Les « lampes Akari », ça ne vous dit rien ? Il y a pourtant fort à parier que vous en avez déjà vues, voire que le luminaire qui éclaire votre salon en est directement inspiré. Il s’agit de ces très légères lampes de papier, souvent rondes ou ovales, portées par une fine structure.
Ces objets, inspirés des lanternes japonaises traditionnelles, doivent leur succès à Isamu Noguchi, qui a conçu une version moderne de ces lampes dans les années 1950. Du 28 février au 27 janvier 2019, le Noguchi Museum, fondé et dédié au sculpteur américano-japonais à Queens, donne à voir et revisite ces créations en collaboration avec Ymer&Malta, un studio de design français, dans une exposition baptisée « Akari Unfolded ».
L’exposition, qui constitue le premier volet du programme OuiDesign organisé par les services culturels de l’ambassade de France, se divise en deux temps. Les quelque 100 œuvres lumineuses d’Isamu Noguchi lui-même, entre formes surréalistes et proportions démesurées, côtoient les 26 créations d’Ymer&Malta. Pour revisiter les lampes, le studio a coordonné cinq designers, les Français Océane Delain, Benjamin Graindorge et Sylvain Rieu-Piquet, le designer britannique Sebastian Bergne et l’entreprise japonaise Nendo pendant « deux années de travail intense », témoigne Valérie Maltaverne, fondatrice du studio.
« Rendre hommage à Noguchi »
Des lampes aux arrondis déstructurés, des lampadaires aux allures de rochers, du papier, du lin, du métal… « L’idée était de rendre hommage à Noguchi », explique la chef d’orchestre de ce morceau de bravoure. « C’était de sentir tous ses traits de caractère, sa façon de raisonner, sa simplicité, sa “zénitude”, son goût pour l’architecture… Par exemple, il y a une lampe qui est plus architecturale, une autre qui est complètement basée sur la nature. »
Pour la designer qui « adore les lampes Noguchi depuis l’enfance », ce projet était cependant un véritable challenge. « Je suis allée chercher le sujet le plus difficile qui soit chez Noguchi parce que, non seulement il faut concevoir le dessin et le matériau, mais aussi la lumière. Faut-il mettre une ampoule ou une LED ? Quel type de LED ? Chaudes ? Froides ? Quelle finesse ? C’est un cauchemar ! », sourit Valérie Maltaverne, qui a travaillé avec 20 artisans exclusivement français.
Autre écueil : la fragilité des matériaux, qui a coûté la vie à l’une des œuvres, dont la résine n’a pas résisté au voyage. Pourquoi avoir choisi une telle difficulté ? Pour Valérie Maltaverne, pas de demi-mesure : « Si j’aime, je fais. Je ne lâche jamais. »