Oakland et Saint-Denis, deux villes en pleine mutation. Deux satellites en périphérie de San Francisco pour la première et de Paris pour la seconde. Deux agglomérations en mouvement qui se transforment à vive allure… « Oakland/Saint-Denis : Traduire les Villes et les Cultures » est un ouvrage collectif bilingue qui questionne les défis sociaux et urbains auxquels les communautés artistiques locales font face aujourd’hui.
Première production de la Villa San Francisco, cette publication de 72 pages, co-éditée avec l’agence Légendes Urbaines, sera célébrée le 13 octobre. L’occasion de démarrer une série de conversations publiques en partenariat avec California Humanities (cf. ci-contre). Le but : mettre le rôle des artistes au cœur du développement de nos cités. Et ce, au niveau international.
Le livre, fruit de voyages d’études menés par deux délégations – française et américaine – en 2019, offre des solutions économiques, culturelles et juridiques. « C’est le résultat d’un programme interdisciplinaire qui a ouvert le débat sur nos banlieues comme territoires d’innovations avec une double conviction : l’importance de garder nos artistes en villes et de mieux les intégrer dans la fabrication de celles-ci » explique Juliette Donadieu, attachée culturelle à San Francisco.
Artistes, urbanistes, entrepreneurs ou élus appartenant à ces délégations ont ainsi pu découvrir Saint-Denis et Oakland à tour de rôle. Lors d’échanges, de visites et d’ateliers, ils ont partagé leurs perspectives et élaboré une vision à l’unisson. « Malgré les points communs entre Oakland et Saint-Denis, comme la fierté d’y habiter, il y a aussi de nombreuses différences, comme leurs histoires. Et on peut apprendre de ces différences. S’en inspirer afin de créer des villes plus inclusives, solidaires et créatives » affirme Julie Fry, présidente de California Humanities.
Les participants au projet défendent tous cette ambition. « Notre échange franco-américain a souligné la nécessité de se prendre en mains et d’inventer de nouveaux modèles. Il faut éviter que la gentrification et la pression immobilière repoussent les artistes et les fassent disparaître. Il faut apprendre à aimer nos diversités et à être bien ensemble » confie Julien Beller, fondateur du collectif 6B, lieu de création et de diffusion accueillant 200 résidents sur une friche industrielle de Saint-Denis.
Et Emilie Moreau, directrice société et innovations sociales d’APUR (Atelier parisien d’urbanisme) d’ajouter : « l’interdisciplinarité du projet a permis de prendre du recul et d’enrichir nos points de vue. C’est passionnant de découvrir le rapport entre les secteurs public et privé aux US par exemple. Tout comme le vocabulaire employé. À Oakland on parle de « communities » quand chez nous, on parle de « territoire »».
Renouvellement des politiques publiques, modèles immobiliers innovants, renforcement du sentiment d’appartenance, gentrification repensée, mobilité régionale réinventée… L’ouvrage traduit donc les différentes réflexions issues des travaux croisés entre les Français et les Américains.
Plaidoyer collectif, il encourage les professionnels des villes – d’Oakland, de Saint-Denis et d’ailleurs – à se mobiliser. Les institutions derrière cette initiative espèrent bien que le message sera entendu. Et que les lieux de culture occuperont une place centrale dans les villes de demain.