“La voiture ne doit plus être le prolongement des jambes des Californiens”, plaide Hafidha Benyahia, la Française derrière RideSVP. À 29 ans, elle a eu l’idée d’exporter le covoiturage inter-urbain – celui qu’applique en France Blablacar – aux Etats-Unis, en commençant par l’ouest américain (Californie, Nevada, Arizona et Utah). Accessible à partir du 10 mai, le site RideSVP veut drastiquement diminuer le nombre de voitures sur les routes.
Les conducteurs – dont le permis aura été vérifié – pourront proposer en ligne des trajets longue distance, d’une ville à l’autre, préciser le nombre de sièges disponibles et le prix de la course (recommandation de 10 centimes le mile). “Le prix de base d’un trajet entre L.A et San Francisco sera de 38 dollars, sans compter les frais de service”, cite en exemple l’entrepreneuse. Les usagers peuvent discuter entre eux via un forum pour s’entendre sur un détour possible, un changement de lieu de rendez-vous, etc. Et RideSVP veut aller plus loin dans le service en recherchant un partenariat pour pouvoir récupérer les passagers à leurs portes.
Le bon moment pour le covoiturage
Infirmière en Suisse, Hafidha Benyahia a décidé de se reconvertir et d’étudier le commerce à UCLA, il y a un peu plus de deux ans. Encouragée par son conjoint qui ne cesse d’évoquer le besoin de covoiturage, elle décide de lancer RideSVP. “Je constatais qu’il y avait un manque de réseau ferroviaire, l’avion est onéreux et le bus secoue dans tous les sens et prend beaucoup de temps”, argumente la PDG de RideSVP.
Elle n’est pas la première à avoir eu l’idée. “Une société s’était lancée en 2009 mais le marché n’était pas prêt. Depuis, il y a eu Uber et Airbnb. Les gens ont ouvert leurs maisons, ils sont prêts à partager leur voiture avec des étrangers”, assure l’habituée du covoiturage. Puis, les propositions de particuliers à particuliers émergent sur les groupes Facebook ou Craigslist, mais sans professionnalisme. Un marché donc sans concurrence, mais avec l’important défi de vulgariser le concept. “RideSVP, c’est du ride sharing, à la différence d’Uber ou Lyft”, répète la Française qui s’attend à ce que les premiers usagers soient des Européens, accoutumés au covoiturage.
Quant à la Californie, c’est un début en raison de sa position stratégique. “Cet Etat est l’endroit idéal pour lancer notre start-up, avec sa politique environnementale et la perspective des Jeux olympiques en 2028”, plaide la Française. Prochaine étape : lever des fonds pour développer le service dans le nord-ouest du pays (Portland, Vancouver), avant de s’attaquer au nord-est avec New York, Boston, Chicago et Baltimore.
Pour Hafidha Benyahia, le covoiturage est plus qu’une manière de réussir sur le sol américain. “Je m’engage à reverser une partie de nos bénéfices à une organisation environnementale.”