Jongler entre les réunions d’équipes, le planning du prochain voyage d’affaires, les notes de frais mais aussi l’inscription aux summer camps et l’achat d’un cadeau d’anniversaire… C’est ce casse-tête logistique du quotidien que la start-up Double propose de résoudre, avec un service d’assistants à temps partiel pour aider dans toutes les tâches subalternes, et faire gagner de précieuses minutes – voire heures.
Sa cofondatrice, Alice Default, connaît bien le monde de la productivité pour avoir fait ses armes chez deux licornes montées par des Français. À la fin de son Master entrepreneuriat chez HEC, elle entre en contact avec Mathilde Collin qui vient de créer la start-up Front pour révolutionner les emails dans la Silicon Valley. « Quand je suis arrivée en 2014, ils venaient d’être acceptés à Y Combinator. Cela a été une expérience incroyable à ma sortie d’école : cinq personnes qui habitent et travaillent ensemble, un apprentissage accéléré », raconte-t-elle. Alors qu’elle s’était promis de changer de secteur, Alice Default fait ensuite la rencontre de Pierre Valade, qu’elle rejoint dans l’aventure Sunrise. La success story vient d’être rachetée par Microsoft pour 100 millions de dollars et elle travaille sur l’intégration avec Outlook pendant deux ans.
C’est dans cet univers propice qu’Alice Default poursuit la réflexion sur la manière dont nous travaillons et échangeons au quotidien. La culture du hustle, qui consiste à vérifier en permanence ses emails, messages Slack et autres outils de communication, est selon elle un challenge majeur à résoudre. L’entrepreneure évoque un chiffre éloquent : les managers passent 30% de leur temps sur des tâches pour lesquelles ils n’ont pas de valeur. « Notre objectif est de faire gagner du temps aux gens et pour ça, il faut pouvoir déléguer. Mais aussi enlever l’image de l’assistant de direction uniquement pour des postes très élitistes. »
En 2018, elle décide de se lancer aux côtés de ses deux cofondateurs, rencontrés chez Sunrise et qui ont depuis quitté l’aventure. « Je ne me sentais pas de le faire toute seule. J’ai rencontré des gens qui m’ont donné à la fois envie de monter une boîte avec eux et qui m’ont fait confiance pour en être CEO », raconte-t-elle. Double voit le jour, qui propose à des entrepreneurs et décideurs de les « matcher » personnellement avec un assistant, et de leur fournir les outils techs, tels un suivi du travail et même une optimisation des tâches grâce à l’intelligence artificielle.
En 2021, Double boucle un tour de table de série A de 8,5 millions de dollars auprès notamment de Daphni, Index Ventures et Eurazeo, portant à 15 millions l’argent levé depuis ses débuts. « Nous avons pu profiter du marché porteur de l’époque pour faire une belle levée de fonds et continuer de financer notre croissance. ».
La start-up essaime auprès des entrepreneurs et CEO très sollicités, mais se rend compte que le marché peut être plus large. « Nous avions réfléchi à un service one-to-one. Mais deux facteurs nous ont incités à ouvrir notre offre : d’un côté, les dirigeants nous demandaient d’intégrer d’autres membres de leurs équipes. Et de l’autre, en raison de l’environnement économique plus difficile, les start-up et PME embauchent moins, doivent faire encore plus qu’avant avec moins de ressources. Nous offrons ce support, de façon flexible. »
C’est dans ce but que la start-up de 25 personnes basée à Dumbo à New York a lancé fin mai Double for Teams, une offre dirigée à l’intention des équipes. Les clients peuvent acheter entre 30 et 300 heures par mois – et se voient alloués un assistant dédié pour trois personnes. Double promet de trouver ce match en moins de deux jours, de travailler sur le même fuseau horaire et d’accompagner chacun à la délégation. Les entreprises l’utilisent en majeure partie pour des tâches professionnelles, mais certaines s’en servent aussi comme perk, un avantage en nature pour leurs employés. Double a bien compris cet atout. « Chez nous, tout le monde a droit à 4 heures d’assistant par mois ». De quoi se dégager du temps pour créer la licorne de demain.