N’en déplaise aux pique-assiettes, il n’y avait ni petits fours ni boissons à la rencontre d’Emmanuel et Brigitte Macron avec la communauté française de New York, mardi. En revanche, le couple présidentiel s’est livré à long un bain de foule dans les allées bondées du 92Y, empli de groupies.
On pouvait entendre des “bravo“, “merci“, “bon courage” alors que le président se prêtait au jeu des selfies avec ses fans et que Brigitte Macron était occupée à papoter avec un de ses anciens élèves. “Pour la première fois, j’entends un président qui me parle“, a commenté une Française en le voyant.
“En tant qu’Américain, nous n’avons pas un chef d’Etat qui me paraît très sain. Pour moi, Macron est mon président“, s’exclame Victor, un Franco-américain de 17 ans venu avec des camarades du Lycée français.
Miné par une popularité en berne en France, le président était en terrain conquis parmi les Français de New York, auxquels il avait rendu visite pendant la campagne pour lever des fonds notamment. Dans la circonscription consulaire, qui regroupe aussi le New Jersey, le Connecticut et les Bermudes, il a recueilli 52% des voix au premier tour de la présidentielle et près de 95 au second.
Pendant son discours, le nouveau locataire de l’Elysée a repris les thèmes de sa campagne et de son intervention quelques heures plus tôt devant l’Assemblée générale de l’ONU. Devant les 900 invités triés sur le volet, et une collection de ministres et d’anciens ministres, il a plaidé pour “la réinvention” de l’Europe, rappelé “le rôle particulier de la France” pour “inventer une nouvelle grammaire” des relations internationales et énuméré les “transformations” qu’il veut mettre en œuvre dans les domaines de l’emploi et de l’éducation. Il a fait rire son auditoire involontairement quand il a indiqué vouloir mettre fin à “l’état de droit” en novembre en France en voulant parler de l’état d’urgence.
Même s’il n’a pas abordé les problématiques qui touchent les Français de l’étranger comme le vote par internet pour les élections législatives ou la question controversée de fiscalité, il a fait allusion aux inquiétudes suscitées cet été par les coupes budgétaires affectant le Quai d’Orsay et les bourses scolaires notamment. “J’ai confirmé l’ensemble des crédits pour l’année 2018 pour que les écoles et l’ensemble de notre rayonnement éducatif et culturel non seulement soit maintenu mais puisse encore avoir une ambition renforcée. C’est la bataille conjointe de deux des ministres qui sont face à moi”, a-t-il dit en faisant allusion au ministre des affaires étrangères Jean-Yves le Drian et celui de l’éducation Jean-Michel Blanquer.
“Revenez, irriguez, échangez. Venez conquérir ! La terre de conquête aujourd’hui est la France. L’esprit de conquête y souffle à nouveau, a-t-il lancé au public, composé notamment d’entrepreneurs. Et pour celles et ceux qui veulent rester là (…), nous serons à vos côtés pour que vous soyez fiers de votre pays et pour que vos enfants soient ici bien éduqués”.
“Sa politique peut convaincre les Français de participer à cette transformation, mais de rentrer en France, je le doute. On a nos familles ici, nos habitudes, nos métiers“, affirme Richard Ortoli, conseiller consulaire et président du conseil d’administration de la New York French American Charter School à Harlem. Par contre, s’impliquer davantage ? Certainement !“