Une réaction face à l’effervescence de Los Angeles : c’est ainsi que l’on pourrait qualifier les créations épurées de l’artiste franco-vietnamien Truc Anh, exposées à la galerie Varola, du jeudi 6 octobre 2016 au vendredi 20 janvier 2017.
“Vacuphalia” est le résultat de plusieurs semaines passées dans la résidence d’artiste de Downtown, Werkartz , au printemps 2016. “Je voulais travailler sur la continuité et proposer quelque chose qui est aux antipodes de ce que l’on trouve à Los Angeles. J’avais envie de parler de vérité, de solitude, de doutes et d’introversion, des notions absentes ici” , affirme Truc Anh.
Intitulé “Mermaids of time” (ci-dessous), le ballet des cinq paires de jambes ornées de chaussons de ballerines suspendues a un côté hypnotique, oscillant tel un pendule. “Cette oeuvre parle de sexualité à travers l’érotisme. Il y a les deux cotés des jambes mais il est fait abstraction du sexe” , précise l’artiste de 33 ans.
Dans ses créations, il joue avec les frontières, travaillant sur les paradoxes: noir/blanc, plein/vide, saturation/manque, Orient/Occident. Ainsi, la sculpture ethnographique “Catherine”, imprimée en 3D au Vietnam, mixe un masque japonais du théâtre Nô et les traits de Terminator.
“Truc-Anh convoque un bestiaire peuplé de chimères plongées dans un état de contemplation. “The Dilettante” se donne l’allure d’un collage. Quant à la silhouette fragile et élégante de “The Shameful”, elle flotte indécise comme en lévitation”, décrit Pierre Lefort, le commissaire de l’exposition.
Chez ce boulimique d’apprentissage (Boulle, Ecole nationale des arts appliqués de Paris, Ecole nationale supérieure des arts visuels de Belgique), les techniques varient d’une oeuvre à l’autre, passant de la sculpture à la peinture à l’huile.
Au regard des oeuvres, on trouve une envie de simplicité, de revenir aux matériaux naturels. “On vit dans une époque de saturation et d’effets spéciaux. Faire de la peinture, c’est une forme de résistance. D’une manière générale, je vais à l’inverse de ce que l’on m’a conseillé à l’école, en m’attachant à travailler sur du premier degré, sans cynisme, ni recul critique.”
Ses oeuvres avaient déjà été présentées au public de Los Angeles au terme de la résidence d’artiste. C’est à ce moment là que Truc Anh a retrouvé Pierre Lefort. “J’avais déjà vu son travail à Paris, mais je l’avais loupé à Hong Kong. J’ai donc profité de cette opportunité pour organiser une exposition” , raconte Pierre Lefort.