Bondé, aucun siège vide laissé entre les passagers… Julie, une Française de New York qui a souhaité rester anonyme, est encore chamboulée par son vol Air France de jeudi soir. “Je n’avais pas été aussi près d’autant de personnes en neuf mois”, raconte-t-elle.
Avec l’augmentation des retours en France à l’approche des Fêtes, les témoignages de Français surpris par l’absence de règles de distanciation sociale à bord des avions de la compagnie aérienne se multiplient. Air France n’est pas la seule en cause. Aucune règle n’oblige les compagnies à laisser des sièges vides entre les passagers pour favoriser la distanciation sociale et peu le font. Le groupe international IATA (International Air Transport Association), qui formule des recommandations pour le secteur, suggère que les sièges non-réservables contribueraient aux difficultés économiques du secteur et ne changeraient rien, car les passagers restent physiquement trop proches les uns des autres même avec un siège de séparation. D’ailleurs, dans ses engagements sanitaires listés sur son site, Air France évoque le recyclage de l’air, le dispositif de nettoyage de l’appareil et les modifications apportées au service des repas, mais ne parle pas de sièges non-réservables.
“Concernant la distanciation physique, celle-ci est appliquée dès que le remplissage de l’avion le permet, en neutralisant le siège central. Ceci est le cas sur la très grande majeure partie de nos vols, les taux de remplissage actuels étant faibles”, précise Air France, qui insiste sur les mesures de protection mises en oeuvre pour les Fêtes. “Il est important de rappeler que sur les vols au départ des USA, comme depuis de nombreuses destinations où la circulation du virus est très active, il est impératif de présenter un test PCR négatif pour pouvoir embarquer.“
Malgré tout, l’image d’avions bondés surprend certains passagers. “Les compagnies se donnent beaucoup de mal à faire respecter la distanciation sociale à l’embarquement, mais ne la pratiquent pas à bord“, confie un autre Français, rentré mercredi avec United.
Pour sa part, Julie voulait prendre Delta, qui se targue d’être la seule compagnie américaine à laisser ses sièges du milieu vides, mais le vol était opéré par Air France, qui n’a pas la même politique même si les deux sociétés sont partenaires. “C’est problématique“, observe-t-elle. Elle a également été surprise par le fait que les repas étaient servis à tous les passagers en même temps. “Tout le monde a enlevé son masque en même temps. Donner à manger et boire de manière décalée me semblait réalisable“. Conclusion de l’affaire: “J’étais très mal à l’aise“.
Laurence, elle, aurait aimé plus de transparence de la part de la compagnie nationale. “J’avais vérifié avant l’embarquement jusqu’au dernier moment pour être sûre d’avoir de l’espace. L’avion ne paraissait pas plein et c’est pour cela que j’ai pris ce vol. Malheureusement, et à ma grande surprise, l’avion était plein à 95%, explique-t-elle, rempli de passagers qui allaient à Abou Dabi ou en Afrique et transitaient par Paris“.
Avec un parent “en état de santé fragile” sorti de l’hôpital, “je n’aurais pas pris le vol si j’avais su car je ne voulais surtout pas risquer d’attraper le virus, poursuit-elle. Air France aurait peut-être pu penser à privilégier les cas impérieux qui rentraient en France pour des raisons urgentes“. Laurence, en tout cas, prévoit de modifier son billet retour pour New York pour éviter “la cohue” voire de changer de compagnie. “Quand la compagnie de votre pays vous laisse tomber sur un sujet sanitaire grave, ce n’est plus la peine d’envisager de reprendre quelconque billet avec eux“.
Plusieurs études ont montré que le risque de contamination à bord des avions était faible, compte-tenu des technologies de recyclage de l’air notamment – les filtres utilisés par Air France permettent un renouvellement total de l’air toutes les 3 minutes, précise la compagnie. Un statisticien du MIT qui a étudié les vols court-courriers a trouvé que le risque de contracter le virus à bord d’avions de six sièges séparés par un couloir central, remplis de passagers masqués, était de 1 sur 4 300. Quand les voyageurs étaient séparés par un siège vide, le risque descendait à 1 sur 7 700. Des cas de transmission sur des vols long-courriers entre l’Asie, l’Europe et les États-Unis ont été détectés, mais c’était avant la généralisation du port du masque dans les aéroports et les avions et l’obligation de montrer un test de dépistage négatif pour pouvoir embarquer.
Les autorités recommandent d’éviter les déplacements internationaux s’ils ne sont pas motivés par des raisons personnelles et professionnelles impérieuses.