De capitaine de voilier à patron d’entreprise, il n’y a qu’un pas. Renaud Laplanche s’adonne à ces deux activités depuis des années, mais c’est dans le domaine du business qu’il a emporté le plus de trophées.
Avec Lending Club, ce Français installé à San Francisco s’est fixé un horizon : « transformer la totalité du système bancaire ». Il se dit empreint de la confiance tranquille du skipper, certain que son produit – le peer-to-peer lending, le prêt entre particuliers sur internet – est l’avenir du crédit.
Sa start-up, qui emploie aujourd’hui 500 personnes, est devenue le pilier de ce jeune marché, s’attirant les grâces des plus puissants fonds d’investissements, de Google (qui y a investi 125 millions), et les regards de tout Wall Street. Depuis sa création en 2007, Lending Club a prêté 4 milliards de dollars – un chiffre qui a doublé tous les ans. La semaine dernière, l’entreprise a annoncé une levée de fonds de 115 millions, et l’achat pour 140 millions de Springstone, une société de crédit spécialisée dans les dépenses médicales et éducatives.
« Sur les crédits consommation de refinancement de dettes, notre principal produit, nous pouvons offrir des taux de 12-13%, quand les banques prennent 18%. Comme nous opérons comme une place de marché en ligne, et n’avons pas tous les coûts de fonctionnement des banques, nous pouvons être moins chers (…) Notre objectif, c’est de nous ouvrir petit à petit à d’autres types de crédits, afin de transformer toute l’industrie », raconte-t-il. Le mois dernier, Lending Club s’est ainsi ouvert aux petites entreprises.
Et pour prendre la tête de la course, on peut faire confiance à Renaud Laplanche. Né à Paris, scolarisé à Hyères, il a passé sa jeunesse dans les régates de voile, et remporté le championnat de France de laser à deux reprises. Après des études de droit à l’université de Montpelier, il intègre un cabinet d’avocats anglo-saxon à Paris, puis à New York. De là, il créée en 2000 Matchpoint, un logiciel pour entreprises permettant d’effectuer des recherches très précises, qu’il revend en 2005 à Oracle, empochant plusieurs millions.
Renaud Laplanche a lancé Lending Club en 2007, éberlué par les tarifs proposés par les banques pour les crédits à la consommation. Il imaginait alors un monde avec moins d’intermédiaires, où consommateurs et prêteurs seraient gagnants.
Ses prochaines étapes ? D’abord réussir l’entrée en bourse de Lending Club, annoncée pour cette année – on parle d’une valorisation à 3,8 milliards.
Ensuite, triompher à la prochaine Transpac, course de voiliers transpacifique. « L’année dernière, notre trimaran a gagné la course, mais nous n’avons pas remporté le record du meilleur temps, à deux heures près. C’est devenu mon objectif. » Pour cela, il maintient son pied marin en emmenant le week-end sa femme, américano-ukrainienne, et ses deux enfants de trois et six ans à bord de l’un de ses voiliers. « La baie de San Francisco est un endroit superbe pour naviguer. »