Lundi prochain 20 juin, les salariés vont profiter d’un jour off aux États-Unis. Juneteenth, connu jusqu’à présent sous d’autres noms comme Emancipation Day ou Freedom Day, est un nouveau jour férié fédéral, le onzième du calendrier, instauré par le président américain Joe Biden. La loi est entrée en vigueur l’an dernier mais cette journée fériée ne sera pleinement observée que cette année.
Juneteenth est la combinaison de June, le mois de juin, et nineteenth, l’adjectif numéral ordinal dix-neuvième. Cette journée commémore l’émancipation des derniers esclaves au Texas il y a 157 ans. L’esclavage, « le péché originel de l’Amérique » selon l’expression de Joe Biden, a été aboli par Abraham Lincoln le 1er janvier 1863. Mais ce n’est que le 19 juin 1865 que l’armée de Union, victorieuse de la guerre de Sécession, annonce aux derniers esclaves de la ville texane de Galveston qu’ils étaient libres. L’esclavage a ensuite été aboli officiellement en décembre 1865, avec l’adoption du treizième amendement de la Constitution américaine. Le Texas fut donc le dernier État de la Confédération à apprendre la fin de la guerre civile et l’abolition de l’esclavage.
En 1979, le Texas a été le premier État américain à célébrer le 19 juin comme un jour férié. Depuis, 41 États et le district de Columbia ont inclus Juneteenth dans leur calendrier des jours de commémorations ou de congés.
La liste des villes et États commémorant le 19 juin 1865 avait beau s’allonger, la Maison Blanche a longtemps hésité à l’ajouter dans le calendrier fédéral. Ce n’était pas faute de lobbying de la part des partisans du Juneteenth. Le site juneteenth.com, fondé en 1997 par Clifford Robinson à la Nouvelle-Orléans, et la National Juneteenth Observance Foundation, fondée et présidée par le révérend Ronald Meyers, espéraient depuis longtemps faire du 19 juin un jour de congé national au même titre qu’Indépendances Day. « Vous ne pouvez pas vraiment célébrer la liberté en Amérique en vous contentant du 4 juillet » déclarait ce dernier dans le magasine TIME en 2008.
De grands groupes comme Nike et Twitter ont déjà accordé à leurs salariés cette journée de congé, une tendance qui s’est accentuée après la résurgence du mouvement Black Lives Matter suite à la mort de George Floyd en mai 2020. Face à l’ampleur des manifestations contre le racisme, Joe Biden a fini par promulguer la loi le jeudi 17 juin avec effet immédiat. Trop juste pour que toutes les entreprises puissent s’organiser, d’autant que le 19 juin tombant un samedi, le jour férié a été avancé d’un jour, au vendredi 18 juin – aux États-Unis, quand les jours fériés tombent un samedi ou un dimanche, ils sont observés soit le vendredi soit le lundi. « Malheureusement, il n’est pas possible d’interrompre les activités du service postal pour permettre le respect d’un jour férié dans les prochaines 24 à 48 heures », avait déploré la poste américaine dans un communiqué. Les entreprises ont eu douze mois pour s’organiser, les salariés vont donc pouvoir profiter d’un pont de trois jours cette année. Mais comme toujours aux États-Unis, le fait de donner ou pas les jours fériés reste à la discrétion des employeurs, aucune loi fédérale ne les oblige à accorder tel ou tel holiday.
Depuis 1983 et la création du Martin Luther King Jr Day, le calendrier américain des jours férié n’avait pas bougé. Les 11 jours fériés sont désormais : Nouvel An (1er janvier), Martin Luther King Jr. Day (3e lundi de janvier), Presidents Day (naissance de George Washington, 3e lundi de février), Memorial Day (dernier lundi de mai), Juneteenth (19 juin), Indépendance Day (4 juillet), Labor Day (1er lundi de septembre), Vétérans Day (11 novembre), Columbus Day (ou Indigenous Peoples Day, 2e lundi d’octobre) Thanksgiving (quatrième jeudi de novembre), Noël (25 décembre). Inauguration Day, jour de l’investiture des présidents américains, tous les quatre ans, est également un jour férié fédéral payé pour les fonctionnaires fédéraux. Il est célébré le 20 janvier – ou le 21 si le 20 est un dimanche.