Deux fois par mois, les lecteurs de French Morning nous soumettent leurs problèmes liés à l’expatriation et nous essayons de les aider en leur proposant des réponses apportées par les plus grands auteurs de développement personnel.
Aujourd’hui, le récit d’Apolline qui n’a pas du tout envie de revenir en France pour les vacances. À moins que…
« Tous les ans c’est la même chose : après le 15 juin, il n’y a plus un seul Français à New York. Ou presque. Disons que l’on se compte sur les doigts de quelques mains. Et j’en fais partie. Au début, ça surprend un peu, cette pause de deux mois et demi, ces « On se retrouve fin août ? » Mais où partent-ils donc tous ? « En France. Pas toi ? » Non. Je n’avais pas quitté Lyon, fin 2016, pour y passer mes étés. Et puis il y a tellement à faire ici !
Je suis venue tenter ma chance à NYC dans le cadre d’un Volontariat International en Entreprise (VIE) de dix-huit mois en tant qu’event planner. Je partageais alors un appartement avec une copine. Deux étés de suite, nous avons traversé les États-Unis de haut en bas et d’est en ouest. Alors, passer des vacances en France…
Ensuite, j’ai rencontré mon mari. Un Américain. Et j’ai lancé mon entreprise de conseils pour les entrepreneurs français qui souhaitent lancer leur business à New York. Autant vous dire que les premières années, je n’ai jamais pris plus de trois jours de vacances consécutifs. Et ça ne m’a pas manqué.
Ce qui nous amène en 2020…
Évidemment, lorsque les frontières se sont rouvertes, la première chose que mes amis français ont faite, c’est de prendre leur billet d’avion pour « notre beau pays ». Ça m’a énervée. Oui. J’étais agacée de les entendre parler de leur voyage à venir, de leur retour au pays, comme si le monde n’était pas assez grand. Comme s’ils n’étaient pas de véritables expatriés, mais juste des Français qui vivaient à New York. Je suis devenue agressive. Mes amis évitaient le sujet devant moi, jusqu’à ce l’une d’entre-elles crève l’abcès. Que voulait dire toute cette colère ? Est-ce qu’il n’y avait pas quelque chose d’autre ? Je me suis effondrée. Il y avait bien autre chose. J’étais jalouse. Mortellement jalouse. Parce qu’en France, personne ne m’attend. Mon frère est expat à Hong-kong. Mes parents… C’est compliqué. Et mes amis, je crois qu’ils m’ont un peu oubliée, depuis tout ce temps.
Donc, oui, j’avoue : la France me manque ! Mais comment faire quand on n’est pas attendue ? »
La réponse de French Morning
Merci, Apolline, d’avoir partagé votre histoire avec nous.
Je suis certain que vous n’êtes pas la seule à éprouver cet inavouable sentiment de jalousie au moment où tout le monde rentre chez soi. Pour ma part, c’est exactement ce que j’ai ressenti l’été au cours duquel le renouvellement de mon visa ne m’a pas permis de quitter le territoire américain. Je vous propose donc de créer avec moi le groupe des «Français qui ont une excellente raison de ne pas revenir en France cet été, mais que ça ne rend pas du tout jaloux ». Succès garanti !
Plus sérieusement, que nous disent les auteurs de développement personnel à propos de la jalousie ?
Commençons avec Michelle Larivey et son livre de référence : La puissance des émotions.
Qu’est-ce que la jalousie ?
« Fondamentalement, la jalousie est de la colère. Ce qui nous révolte, c’est d’avoir à faire certaines choses pour obtenir ce qui nous fait envie.
Habituellement, nous avons recours à deux genres de comportements pour éviter la jalousie : déprécier la personne jalousée et contrôler ceux qui alimentent notre jalousie.
À quoi sert la jalousie ?
La jalousie est un sentiment précieux. L’envie qu’elle contient traduit un besoin. Dans votre histoire, c’est le besoin d’être attendue et accueillie.
Mais la jalousie indique également que vous avec des objections quant à la manière d’assumer les besoins en question.
Que faire avec la jalousie ?
D’abord, identifier le besoin. (C’est déjà ce que vous avez fait. Bravo !) Puis, explorer vos résistances à faire ce qu’il faut pour combler ce besoin. En explorant vos résistances, vous parviendrez certainement à trouver des solutions. »
Pour compléter cette approche, Tal Ben-Shahar nous propose des exercices pratiques dans son livre Apprendre à être heureux. En voici un :
«Le refoulement des pensées ou des sentiments indésirables peut avoir de graves conséquences. Dans leurs travaux sur la « projection défensive », le psychologue Leonard Newman et ses collègues écrivent : « Quand on refuse de s’avouer ses propres défauts, on a fortement tendance à percevoir les mêmes chez les autres ». Idées et émotions malvenues deviennent alors « chroniquement accessibles » – et on commence à les reconnaître chez tous les gens qui nous entourent quand bien souvent elles n’y sont pas.
Énumérez cinq situations où vous avez ressenti de la jalousie ou de l’envie pendant la semaine, ou bien dans un passé moins récent. Puis, pour chacune, soit essayez d’évoquer ces sentiments avec la personne concernée, ou mettez-les par écrit. Le simple fait d’admettre qu’on a été jaloux ou envieux en en parlant ou en l’inscrivant noir sur blanc aide souvent à adoucir l’émotion associée et à la surmonter. »
Retrouvons-nous dans quinze jours avec l’histoire d’Alexis, « bachelor » pour la première fois cet été…
En attendant, envoyez-nous vos histoires et vos questions à l’adresse : [email protected].
Nicolas Cauchy est romancier, animateur d’ateliers d’écriture. Il s’est passionné pour le développement personnel lorsqu’il travaillait dans l’édition en France et s’est constitué une grande bibliothèque qu’il emporte partout avec lui. Il vit à New York depuis deux ans. Son site.