La maison de Valérie Chaussonnet à Austin est à l’image de sa propriétaire : colorée, variée, artistique et surtout provençale. Elle est le théâtre de ses multiples activités. A commencer par les cours de français qu’elle donne, organisés autour de dîners.
Originaire d’Aix en Provence, elle a baptisé son école la Petite Provence « car c’est une grosse partie de moi et que les Américains ont toujours été très amateurs de tout ce qui a trait à cette région. L’idée m’est venue je pense car il y a une partie de moi qui aimerait avoir un restaurant. C’est ma manière de cuisiner pour les autres. »
Quatre ou cinq soirs par semaine pendant six semaines, elle reçoit une demi-douzaine de convives autour d’un repas « simple, équilibré, et provençal », prétexte pour des leçons de français pour des adultes désireux d’apprendre la langue de Molière mais surtout de vivre une soirée au cœur de la Provence. « Je crois que les gens viennent surtout pour l’expérience. Le français est une langue de culture. Ils ont un désir d’exotisme un peu fantasmé. Comme les Français rêvent de traverser les grands espaces américains au volant d’une Cadillac. »
Les cours, qui ont eu les honneurs de l’Austin Chronicle, sont avant tout un moment de partage et d’échange. « Les participants deviennent amis. Le dîner favorise les échanges et la nourriture est source de conversation mais ce sont des vraies leçons. J’ai un tableau et j’enseigne les règles de grammaire pour tous les niveaux. »
Valérie Chaussonnet organise quatre sessions de six semaines de cours par an. Le reste du temps est consacré aux voyages mais surtout à son art. Cette sculptrice sur acier a été au programme de neuf expositions cette année. Trois de ses œuvres ont été sélectionnées pour l’exposition The Femme Abstract à Austin. Elle sera également au programme du EAST Studio tour en novembre.
Anthropologue de formation elle a « une nature d’exploratrice, spécialiste des gens et de leur cœur. Je cultive aussi un goût certain pour la liberté. » Un penchant qui semble l’avoir guidé dans ses choix. Arrivée aux États Unis en 1984 pour faire son doctorat à l’université de Berkeley en Californie, elle est spécialiste des peuples de Sibérie et de l’Arctique. Elle devient dans la foulée chercheuse-conservatrice au Musée d’histoire naturelle de la Smithsonian à Washington pendant onze ans mais décide en 1997 de venir s’installer à Austin pour élever ses deux jeunes enfants. Elle n’avait jamais mis les pieds dans cette ville mais l’avait repérée depuis les airs. « Lors d’un vol vers Houston, en regardant par le hublot, j’ai vu cette verdure et ces lacs et je me suis dit que c’était là où je voulais vivre. En fait, Austin et le Hill Country ressemblent beaucoup à la Provence. Il y a aussi le son des cigales. »
C’est donc là qu’elle commence à donner des cours de français aux enfants, principalement les amis de ses fils au début. Elle organise aussi des camps d’été en français puis des cours pendant l’année après l’école par groupe d’âges et de niveaux. Il n’a pas fallu longtemps pour que cela se propage aux parents et à leurs amis. « Ça s’est fait de manière organique. Les cours se faisaient déjà sous le nom de la Petite Provence à l’époque car l’attrait de la Provence ne s’épuise jamais aux États-Unis. »