“Amener la touche française dans le design d’intérieur” : c’est le concept de The French Apartment Gallery, qui a ouvert ses portes près de Melrose Place le 13 septembre. Un projet mené tambour battant par Nadine Teboul, qui a vadrouillé à travers le monde avec sa famille avant de poser ses valises à Los Angeles.
Dans cette galerie intimiste de 100 m2, nichée au coeur d’un bâtiment des années 40, on trouve des chaises recouvertes de photographies décalées de Maurice Renoma, une table en marbre de Carrare aux dimensions hors-norme, des suspensions lumineuses en porcelaine de Limoges de Sylvie Maréchal ou encore une sculpture à base d’écorce d’arbre de Pascal Oudet. Chaque objet a une histoire, un processus de création original que Nadine Teboul restitue à ses clients. Et elle veut aller plus loin, en proposant des pièces sur-mesure et ses services de conseils pour créer un univers sur-mesure pour les personnes intéressées.
Issues d’une sélection personnelle, les pièces contemporaines présentées -de $300 à $60 000- sont toutes produites en France, en petites séries, par une dizaine de fournisseurs et d’artisans. “Ce sont des objets et meubles d’exception très peu vus aux Etats-Unis”, assure Nadine Teboul, dont l’oeil est séduit par les pièces qui offrent “une authenticité, une touche de poésie, d’impertinence ou revisite des matériaux nobles”. De nouvelles pièces débarqueront chaque trimestre dans l’antre immaculé de la galerie. Un temps attirée par les textiles, elle a choisi de ne pas en présenter dans sa galerie : “ils sont taxés à 20%”, explique-t-elle.
Après une expatriation au Japon à 27 ans -pays qui lui donnera le goût pour la vie nomade-, elle s’installe à New York, Londres, Paris, Bordeaux et Tel Aviv. Aujourd’hui, ses enfants ayant quitté le domicile familial, Nadine Teboul et son mari avaient envie de revenir sur le sol américain et de se lancer dans un projet personnel. D’autant qu’il y avait une attente à Los Angeles en terme de design d’intérieur et de pièces rares, en raison d’un marché immobilier fleurissant. “La ville sort de l’industrie du cinéma pour s’ouvrir à d’autres arts”, argue cette dynamique quinquagénaire. Tentée par Downtown, elle choisira une valeur sûre et se posera finalement à Interior Design District, un quartier de West Hollywood où les galeries se multiplient.
“En France, le design et le mobilier sont à la marge de l’art ; alors qu’ici, les passages de l’un à l’autre se font plus naturellement”, fait remarquer la Parisienne. Sans compter que le budget des Américains se prête davantage à ce type de galerie : “ils ont un regard moins acéré que les Européens, mais sont capables de dépenser si la pièce est inédite.”
De la mode à l’écologie au design d’intérieur
Dans le secteur de la mode il y a 20 ans, Nadine Teboul est vite épuisée par le rythme effréné des collections. Elle passe alors par le studio de Robert le héros à Paris, qui crée de la conception graphique au modelage de la terre. “Cette polyvalence m’a marqué”, affirme cette titulaire d’un master de l’Institut Français de la mode et du design de Paris, déjà influencée par une mère peintre et des grands-parents artisans. Au gré de ses déménagements à l’international, elle multiplie des projets de décoration pour des amis.
Son parcours paraissait tout tracé. Mais, lorsqu’elle emménage à Bordeaux, elle décide de changer de cap et s’oriente vers les énergies renouvelables. Reprenant un Master en écologie humaine à 42 ans, elle gèrera, entre 2011 et 2014, avec son époux, une société de développement de projet photovoltaïque. Une entreprise laissée de côté pour partir à Tel Aviv retrouver ses racines familiales, ultime étape avant Los Angeles.
Même si ce monde artistique n’est pas nouveau pour la Parisienne aux épaisses lunettes à écailles, cela reste un grand pas. “L’achat des pièces est un investissement important. C’est bien plus difficile que d’importer des macarons.”