Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres et de revues sur l’épanouissement personnel. Illustration Clémentine Latron.
Cette semaine, découvrons l’histoire de Vincent, qui se découvre plus stressé qu’il lui semblait.
« J’ai mis du temps à réaliser. Quelques semaines, en fait. À Noël, mon frère m’a lâché un : « Eh, Vincent, il faudrait peut-être te déstresser un peu. C’est la France ici. On n’est pas en Amérique. » Évidemment, ça m’a énervé. Je viens d’une famille de fonctionnaires, et, sans tomber dans les clichés, c’est vrai que nous n’avons pas tout à fait la même ambition ni le même rythme. Ce qui ne fait pas de moi un « stressé de la vie », si ? C’est ce que j’ai demandé à ma mère qui m’a rassuré : « Tu as toujours été comme ça. » « C’est-à-dire ? » « À t’inquiéter pour tout. » N’importe quoi. Si je les suivais, nos existences devraient ressembler à celle de Baloo dans « Le livre de la Jungle ». « Dans la vie, faut pas s’en faire. » En même temps, comment leur en vouloir… Vous êtes déjà allé à Clermont-Ferrand ? Moi, j’y suis né. Alors, quand je vois la skyline depuis le taxi qui me ramène chez moi, je me dis que ce n’est pas moi qui suis stressé, mais eux qui dorment debout.
Après, c’est vrai que ma vie à New York est intense. Il y a bien quelques trucs stressants. Les leases d’un an, par exemple. J’aimerais bien pouvoir me poser sans angoisser à chaque renouvellement. Le métro aussi. Mais là, c’est simple, j’évite. Quitte à dépenser une fortune en taxis. Mais c’est tout, vraiment. Je n’insulte pas les mauvais conducteurs dont on ne sait jamais s’ils sont armés ou pas. Je sais que, si je me fais renverser, ma mutuelle couvrira les frais, pourvu que j’aille dans le bon réseau.
En tout cas, c’est ce que je me disais, jusqu’à récemment, où j’ai réalisé que tous ces petits acquis dont mes frères et mes parents bénéficient et qui me manquaient, mis bout à bout, créaient quand même chez moi pas mal de stress. « Comment tu fais pour vivre dans un environnement pareil ? m’a dit mon père. Cette course perpétuelle. Est-ce que tu profites vraiment de ta vie là-bas ? » Oui, bien sûr, vraiment. Je ne changerais pour rien au monde – et je ne parle même pas de revenir à Clermont. Mais… Je ne sais pas. C’est peut-être le grand froid, l’hiver, la neige, je me prends à rêver d’une vie plus douce, plus calme, plus simple. Est-ce qu’il faut que je change de ville, d’État ? Jusqu’à récemment, je me disais que la Californie… Plus maintenant. De pays ? J’adore les États-Unis et tout ce que ce pays a à offrir. Mais c’est vrai, mon frère à raison. Je suis stressé, inutilement. Et quand vous n’êtes pas né ici, quand vous ne savez pas combien la vie peut-être douce ailleurs, je pense que c’est un sentiment qui ne partira jamais. »
La réponse de French Morning
Merci pour votre témoignage, Vincent. Alors, stressé ou pas ? Tout dépend de quel stress on parle. Le mot « stress » est issu du latin stringere qui veut dire « serrer ». On retrouve cette même racine dans les mots « détresse » et « étreindre ». L’idée de stress renvoie à la notion de tension, de pression : être stressé, c’est être à la fois pressé et oppressé » nous explique le magazine Sciences Humaines.
Voyons maintenant ce qu’en dit Michelle Larivey dans son livre « La puissance des émotions » :
« Le stress est un terme général qui sert à désigner la réaction d’un organisme vivant à une agression, ou à l’agent ou aux facteurs qui sont à l’origine de cette agression. Par réaction de l’organisme, on entend la mobilisation physiologique et/ou psychique. Par facteur de stress, on désigne généralement une action violente exercée sur l’organisme (bruit intense, immersion dans l’eau chaude, grand choc émotionnel, vive contrariété).
Il est normal de connaître le stress. Celui-ci ne pose d’ailleurs aucun problème si l’organisme peut retrouver son équilibre dans un laps de temps raisonnable. Au contraire, il peut être bénéfique. Mais si le stress est vécu à répétition, ou s’il est mal géré, les mécanismes de rétroaction qui assurent le retour de l’équilibre ne peuvent pas agir efficacement. C’est alors qu’apparaissent des problèmes physiques ou psychiques.
À quoi sert le stress ?
Le stress, en tant que capacité de l’organisme de réagir aux sollicitations et aux pressions, est indispensable à une vie de qualité et même à notre survie. Que deviendrions-nous si nous étions incapable de supporter la pression émotionnelle provoquée par les aléas de la vie ? Que nous arriverait-il si nous étions incapable de nous mobiliser pour régler les petits et les gros problèmes du quotidien ? Si le « ressort » que constitue le phénomène du stress était inexistant, nous serions démunis ou sans énergie devant les difficultés, incapables d’y trouver des solutions ou de nous y adapter.
Que faire avec le stress ?
Le stress bien vécu ne demande aucune intervention particulière. Si j’ai, au contraire, des raisons de penser qu’il me cause du tort, il est important que je l’examine. De nombreux instruments, dont beaucoup sont disponibles sur le web, permettent d’évaluer notre niveau de stress et la gravité des symptômes qui en découlent. »
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