L’animation Made in France a le vent en poupe aux Etats-Unis. En témoigne le succès de TeamTO, petit studio de Bourg-les-Valences, connu du grand public pour avoir animé “Les Lapins Crétins” pour France 3, et qui s’est installé à Los Angeles.
Son dernier film 3D “Gus, petit oiseau, grand voyage” (“Yellowbird” aux Etats-Unis) vient d’être racheté par Universal Pictures, en vue d’une distribution internationale, notamment au Royaume-Uni et en Australie.
Des bureaux à Beverly Hills
L’intérêt grandissant que rencontre le petit studio français à l’international doit beaucoup à sa stratégie d’implantation à Los Angeles. “En octobre 2011, Guillaume Hellouin, le co-fondateur et PDG de TeamTO, m’a confié la direction de son nouveau bureau basé à Beverly Hills, au plus près de l’industrie de l’animation américaine”, explique Lenora Hume, ancienne vice-présidente des productions internationales chez Disney.
A l’heure actuelle, le petit studio d’animation, qui compte un peu plus de 200 salariés et produit la totalité de ses dessins animés en France, travaille avec de gros clients américains : Cartoon Network, Nickelodeon, Disney Channel ou encore Netflix.
“De nombreux projets ont vu le jour grâce à la présence de TeamTo à L.A”, poursuit Lenora Hume. “C’est le cas de la série Pacman diffusée sur Nickelodeon, ou encore d’un tout nouveau projet encore confidentiel, à destination du marché japonais. L.A est une plateforme importante pour toute la région Pacifique, pas seulement le marché américain.”
Cette stratégie d’implantation à Hollywood séduit d’ailleurs de plus en plus de studios français. C’est notamment le cas de SolidAnim: la start-up parisienne à laquelle James Cameron a confié la réalisation des trois prochains volets d’Avatar, a ouvert début 2015, un bureau à El Segundo.
Savoir-faire français et adaptabilité
Si le succès des studios français demeure relatif face à celui de géants tels que Pixar ou DreamWorks (qui emploient d’ailleurs de nombreux talents hexagonaux), il témoigne toutefois d’un vrai phénomène.
“Depuis les années 2000, la France connaît un réel succès lié car elle est capable de proposer quelque chose de différent (la fameuse “french touch”, avec son dessin unique de qualité, proche de la bande dessinée), dans un contexte de plus en plus uniformisé par des géants tels que Pixar et Disney, mais tout en s’adaptant désormais aux contraintes du marché international”, explique le professeur Richard Neupert, spécialiste de l’animation française à l’Université de Géorgie.
“Prenez l’exemple de “Moi, Moche et Méchant” (ndlr: film d’animation réalisé par un studio français et produit par Universal Pictures). L’aspect visuel est proche du dessin animé à la française, tandis que les gags sont typiquement hollywoodiens. Idem pour “Un Monstre à Paris”, hommage à la culture française, parsemé de chansons à la Disney.”
Le Made in France, une chance
Pour Patricia de Wilde, responsable du marketing chez TeamTO, le dynamisme de l’animation française s’inscrit dans une mouvance internationale, au sein de laquelle les Français ont dû trouver leur place.
“Pour pouvoir construire un film 100% Made in France, il faut obligatoirement se tourner vers l’international, rechercher des co-productions, des partenariats étrangers. Le formidable soutien financier du CNC est un atout, mais ne suffit pas. Au final, cela a été une chance pour l’animation française” estime-t-elle. “Forcés de nous exporter, nous avons dû nous adapter aux standards internationaux ce qui nous a ouvert un monde de possibilités”.