Depuis les Yerba Buena Gardens, l’expansion du MOMA de San Francisco est clairement visible. Un bâtiment blanc massif surplombe désormais le musée en briques datant de 1995. L’agence d’architecture norvégienne Snøhetta a imaginé une façade faite de creux, de bosses et de lignes courbes qui rappellent le brouillard, les collines et les courants marins si caractéristiques de San Francisco.
Samedi 14 mai, après une fermeture de trois ans, le San Francisco Museum of Modern Art rouvrira ses portes au public. A l’intérieur, 43 000 mètres carrés, dont 13 500 mètres carrés de galeries. Soit le triple par rapport au précédent musée.
Le SFMOMA surpasse le MOMA de New York et devient l’un des plus grands musées d’art moderne aux Etats-Unis. Sa transformation a coûté 610 millions de dollars, financés par des entreprises et des particuliers.
Les 33 000 oeuvres se répartissent sur sept étages et terrasses. Au total, 19 expositions différentes sont installées pour la réouverture du SFMOMA. Les 5 000 tickets gratuits prévus pour le premier jour ont déjà tous été distribués, mais on peut encore prendre ses places, payantes cette fois, pour le dimanche 15 mai ou plus tard.
Malgré le gigantisme du nouveau musée, tout a été pensé pour que l’on navigue facilement d’une collection à l’autre. Les portes des ascenseurs affichent le contenu de chaque étage et des plans sont disponibles en plusieurs langues, y compris en français.
Audioguides géolocalisés
Grâce à un système de géolocalisation, les audioguides savent à tout instant où l’on se trouve et permettent d’explorer en détail les oeuvres de la salle, d’une simple pression sur l’écran tactile. Disponibles uniquement en anglais pour le moment, ils proposent également de faire une visite du musée en 40 oeuvres incontournables.
On entre dans le SFMOMA soit par 3rd street, soit par la nouvelle entrée sur Howard street, où l’on peut admirer “Sequence”, la gigantesque sculpture de Richard Serra, et un mobile de Calder qui oscille gracieusement au sommet de l’atrium.
Au deuxième niveau, les habitués du MOMA retrouveront des oeuvres familières : “No14” de Mark Rothko, “Frida and Diego Rivera” de Frida Kahlo, “Les femmes d’Alger” de Picasso, ou “Femme au chapeau” de Matisse.
Le Pritzker Center for Photography occupe le troisième niveau. C’est la plus grande galerie dédiée à la photo, avec 17 800 oeuvres, datant de 1839 à nos jours. L’exposition inaugurale est consacrée à “California and the West”, illustrée entre autres par les incontournables Ansel Adams et Dorothea Lange. La terrasse extérieure abrite un autre chef d’oeuvre: un mur végétal de 40 mètres, dont la création par le paysagiste David Brenner a pris plus de deux ans.
Les quatrième, cinquième et sixième niveaux sont dédiés à la collection Fisher. Donald et Doris Fisher, fondateurs de Gap et passionnés d’art, ont fait don de plus de 1 100 oeuvres au SFMOMA.
De l’art non figuratif de De Koonings, Guston, Ellsworth Kelly, Agnes Martin, Sol Lewitt au Pop Art de Warhol et Lichtenstein, et aux portraits géants de Chuck Close, la richesse de cette collection nous ferait passer des heures à chaque étage.
Les artistes modernes allemands ne sont pas en reste: les peintures sur photos de Gerhard Richter sont fascinantes, tout comme l’avion en plomb, oeuvre d’Anselm Kiefer baptisée “Melancholia”, et les photos de Thomas Struth.
Le dernier niveau est réservé à des oeuvres plus contemporaines, des ballons de basket en lévitation de Jeff Koons aux installations lumineuses de Doug Aitken.
Quatre heures n’auront pas suffi à visiter tout le musée en détail, d’autant que les nombreuses terrasses et les deux cafés invitent à la contemplation. Contrairement à son prédécesseur, le SFMOMA est très ouvert sur l’extérieur, avec de nombreuses fenêtres donnant sur la ville, comme des respirations entre les différentes galeries.
Le “membership” s’avère judicieux pour pouvoir revenir et prendre son temps. L’entrée est en effet à 25 dollars par personne, tandis que l’abonnement annuel revient à 100 dollars pour deux adultes. Les moins de 18 ans entrent gratuitement.