Qu’est-ce qui relie Henri Cartier-Bresson, Robert Capa et Raymond Depardon ? Le talent, bien-sûr, mais aussi les agences Magnum et Picto. La première est une coopérative de photographes fondée en 1947 entre les Etats-Unis et la France, la seconde est un laboratoire de tirage créé trois ans plus tard à Paris. Picto fête cette année ses 70 ans d’existence et autant d’années de collaboration avec Magnum, avec une exposition exceptionnelle à la Richard Taittinger Gallery située dans le Lower East Side.
“Picto et Magnum, ce sont 70 ans de partenariat entre deux institutions du monde de la photographie”, résume Julien Alamo, manager de la filiale new-yorkaise de Picto depuis son ouverture en 2015. “L’objectif est de célébrer cette collaboration et également de miser sur la notoriété de Magnum à New York pour nous faire connaître d’avantage”.
À sa création, Picto était le premier et unique laboratoire professionnel en Europe et a su adapter ses services aux évolutions techniques: la couleur qui arriva en 1963, puis la retouche au milieu des années 1970, pour finalement parier sur le numérique et le service en ligne au début des années 2000. L’exposition, visible jusqu’au 20 décembre, reflète ces différentes époques et styles. “Nous avons divisé l’exposition en trois parties. “Yesterday” d’abord, qui regroupe une collection de tirages de photographes qui ont travaillé avec Picto des années 1950 aux années 1970. La section “Today” qui est consacrée aux photographes contemporains collaborant avec Picto, et “Tomorrow” qui présente le travail de trois jeunes femmes photographes qui travaillent en couleur et avec qui nous collaborons pour la première fois”, détaille Julien Alamo.
Parmi les clichés les plus saisissants de la section “Yesterday”, on retrouve des photos uniques en noir et blanc d’Ernesto “Che” Guevara cigare et sourire aux lèvres, prises par le Suisse René Burri à Cuba en 1963. En longeant ce mur de photos jusqu’au fond de la galerie, on arrive à la section “Today”, où une fresque géante de nus très sombres recouvre tout le mur. Elle est l’oeuvre du photographe français Antoine d’Agata, 58 ans, qui documente le côté le plus sombre sombre des hommes en photographiant des prostitués, des drogué(e)s et d’autres obsessions personnelles. Il faut descendre au sous-sol pour admirer les photos grand format et en couleur de la rubrique “Tomorrow”. Parmi celles-ci, la série “California on Fire” de l’Américaine Carolyn Drake traite des récentes catastrophes californiennes et dépeint les paysages quelques semaines après les incendies.
Initialement prévue en début d’année, l’exposition a été reportée au quatrième trimestre 2020 en raison de l’épidémie de la Covid-19. Elle présente en tout le travail de 21 photographes sur plus de 120 tirages anciens et modernes. Les “walk-ins” sont possibles mais les organisateurs vous invitent à réserver votre place gratuitement en ligne avant de venir. “Ça nous permet de pouvoir encore mieux accueillir le public, et même de leur faire une petite visite guidée personnelle, si possible”, explique Julien Alamo, qui connaît tous les photographes et leur travail sur le bout des doigts. De nombreux clichés présentés dans l’exposition sont également en vente. Prix et renseignements sur place ou sur le site de la Richard Taittinger Gallery. Ouverture du mardi au dimanche de 11am à 7pm, lundi sur rendez-vous.