaient une grande partie de la journée. Ces quelques minutes passées dans les classes sont une excellente occasion de connaître les professeurs – un formidable “traquenard” car il est, du coup, plus difficile de leur refuser mon aide – et de rencontrer les autres mères…
WonderMoms
L’une de mes voisines, Jennifer, mère de 4 enfants, travaille à mi-temps chez General Electric, 3 jours par semaine. Ses 2 jours libres sont consacrés à l’école: réunions de PTO (Parent Teacher Organization), lecture dans les classes, animation d’ateliers. Elle prend des jours de congé pour la staff appreciation week (semaine durant laquelle les parents manifestent leur reconnaissance envers le personnel scolaire) et pour la célébration de fêtes en classe (Halloween, Thanksgiving, Hanoucca, Noël, Saint-Valentin… la liste est longue.). Son dévouement rend l’école bien plus vivante et il semble naturel. Même après plusieurs années de bénévolat au sein des établissements scolaires de mes enfants, je dois toujours me forcer un peu. Au fond, j’avais été habituée en France à ce que l’école fonctionne sans moi et c’était plutôt confortable.
Des Jennifer, j’en rencontre tous les jours. Ce sont ces mêmes WonderMoms que je retrouve, le week-end, en train de ramasser les ordures abandonnées dans les parcs et sur les plages, ou de repeindre les lampadaires tagués de leur quartier revêtues d’un tee-shirt “We love our street”. Elles sont bénévoles, soucieuses de leur environnement et initient leurs enfants au sens communautaire.
Community service
« À l’âge de 13 ans, j’ai planté une dizaine d’arbustes dans le square de ma ville. 40 ans plus tard, ils sont toujours là, ils sont devenus de grands arbres et forment un coin ombragé bien agréable dans la chaleur de l’été! ». Mon amie Regina, mère de 3 enfants, aime évoquer ses années de community services, ces “travaux d’intérêt général” qu’il vaut mieux traduire par heures de bénévolat. A partir de middle school (équivalent collège), tous les adolescents américains doivent donner de leur temps au service des autres: au sein de leur école, de leur association sportive, de leur lieu de culte… qu’importe, pourvu que leur action bénéficie à la communauté. Ça fait partie du programme pédagogique, c’est obligatoire pour entrer en high school (lycée) et pour poursuivre des études universitaires. Toutes les mères ont des souvenirs à partager avec leurs enfants et peuvent ainsi parler de participations concrètes au bien-être collectif. Elles ne racontent pas toujours tout (ma voisine Laureen m’a confié avoir gardé un profond dégoût de l’odeur d’éther depuis l’époque où sa mère la traînait dans les hôpitaux pour faire la lecture aux malades) mais je les ai toutes entendues reconnaître la nécessité de cette expérience dans leur éducation.
Je ne sais pas quoi répondre lorsque mes enfants me demandent ce que j’ai fait pour mon quartier. Ils me questionnent beaucoup sur le fonctionnement de ces community services qu’ils s’apprêtent à effectuer. Les jeunes Américains, eux, ne sont pas déroutés: ils ont vu faire leurs mères dès le berceau.
Le réflexe de solidarité
C’est dans un contexte particulièrement tragique que j’ai pu pleinement apprécier la solidarité à l’américaine. Nous vivions alors à Chicago. Une amie, mère française de deux enfants scolarisés dans l’école bilingue de notre quartier, est décédée des suites d’un cancer. La communauté francophone la connaissait bien et, unie, est venue soutenir la famille endeuillée. Chez les Américains, l’élan de solidarité fut instantané: en apprenant la nouvelle, les mères ont aussitôt offert de cuisiner à tour de rôle pour soulager le mari de la défunte. Ce dernier m’a avoué avoir reçu des plats de familles qu’il ne connaissait pas. Et cela a duré des mois.
J’ai – hélas – à nouveau vécu cette situation deux années plus tard dans notre quartier de Nouvelle-Angleterre. J’ai retrouvé cet élan d’entraide spontané autour de la famille plongée dans la peine. Je pense souvent à ce que je ferais si pareil cas se produisait en France. Offrirais-je spontanément mon aide à une famille que je ne connais pas? Mes enfants n’ont pas à se poser la question, ils ont définitivement acquis le réflexe de solidarité.
Est-ce caricatural? Sans aucun doute. L’éducation “à l’américaine” revêt encore bien d’autres aspects, d’autres valeurs, tout comme l’éducation “à la chinoise” ne se réduit pas à la formation de virtuoses et l’éducation “à la française” à l’apprentissage d’une attitude “polite and well-behaved”. Mais c’est l’Amérique que je vis et qui me nourrit. Un grand merci à toutes les mères américaines qui ont accepté de débattre sur nos différences au quotidien – avec souvent un sens aigu de l’autocritique – et qui continuent d’inviter mes enfants… avec le sourire!
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Je vis la même chose, je me fais les mêmes reflexions, depuis des années j’apprends petit à petit à m’impliquer un peu plus dans l’école de mes enfants, c’était une vraie corvé pour moi au départ et c’est devenu plus évident avec les années. Les enfants en bénéficient, et j’observe aussi depuis toutes ces années que les enfants dont les parents passent beaucoup de temps a être volontaires, sont mieux vus que les autres dont les parents passent très peu de temps à l’école. Pour moi ça ne fait pas l’ombre d’un doute. Et les enfants dont les parents sont “room parent” sont intouchables!
Nous avons beaucoup à apprendre nous Français de ce système de partage des tâches avec l’école et avec la maîtresse. J’ai le sentiment que les enfants restent proches de leurs parents en grandissant peut-être du fait de ce lien communautaires partagé, les ados Américains n’expriment pas autant le rejets de leurs parents que le font les ados Français. Je pense que les ados Français perpétuent le “chancun à sa place” qu’on leur inculque depuis qu’ils sont tout petits tandis que les enfants Américains eux ont une distance bien moins grande entre leurs parents et eux-mêmes.
Pour finir, mères Françaises aux Etats-Unis, nous avons le privilège de connaître deux façons d’être parents pour nos enfants et c’est très enrichissant. La même chose se passe pour les mères Américaines qui élèvent leurs enfants en France, elles découvrent tout un système ignoré jusque là où elle trouvent forcément du pour et du contre. L’éducation de nos enfants ne démarrent pas le jour où ils naissent, elle est un prolongement de celle que nous avons reçue jusque là!
bon je veux vexer personne mais les meres tunisiennes en ce debut d’annee ont – me semble t-il – demontre leur superiorite, vous en connaissez beaucoup vous des meres qui bossent et font une revolution en meme temps ?
Ceci ressemble a du “rattrapage” vis a vis de l’article precedent qui n’etait guere tendre envers les Americain(e)s– je ne suis pas convaincue — et les arguments developpes ici sont faibles.
bravo, je trouve qu’on manque cruellement de solidarité en France!
Je confirme pour cette jeune femme de Chicago que j’ai aussi connu. Et j’ai vu ces gestes de solidarite , a vrai dire “extraordinaires” pour nous francaises, il faut bien le reconnaitre, se repeter maintes fois lors d’une naissance, d’un deuil… la famille completement prise en charge (repas, conduites etc… ) pendant plusieurs semaines… d’une maniere toujours discrete et extremement efficace… un vraie lecon !
Je confirme l’histoire de cette jeune femme de Chicago que j’ai aussi connue. Et j’ajoute que j’ai vu ces gestes de solidarite, “extraordinaires” pour nous francais il faut le reconnaitre, se repeter en d’autres occasions : accouchement, deuil : les familles prises en charge pendant plusieurs semaines (repas et conduites) d’une maniere toujours discrete et efficace… une vraie lecon !
on vient de me transmettre cet article, et à vrai dire, si le fond est intéressant, comparer les pratiques… ce qui me chiffonne c’est que d’un cas on semble faire une généralité…
Dans notre école (française en France et ce n’est pas du tout une exception), les parents entrent dans les classes pour accompagner leur enfant, cela dure plus ou moins longtemps, en général c’est l’occasion aussi d’échanger deux ou trois mots avec certains sur leur enfant (je suis enseignante en maternelle). Bien sûr, au fil des ans (niveaux de classe), les parents entrent de moins en moins dans les classes de façon naturelle.
D’autre part, même s’il y a toujours des parents qui bien que disponibles, ne participent jamais aux activités de l’école, ils sont rares et nous avons toujours assez de parents pour nos ateliers bricolage, cuisine, voire déplacement à la bibliothèque pour les plus petits… Et les parents de notre école sont vraiment très impliqués, c’est une école privée sous contrat, c’est donc à eux que reviennent les travaux par exemple, et on peut vraiment compter sur eux (et également sur nos conjoints) et je sais que nous ne sommes pas du tout une exception, même si cela peut varier d’une école à l’autre.
La solidarité existe aussi ici… que seraient les Restos du Coeur, le Secours Populaire et tant d’autres associations qui viennent en aide à ceux qui en ont besoin sans ses bénévoles ? Je ne sais pas comment cela se passe aux Etats-Unis, mais ici on donne son sang gratuitement etc. Et même si tous les ados ne sont pas impliqués, ils sont tout de même un certain nombre à faire des actions de solidarité volontairement…
Et pour faire référence à l’article précédent sur le même thème, je peux dire que bien des parents français se plaignent aussi des quantités de devoirs de leurs enfants, ils doivent être au moins aussi nombreux sinon plus que ceux qui en réclament…
Mais oui, il y a du bon à prendre partout, que ce soit aux USA, en France ou ailleurs. On peut tout à fait éduquer son enfant de façon à ce qu’il soit respectueux sans passer par la fessée ou les cris, ni le laisser faire tout ce qui lui passe par la tête, tout en le respectant également…
il ne faut pas mettre toutes les femmes dans le meme sac. Moi, en tant qu’homme aux USA je vois une croissance de femme de plus en plus malade ( anorexia, border line, bi polar etc…), et surtout le plus grave pour notre societe en sont les consequence pour nos enfants, des qu’une dispute de couple se passe. trop souvent les femmes font de fausses accusations d’abut physique enver elles ou envers les enfants pour simplement controler une separation ou le divorce. Aux Etats Unis ds une dispute de couple l’enquete n’est pas obligatoire, donc plein d’hommes completement innocents sont arrete ce qui trop souvent detruit leur carriere, leur vie et emem parfois pusse au suicide ou violence. Les proces de divorce etant tres connue pour l’abuse du system judiciere qui profite qu’aux avocats et aux plaintifs.
Ca fait 7 ans que je vis aux USA (Californie et NJ) et moi, ce qui me frappe chez les moms americaines, c’est leur patience et le fait qu’elle n’elevent jamais la voix sur leurs enfants. Elles sont respectueuses et comprehensives, a tout instant. Moi je dis Chapeau, car il m’arrive (trop souvent) de peter les plombs…
J’ai vécu près de 5 ans en Australie. L’éducation des enfants y est similaire. Je suis fan, mes enfants aussi, mon mari également. Nous y avons aussi découvert la solidarité et cela fait un bien fou. La vie en France est dure, les français sont durs, pessimistes et me semblent bien déconnectés des valeurs humaines. J’aime bien cet interview d’Alain Duhamel qui explique le pessimisme des français : http://info.francetelevisions.fr/video-info/?id-video=MAM_3500000000014511_201101041835_F2&id-categorie=BONUS_LES_EDITIONS_NATIONALES_20H
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Claudia