Les lecteurs de French Morning nous soumettent régulièrement leurs problèmes liés à l’expatriation. Deux fois par mois, Vie d’Expat essaie de les aider en ouvrant sa bibliothèque de livres et de revues sur l’épanouissement personnel. Illustration Clémentine Latron.
Après avoir raconté l’histoire de Marie-Amélie il y a quinze jours, voici celle de Lucie, sa fille, qui ne trouvait pas à New York l’école qui lui convenait.
« Je m’appelle Lucie. J’ai 17 ans. J’ai grandi à New York, mais je ne me suis jamais vraiment sentie à l’aise dans le système scolaire américain. Avec mes troubles d’apprentissage, c’était compliqué de m’adapter à l’exigence académique du Lycée français, où tout tourne autour de l’excellence scolaire. Ce n’était pas du tout la voie que j’avais envie de suivre. Moi, je me sens attirée par l’art, un domaine qui n’était pas très valorisé.
Petit à petit, j’ai commencé à m’intéresser à la vie parisienne. J’ai eu la chance de passer du temps à Paris, surtout pendant des camps d’été et des stages dans des agences créatives. C’est là que j’ai découvert un univers artistique qui m’a tout de suite plu. J’aimais pouvoir explorer la ville, prendre le métro toute seule, me perdre dans l’ambiance des rues parisiennes… Ça m’a donné encore plus envie de m’installer là-bas.
Avec l’aide d’un conseiller pédagogique, j’ai pu intégrer un lycée avec une forte orientation artistique. Enfin, je trouve un endroit qui respecte mon rythme et mes besoins. Dans cette école, on met plus l’accent sur le développement personnel que sur la compétition académique. Je découvre un rythme de vie plus doux, qui m’aide à mieux gérer mon anxiété et à plonger dans ma passion pour l’art, sans la pression que je ressentais à New York.
À Paris, je trouve aussi un environnement qui correspond vraiment à ma sensibilité. Pour moi, Paris est une ville “féminine”, douce et élégante, avec ses petites rues et son esthétique raffinée. À côté, New York me paraît “masculine”, un peu brute. J’adore pouvoir me déplacer facilement, m’installer dans des cafés, profiter des terrasses, et rencontrer des amis spontanément.
Sur le plan social, mon arrivée à Paris se passe mieux que ce que j’imaginais. À ma grande surprise, je me fais rapidement des amies dans mon nouveau lycée, alors qu’à New York, ça m’avait pris un temps fou pour m’intégrer. Cependant, j’ai vite remarqué une différence culturelle : ici, les gens sont plus directs et parfois, ils peuvent paraître un peu durs. Moi qui ai grandi dans un environnement où la politesse et la retenue sont importantes, ça m’a déstabilisée au début, mais maintenant, j’apprécie cette sincérité.
Par contre, côté langue, c’est plus difficile. Même si je suis bilingue, je remarque que mon vocabulaire en français est vraiment limité. Les cours de philo, c’est un défi, parce que je n’ai pas les mêmes références culturelles et lexicales que les autres élèves, et ça me frustre. Malgré ça, je trouve que le français permet d’exprimer plus d’émotions, et j’adore ça.
Au final, cette nouvelle vie à Paris me permet de me reconnecter à une culture qui m’inspire. Je retrouve mes amis new-yorkais, mon père et mon frère pendant les vacances, mais mon adaptation se passe tellement bien que j’envisage déjà de continuer mes études à Paris. Ici, je me sens vraiment à ma place, dans un environnement qui nourrit ma créativité et me permet de rêver d’un futur qui correspond à mes aspirations. »
La réponse de French Morning
Merci pour votre témoignage, Lucie. Que ce soit en France ou aux États-Unis et même si les approches sont très différentes, le choix de l’orientation est souvent source de stress intense. Ce qui n’est pas toujours négatif, d’ailleurs, comme vous le découvrirez dans l’article de Emmanuelle Vignoli, coresponsable de l’équipe Psychologie de l’orientation au Centre de Recherche sur le travail et le développement. Publié dans le magazine Cerveau & psycho, nous en avons fait le résumé pour vous.
« L’anxiété : L’anxiété est omniprésente lorsqu’il s’agit de faire des choix décisifs pour l’avenir, surtout en matière d’études et de carrière. Elle prend souvent la forme de trois grandes craintes : la peur de l’échec, la peur de décevoir les proches et l’angoisse de se retrouver éloigné des amis et de la famille. Dans le cadre de l’orientation, cette anxiété peut être utile en incitant les jeunes à se préparer davantage et à anticiper les défis, tant que son niveau reste modéré. En effet, une anxiété modérée encourage la recherche d’informations et la réflexion, poussant les adolescents à évaluer différents scénarios et à mieux cerner leurs objectifs. Cependant, quand l’anxiété devient excessive, elle peut paralyser la prise de décision, entraînant des comportements d’évitement, d’indécision, voire de procrastination, ce qui rend le jeune incapable de se fixer sur un parcours précis. Les adolescents anxieux risquent alors de se concentrer de manière excessive sur des aspects pratiques et sécurisants, tels que les perspectives salariales, au détriment de leurs véritables intérêts et passions.
L’Espoir : À l’opposé, l’espoir agit comme un moteur positif qui élargit le champ des possibles et alimente la motivation. Les jeunes qui nourrissent un espoir sincère en l’avenir, qui se projettent dans un parcours qui les inspire et les excite, sont plus susceptibles de faire preuve d’initiative, d’explorer différentes options, et de s’ouvrir aux possibilités, même face aux obstacles. Les études montrent que l’espoir incite à une exploration active et constructive : un adolescent plein d’espoir se sent capable de surmonter les difficultés et voit les choix comme une occasion d’atteindre des objectifs enrichissants. Par ailleurs, cultiver l’espoir chez les jeunes, en encourageant leurs rêves et en évitant de briser leurs aspirations sous prétexte de réalisme, est essentiel pour les aider à maintenir une vision positive de leur avenir. Cet équilibre entre espoir et anxiété permet aux jeunes d’approcher leurs choix d’orientation avec lucidité et confiance, en apprenant à accepter que le parcours vers la réussite est souvent parsemé de tentatives, d’échecs et de réorientations. »
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