Il a levé 540 000 dollars l’été dernier. Downtown réalise en ce moment un nouveau tour de table, «déjà ouvert et bien rempli», affirme Xavier de Ryckel, co-fondateur belge de la start-up du même nom.
L’idée de Downtown est née dans un Apple Store, où il s’est rendu avec son futur co-fondateur allemand, Phil Buckendorf. Ils y découvrent la fonction EasyPay, qui permet d’acheter n’importe quel produit dans le point de vente, simplement via une application mobile. « C’était une révélation pour nous ! C’est cela qui nous a inspiré en nous disant qu’il était finalement plus facile d’acheter une Anki Drive à 200 dollars à l’Apple Store qu’une crème glâcée de 5 dollars au coin de la rue. »
Le concept de Downtown a émergé. Son principe : permettre d’acheter des produits sur son mobile dans des commerces de proximité – à commencer par de la nourriture. « On lance l’application et on dispose du menu ou du catalogue de produits. On peut ensuite passer commande et effectuer le paiement. Pour l’instant, nous nous concentrons sur la restauration, mais nous voyons bien au-delà. Ce que nous voulons instaurer, c’est une nouvelle habitude, celle de payer depuis son smartphone des achats dans les commerces physiques des alentours. »
L’application est déjà disponible sur iPhone (et compatible Apple Pay). « Si nous n’avons pas de plan pour Windows Phone ou le BlackBerry à l’heure qu’il est, l’incontournable version Android est évidemment sur le métier. »
Le secteur est pourtant bien encombré, entre GrubHub, Seamless, East24…Mais l’ambition de Downtown est plus large, affirme son fondateur. « Nous démarrons avec les restaurants et les cafés, mais c’est pour mieux attaquer d’autres secteurs ensuite. Notre modèle, c’est davantage Amazon, à la différence que nous ciblons les commerces physiques de proximité. »
L’ambition, à terme, est de « permettre à n’importe qui d’entrer dans un point de vente, de prendre un produit, de le payer via son téléphone et de s’en aller sans passer par la caisse. » Il utilise pour cela la technologie des iBeacon, qui reconnaît la position exacte du consommateur dans le point de vente, à quelques centimètres près. « Ce système de positionnement en intérieur permet de sélectionner le bon catalogue. La page d’accueil de l’application s’adapte au commerce dès qu’on franchit les portes. »
« Nous démarrons dans la Silicon Valley, car c’est ici que nous pouvons toucher les early adopters », affirme Xavier de Ryckel. Les commerces participants – une dizaine pour le moment – sont nichés autour de Palo Alto. « C’est notre labo. Mais nous sommes déjà prêts pour San Francisco, la prochaine étape, dans moins de deux mois. Tout va aller très vite, vous allez voir. Et puis, l’un de nos investisseurs s’impatiente aussi à New-York. Sans oublier l’Asie, qui nous apparaît comme un très gros marché à court terme », estime Xavier de Ryckel, qui a adopté tous les codes de sa Californie d’adoption.
Déjà, en Belgique, il rêvait de « bosser chez Google » : « Je suivais les blogs d’actualité, j’étais fasciné par tout ce qui se rapportait à la Silicon Valley. » Après avoir lancé le site de bons plans facealacrise.be avec son frère Guillaume (lequel a repris le flambeau aujourd’hui), les ambitions de cet ancien élève de l’Université Catholique de Louvain se cognent au ciel trop bas. « Je me suis dit qu’il était temps de prendre les choses en main et de tenter le tout pour le tout aux États-Unis. Depuis mon arrivée en 2013, pas mal de clichés sont tombés. Le premier, c’est qu’il n’y a pas de succès du jour au lendemain. Tout est une question de travail et de volonté. »
Xavier de Ryckel ne semble pas regretter son départ d’Europe, répétant qu’il découvre ici « de nouveaux horizons, d’autres personnes venues des quatre coins du monde ». « Et puis si la pression est immense, on apprend à relativiser. Cela peut paraître anecdotique, mais le yoga et la méditation sont très présents ici. Apprendre à connaître son corps et son esprit permet d’être plus performant, car la concurrence est rude. Je mange sain, les randonnées, souvent en solitaire, sont devenues le lot de mes dimanches. » Un vrai… Silicon boy!