À 48 ans, le bistro Raoul’s accueille un petit frère. Ou plutôt une petite sœur, puisque Revelie, le nom de ce nouveau lieu, est une contraction de Reve et d’Amelie, les prénoms des deux filles du propriétaire de l’enseigne, Karim Raoul. « C’est un petit clin d’oeil à mes deux filles, mais j’ai aussi trouvé ça joli et ça me rappelle un peu ‘rêverie’, un mot que j’aime beaucoup », explique Karim Raoul, dans son beau français mâtiné d’accent américain.
Il n’aura qu’à traverser la rue pour passer d’un lieu à l’autre, puisque Revelie prendra place à son ouverture, prévue dans le courant du mois, juste en face de Raoul’s, sur Prince Street, dans la partie ouest de SoHo, tout près de la 6e avenue. Un coffee shop d’un côté, un restaurant chinois de l’autre, Revelie sera bien entouré et succèdera à Nagomi, un restaurant japonais qui a fermé ses portes durant la pandémie. « Ma fille adorait venir manger à ce restaurant, et ce même local avait également déjà été utilisé par Raoul’s dans les années 80, qui y avait installé une boucherie », confie Karim Raoul, qui a voulu recréer avec Revelie l’ambiance des Luncheonettes, ces restaurants de tous les jours qui servent des plats de tous types à des prix abordables.
« Il y a en avait beaucoup dans le quartier quand j’étais petit, raconte Karim Raoul. Tu y mangeais très simplement, pour un lunch ou un dîner sans prétention. Je voulais faire quelque chose pour le quartier, qui ne possède plus beaucoup d’endroits simples où tu peux manger à des prix abordables. » Le restaurant proposera 27 places, réparties entre le bar d’un côté et des petits box de l’autre. Il servira une carte de tous les jours, mélange de tradition américaine (burgers notamment) et d’inspiration française (boudin), élaborée par le chef du Raoul’s.
« On a voulu faire un petit mélange, avec des passages obligés, mais aussi en proposant quelque chose d’un peu français, sans choquer », développe Karim Raoul. Le restaurant sera uniquement ouvert durant le lunch pour commencer, mais devrait élargir ses horaires pour le diner après quelques semaines d’ouverture.
L’ambiance y sera bien différente de son grand frère, le célèbre Raoul’s, où il est impossible de dîner sans réservation, et qui accueille depuis le milieu des années 70 de nombreux amoureux de la gastronomie française à SoHo. Que de chemin parcouru depuis 1975, et l’ouverture de l’enseigne par les deux frères Raoul, Serge et Guy, venus d’Alsace !
« J’étais souvent au restaurant quand j’étais enfant, se souvient Karim, le fils de Serge. C’était un endroit qui me paraissait tellement adulte ! Il y avait des soirées en tout genre, complètement délurées, de nombreuses stars y passaient. Et le quartier n’avait rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Il n’y avait pas grand chose et c’était assez dangereux de s’y promener seul à la nuit tombée. À 7 heures du soir, il n’y avait plus personne dans les rues. »
Seules les enseignes lumineuses -très bistrot- de Raoul’s éclairaient alors le trottoir de Prince Street. Elles n’ont pas changé, elles sont toujours là, tout comme le fameux steak au poivre, la spécialité de l’enseigne. Avec la création de Revelie, c’est une nouvelle étape franchie par les Raoul’s, après quelques tentatives dans les années 80 (Rakel notamment dans West Village), et qui comptent bien recréer un peu l’esprit très bohème du SoHo d’antan.