Dans l’édition Voice of America du 31 décembre, Lisa Bryant intitule son article “un bilan contrasté pour Nicolas Sarkozy à la tête de l’Union Européenne“. La journaliste est pourtant très élogieuse: “un homme d’action“, “un des mandats les plus dynamiques dans l’histoire européenne” souligne-t-elle d’entrée de jeu, avant de s’expliquer: en plus d’un programme ambitieux dès son entrée en fonction, le Français a su faire preuve d’intelligence et de ressources lors des crises imprévues qui ont secoué l’Europe ces derniers mois. Dans la suite de son article, Lisa Bryant se fait néanmoins l’écho des critiques adressées à Sarkozy, que ce soit par les diplomates ou les médias. Mais au final, peu importe ces critiques sur son action européenne, Nicolas Sarkozy est grand gagnant au niveau national: sa cote de popularité a remonté parmi les Français, lui donnant ainsi une marge de manœuvre accrue dans son propre pays.
Robert Marquand, dans le Christian Science Monitor, titre lui sur “l’infatiguable Sarkozy“, qui s’attaque désormais à bras le corps au conflit au Moyen-Orient. En se lançant dans cette “incessante” recherche pour la paix, il espère ainsi occuper le devant de la scène internationale, d’autant plus, n’oublie pas de remarquer le journaliste, que la diplomatie américaine est actuellement en vacance. Mais malgré ce ton ironique adopté en début d’article, Robert Marquand reconnait que toute action de Nicolas Sarkozy en faveur de la paix, même minime, ne peut que s’avérer utile. Derrière ses gesticulations, il est peut-être celui qui permettra de poser les bases pour un cessez-le-feu ou de futures discussions entre Israël et le Hamas. En conclusion, le journaliste analyse qu’avec la présidence de l’Union Européenne, Nicolas Sarkozy a désormais acquis ses galons à l’international, et qu’il mérite désormais la confiance diplomatique de ses alliés.
Dans Time du 2 janvier, Bruce Crumley part du même constat que son confrère du Christian Science Monitor: le président français n’a absolument pas l’intention de quitter la scène mondiale, et c’est maintenant dans le conflit israëlo-palestinien qu’il projette toute son énergie. Il souligne l’opportunité historique qui se présente aujourd’hui Sarkozy pour s’imposer comme un acteur majeur dans la région, étant donné l’absence actuelle des États-Unis. Dans cette impasse diplomatique qu’est le Moyen-Orient, le président français peut tirer son épingle de son jeu: ses liens resserrés avec la Syrie de Bashar El-Assad. Mais attention aux illusions, nuance le journaliste: le rôle privilégié qu’espère endosser Nicolas Sarkozy risque d’être de courte durée avec l’arrivée d’Obama au pouvoir fin janvier.
Quelques jours auparavant, le 31 décembre, le même Bruce Crumley s’est penché sur un groupe de manifestants qui disent non à 2009. En introduction, le correspondant France du Time ironise sur ces Français qui sont “les champions du monde des protestations“. Dans un pays ou pas une semaine ne se passe sans son lot de manifestations en tout genre, c’est donc sans surprise que l’on puisse rencontrer un groupe assez illuminé pour avoir décidé de manifester contre 2009. Ce “Front d’Opposition à la Nouvelle Année” s’insurge contre le temps qui passe, et attendaient près de 50 000 personnes ce 31 décembre…
Le Time s’intéresse également à une autre forme de protestation, bien plus violente, mais tout aussi française: les voitures qui brûlent la nuit du 31 décembre. Pour le journaliste, cela fait depuis les émeutes de 2005 que les carcasses de voitures calcinées sont devenues aussi évocatrices de la France que la baguette et le fromage (ou presque). Il s’indigne que les politiques, Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie en premier lieu, soient aussi indifférents face à ce problème, qui dans tout autre pays serait pris à sa juste mesure, c’est-à-dire comme un signe alarmant sur l’état de la société. 43 000 voitures ont été brulées en 2007, soit 30% de plus qu’en 2006 insiste Bruce Crumley, qui se moque des mesures “permissives” et “laxistes” proposées par Sarkozy, à savoir le retrait du permis pour les vandales. Pour conclure, ce dernier reprend un refrain populaire parmi la presse américaine en ce moment, à savoir que la France a raté l’intégration de ses immigrés dans ses rangs de citoyens.
Pour finir cette revue de presse, l’économie française, et plus particulièrement Christine Lagarde, atttire l’attention de Ronald A. Cass, professeur émerite à la Boston University of School and Law, et dont l’analyse est publiée dans Forbes. Ce dernier commence par une observation simple: en ces temps d’instabilité et de crises, tous les pays semblent s’accorder sur le besoin d’une régulation accrue de l’économie mondiale. Parmi ce consensus unanime, seule une voix s’élève, celle de la ministre française de l’économie. Alors que paradoxalement, comme le rappelle l’expert, la France est la pays “des longues vacances, des courtes semaines de travail et des pauses déjeuner de deux heures“, Christine Lagarde est persuadée que son pays saura faire mieux que ses voisins. Ronald Cass en doute: pour lui, la France est encore loin d’être un pays compétitif, ou du moins assez compétitif pour résister à la pression internationale. Néanmoins, il applaudit le discours de Mme Lagarde, les efforts récemment réalisés par la France pour une plus grande libéralisation, et déplore qu’à l’échelle mondiale, le vent souffle dans le sens contraire.