Retrouver une exposition d’Edgar Degas au Norton Simon Museum à Los Angeles n’a rien d’étonnant. «Le musée l’admire», affirme l’assistante curatrice, Emily Talbot. Dans l’exposition permanente, le visiteur peut notamment admirer de nombreuses peintures du naturaliste et impressionniste français. «Une de nos plus larges collections est celle d’Edgar Degas.»
Du vendredi 10 novembre au lundi 9 avril, le musée de Pasadena présente une autre facette de l’artiste, avec l’exposition « Taking Shape : Degas as Sculptor ». Elle explore la nature instinctive de la pratique artistique de Degas via la sculpture. Un aspect méconnu de son travail.
A la mort de l’artiste, en 1917, 150 sculptures en cire ou en terre ont été retrouvées dans son atelier. Ses héritiers avaient alors décidé de couler en bronze 74 de ses meilleures oeuvres entre 1919 et 1921, afin de les reproduire en série. Le mécène du musée de Los Angeles, Norton Simon, a acquis 72 des modèles originaux en bronze.
Une partie du sous-sol du musée a été entièrement ré-aménagée pour mettre en lumière ces oeuvres auxquelles s’ajoutent des sculptures en bronze issues d’autres collections (102 sculptures au total). «Edgar Degas les considérait comme des ‘essais’, des oeuvres à part entière», raconte l’assistante curatrice, qui a scénographié de manière chronologique cette exposition en l’honneur du centenaire de la mort d’Edgar Degas.
« La majorité des modèles originaux -en cire- sont conservés à la National Gallery of Art de Washington », précise Emily Talbot, en se déplaçant entre les petites sculptures de danseuses et de chevaux qui parsèment la pièce. Chaque pièce atteste de l’intérêt de l’artiste pour le «mouvement des corps», pour les formes et le détail du geste. Le visiteur pourra notamment s’arrêter sur plusieurs variantes d’une même pose, celle de la danseuse qui se rechausse ou de la femme qui prend son bain.
«Nous proposons un prisme de lecture de l’exposition qui montre les affinités entre les sculptures et les peintures ou dessins de l’artiste (issus de la collection du musée). Ces oeuvres se répondent, se sont influencées et inspirées”.
Du vivant de l’artiste, l’ensemble est resté inconnu du public, à l’exception de la controversée «Danseuse de 14 ans» («Little dancer, aged fourteen»), qu’Edgar Degas présenta lors de l’exposition impressionniste de 1881. Elle avait alors choqué par sa physionomie imparfaite et l’utilisation de cheveux humains. Le bronze de cette œuvre, rare représentation féminine habillée, trône dans l’une des salles.
«Beaucoup pensaient que ces sculptures étaient hideuses. Pour Edgar Degas, elles constituaient un exercice d’échauffement, quelque chose de personnel.» Le visiteur remarquera notamment que certaines d’entre elles sont restées inachevées, les visages n’étant pas travaillés. Au travers de “Taking Shape”, le visiteur est invité à une véritable introspection dans l’esprit d’Edgar Degas.