Web-documentaires, plateformes pour créer des contenus multimédias, applications de second écrans, mini-séries web participatives… Au festival South by Southwest, la création numérique à la française tentait de défendre sa patte à l’international.
Plusieurs start-ups ou agences spécialisées avaient fait le voyage au Texas. “Je crois que ce domaine peut être un énorme levier d’influence francaise à l’étranger”, affirme Guillaume Duchemin, directeur du numérique à l’Institut Francais, qui a commandité un rapport sur ce sujet. “Entre notre histoire du cinéma, nos auteurs, le rôle moteur que la France a joué dans le monde des CD-Roms dans les années 90, et nos ingénieurs que tout le monde s’arrache, la France a les ingrédients pour réussir”, juge Samuel Rousselier, fondateur de l’agence Cellules, qui a réalisé divers projets transmédias en France et à l’étranger.
Mais pour cela, la France fait face à plusieurs défis. Tout d’abord un sens de l’ergonomie et de “l’expérience utilisateur” moins poussé qu’aux Etats-Unis – même si ces start-ups entendent prouver le contraire. “Une des autres difficultés, c’est que les auteurs sont omniscients, et ne savent pas toujours travailler avec les développeurs et les graphistes. Alors qu’aux Etats-Unis, c’est le producteur qui a la main, et peut faire avancer plus facilement un projet dans la direction qu’il souhaite”, observe Samuel Rousselier.
Start-up montante de ce domaine, Racontr avait gagné son ticket pour figurer sur le pavillon francais de South by Southwest, financé par BusinessFrance (ex Ubifrance). Sa plateforme permet de créer des contenus digitaux interactifs, afin de raconter une histoire avec du texte, des vidéos, des extraits de réseaux sociaux, des photos… “Notre public, ce sont les journalistes, graphistes, artistes, architectes, photographes, blogueurs, ou toute personne qui a envie de se lancer dans la création web. Ce qu’on offre, c’est une nouvelle manière de raconter une histoire”, explique Grégoire Sierra, le fondateur, qui a grandi entre Mexico, Houston et la France.
Racontr, basé sur un modèle freemium, compte 3 000 utilisateurs, dont quelques gros poissons comme France Télévisions. Grégoire Sierra aimerait profiter de sa venue à Austin pour trouver de nouveaux investisseurs, afin de financer l’ouverture d’un bureau aux Etats-Unis – “un marché très réceptif à ce que l’on fait”. Mais où la concurrence est rude. “Il y a peu de plateformes qui permettent autant de créativité que Racontr, souvent, les plateformes offrent des modèles trop figés, et tous les projets se ressemblent un peu dans leur forme”, argue le patron de Racontr, qui souhaite aussi lever des fonds pour “développer de nouvelles fonctionnalités, en particulier autour de la réalité virtuelle, et du deuxième écran”.
Le deuxième écran, c’est ce qui est au coeur du projet de Slashe, une start-up également sélectionnée pour figurer sous le pavillon français. Mais qui s’est aussi payé le luxe d’avoir son propre stand à part – Slashe a levé un million d’euros il y a quelques semaines, et a signé des partenariats avec IBM ou BNP Paribas.
Cette agence prévoit de lancer le 30 juin sa plateforme de vidéos virales ciblant les “millenials”, la génération des 20-35 ans. Celles-ci (mini-séries, sketchs, clips, documentaires…) seront “enrichies” par des infos envoyées sur une application mobile, qui permettront par exemple, de localiser la scène sur une carte, acheter le produit, connaitre le titre de la musique utilisée, avoir des anecdotes ou des biographies des personnes évoquées, afin de prolonger l’expérience, explique Ambre Maillet, chargée de marketing chez Slashe. “On mise sur le fait que les millenials, qui ne sont plus réceptifs à la publicité traditionnelle, le seront avec ce type d’expériences de story-telling immersif et interactif.” Préparez-vous.