Le 17 novembre 1917, Auguste Rodin meurt à Meudon, à l’âge de 77 ans. Alma de Bretteville Spreckels, qui fit cadeau du musée Legion of Honor à la ville de San Francisco en 1921, rencontra le sculpteur dans son studio à Paris en 1915, et commença à collectionner ses oeuvres.
A l’occasion du centenaire de la mort de l’artiste, “Auguste Rodin: The Centenary Installation” retrace la carrière du maître en une cinquantaine de sculptures en marbre ou en bronze et moulages, issus de la collection permanente du musée. La particularité de cette exposition, qui se tient jusqu’au dimanche 9 avril, est de ne présenter que des oeuvres réalisées du vivant de Rodin.
Un apprentissage difficile
L’exposition se veut très didactique, avec de nombreux panneaux explicatifs et s’organise logiquement de façon chronologique. La première salle, dédiée aux oeuvres de jeunesse, retrace les difficultés rencontrées par Rodin dans son apprentissage: très myope, c’est un élève peu brillant. Il se montre toutefois doué pour le dessin. Il tente par trois fois la concours d’entrée aux Beaux-Arts, sans succès. Ses choix déroutent ses contemporains, comme en témoigne “L’homme au nez cassé”, qui est loin des canons de beauté de l’époque.
Rodin passe plusieurs années chez le sculpteur Carrier-Belleuse, et voyage en Italie. La reconnaissance de son travail arrive enfin en 1877, avec “L’Age d’Airain”, une statue qui rend hommage à “L’esclave mourant” de Michel-Ange. Rodin a déjà 37 ans. Il est accusé d’avoir créé son moule directement sur son modèle, car les détails sont saisissants de vérité. Il répond aux critiques en créant des oeuvres aux proportions plus grandes que nature, prouvant qu’il sculpte bien ses moules: son “Saint Jean-Baptiste” est dépeint marchant et parlant, une révolution à l’époque. Rodin utilise différents produits chimiques pour mettre en valeur ici la rondeur des mollets ourlés de vert, là les saillies mordorées des abdominaux. Le gouvernement lui achète l’oeuvre, Rodin obtient enfin la reconnaissance qu’il espérait.
La consécration d’un artiste prolifique
La deuxième salle est celle de la consécration: on y trouve, entre autres, “Le Baiser” et “Les trois ombres”. La relation tumultueuse entre Rodin et son élève la plus brillante est brièvement évoquée à travers deux bustes: un moulage en plâtre de Camille Claudel réalisé par Rodin en 1880, et une tête de bronze du maître créé par son élève et muse.
Grande absente de l’exposition, et pourtant omniprésente, “La Porte de l’Enfer” est le point de départ de nombreux chefs d’oeuvre. Jamais terminée du vivant de Rodin, “La Porte de l’Enfer” est une commande de l’Etat: Rodin doit réaliser une porte monumentale pour un futur musée d’arts décoratifs à Paris. Entre 1880 et 1900, Rodin va modeler plus de 220 personnages. Certains finiront par devenir des sculptures indépendantes: “Le Penseur”, dont l’une des sept sculptures réalisées du vivant de Rodin se trouve au Legion of Honor; “Les Trois Ombres”, qui surmontent “La Porte de l’Enfer” et qui occupent une place de choix dans la salle Rodin du musée, ou encore “Le Baiser”.
Une renommée internationale
Rodin continue d’exécuter des commandes officielles: la ville de Calais lui demande de représenter le sacrifice de six notables de la ville, qui se livrèrent aux Anglais en 1346, pour épargner le reste de la ville. Dans la dernière dédiée à l’exposition, des miniatures des “Bourgeois de Calais”, réalisées en même temps que les originaux, sont exposées. On apprend que Rodin aimait sculpter ses personnages nus avant de les habiller, comme en témoigne le moulage d’un des bourgeois dont la jambe est visible sous sa bure.
A l’Exposition universelle de Paris de 1900, Rodin expose ses oeuvres dans un pavillon qui lui est consacré. Des milliers de visiteurs les découvrent, lui assurant une gloire internationale. Il commence à diversifier ses matériaux, et s’intéresse au marbre. Sont exposés un visage de Victor Hugo, que Rodin admirait beaucoup, et une allégorie de “La Nature”, sous la forme d’Eve Fairfax, une Anglaise qui lui servit de modèle de 1901 à 1909.
Le centenaire de la mort de Rodin sera célébré durant toute l’année, avec une succession d’expositions, outre celle-ci: deux artistes contemporains, Urs Fisher (22 avril-9 juillet) puis Sarah Lucas (15 juillet-1er octobre), viendront éclairer les oeuvres de Rodin de leurs créations; et du 14 octobre 2017 au 28 janvier 2018, vingt tableaux de Klimt, dont on fêtera aussi les cent ans de la mort, seront exposés.
0 Responses
Stanford possède la plus grande collection des oeuvres de ce sculpteur , après le musée Rodin. Savez vous si des oeuvres vont être prêtées par l’université pour cette expo?