Organisée pour la première fois sous son nom actuel en 1982, la Fête de la musique revient chaque 21 juin, en France et à l’international. Aux Etats-Unis, on chante le solstice d’été depuis quinze ans : la première édition de la Fête de la musique a eu lieu en 2007 à New York, sous le nom de Make Music Day. Cette année, plusieurs milliers d’évènements auront lieu sur tout le territoire. Au total, plus d’une centaine de villes prendront part aux festivités, parmi lesquelles les néophytes Atlanta (en Géorgie), Fargo-Moorhead (dans le Dakota du Nord), ou encore Columbia (dans le Missouri). A New York, officiels français et américains se retrouveront à Battery Park pour une représentation du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, composé en 1886, année où la Statue de la Liberté a été inaugurée.
Aaron Friedman, créateur de Make Music Day New York et aujourd’hui directeur de l’Alliance Make Music, s’est inspiré de la Fête de la musique telle qu’elle existe en France. « Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j’ai passé une année à enseigner l’anglais dans un lycée à Bordeaux », raconte-t-il. « Je jouais aussi dans un groupe, que j’ai quitté mi-juin au moment de mon retour aux Etats-Unis. Tout le monde parlait de la Fête de la musique », se souvient-il, « mais je n’ai pas pu en faire l’expérience ».
Quelques années plus tard, alors qu’il compose un morceau pour sa nièce, pianiste en herbe, il se prend à rêver d’un grand évènement musical. Fort d’une expérience de chef d’équipe sur une campagne électorale, il décide de mettre ses compétences professionnelles – « gérer des bénévoles, inciter les citoyens à se déplacer pour aller voter » – à profit de ce nouveau projet. Il se rend donc à Paris à l’été 2006, et, le 21 juin, est « impressionné de voir que l’on joue de la musique partout ». Il passe l’année suivante à travailler sur un concept similaire, et Make Music New York voit le jour en 2007, avec 560 concerts « de Carnegie Hall aux parcs de la ville », se remémore-t-il fièrement. Il s’émerveille de voir se rassembler « un très large éventail d’amateurs et de professionnels, de différentes cultures, dans différentes parties de la ville ».
« Les gens ont rapidement découvert ce que nous faisions à New York et nous ont contactés pour créer Make Music Miami, Make Music Seattle… », poursuit Aaron Friedman, flatté. « Quand la fondation NAMM (la fondation de l’Association nationale des marchands de musique, ndlr) m’a dit qu’elle souhaitait s’associer au projet pour que Make Music Day devienne une célébration nationale, comme en France, j’ai lancé l’Alliance Make Music. » Opérationnelle dès 2015, l’association compte désormais 110 chapitres aux Etats-Unis. « Le concept fonctionne dans les grandes villes comme New York, mais aussi dans les petites villes ou les villes universitaires de taille moyenne », note Aaron Friedman. « A Land O’ Lakes, dans le Wisconsin, l’organisateur connaît tout le monde. A son échelle, il n’a même pas besoin du logiciel que nous mettons à disposition des autres membres de l’alliance. »
Aaron Friedman a « entendu beaucoup d’histoires sur l’origine de la Fête de la musique, et lu des interviews de Jack Lang et Maurice Fleuret. Tout le monde semble vouloir s’en attribuer le mérite », constate-t-il. « Peut-être qu’il s’agit en fait d’une idée évidente, qui continue d’être redécouverte au fil du temps. Charlie Morrow avait par exemple organisé une célébration du solstice d’été aux Etats-Unis dans les années 1970. » Le musicien américain Joel Cohen, que certains considèrent comme le père de la Fête de la musique, aurait proposé dès 1976 des saturnales de la musique semestrielles.
« L’édition d’hiver de Make Music New York a débuté en 2011, notamment pour permettre aux bénévoles, partenaires et musiciens de garder un esprit d’équipe en attendant l’été », explique Aaron Friedman. « Un peu comme le défilé BoomBox de Phil Kline en décembre, au cours duquel des mélomanes se rassemblent avec leur radiocassette sur Washington Square Park à New York, et jouent différentes bandes sonores qui s’harmonisent. Nous avons organisé des concerts de guitare dans les ascenseurs, des performances où les percussionnistes jouent sur les bancs publics et les lampadaires, et collaboré avec l’application The Gaits qui transformait les pas des promeneurs en musique sur la High Line de New York », énumère-t-il. « Nous voulions réunir les gens malgré le froid. Make Music Winter n’est pas un événement à grande échelle, mais nombreux sont ceux qui souhaitent assister à des évènements culturels hivernaux qui ne soient pas des performances standards de Casse-Noisette et qui sortent du répertoire classique des fêtes. » Rendez-vous donc le 21 juin, puis le 21 décembre.