Vous rappelez-vous de cette matinée mouvementée où, à quelques minutes d’un rendez-vous professionnel, vous avez cherché dans les rues de Paris une solution pour pouvoir faire briller vos chaussures ? En vain. Une telle mésaventure ne se serait jamais produite à New York ou ailleurs aux Etats-Unis, où les cireurs de chaussures sont légion dans les rues, les supermarchés ou à l’aéroport. Pourquoi? C’est la question bête de la semaine.
Un petit peu d’histoire pour commencer: les stands de cirage de chaussures ont fait leur apparition au XIXeme siècle aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, en pleine révolution industrielle. Dans l’histoire de la chaussure, cette période a correspondu à une explosion du marché. L’augmentation du nombre de chaussures en circulation, conjuguée au développement des produits de cirage, a mécaniquement conduit à une prolifération des cireurs de rue, notamment dans les grands bastions industriels qu’étaient Chicago et New York à l’époque.
L’éditorialiste du New York Times Roger Cohen s’est demandé pourquoi la mayonnaise du cirage de rue avait pris aux Etats-Unis et pas en France. Tandis qu’en France, se faire « cirer les pompes » reste, à en croire l’expression, particulièrement mal vu, la pratique est monnaie courante aux Etats-Unis. Un détail fondamental selon le journaliste, pour qui « il existe deux types de sociétés : celles où vous pouvez vous faire cirer les chaussures, et celles où vous ne le pouvez pas ».
Dans un article intitulé «The politics of the shoe shine », le journaliste rappelle l’importance d’une telle distinction. «Si vous ne trouvez pas de cireur de chaussures, vous vous trouvez probablement dans une société ayant un fort sens de l’égalitarisme et de la solidarité sociale, avec un Etat fort, un filet de sécurité, un haut taux d’imposition, et de chômage ». Comprenez, « une société européenne, comme la France où l’Allemagne ».
Inversement, Roger Cohen estime qu’une ville où il est possible de faire cirer ses chaussures correspond à une société avec « peu de chômage et de sécurité sociale, une société où le capitalisme est plus cruel et plus vital. » Une société, en bref, « semblable à l’Amérique ».
La pratique ne collerait pas avec le discours d’égalité porté par l’Hexagone. « L’idée de voir quelqu’un prostré aux pieds d’un client heurte l’esprit égalitaire français, cela ne colle simplement pas aux idées de 1789 » affirme le journaliste. Aux Etats-Unis, le cirage de chaussures porte, au contraire, un message «de libre-entreprise et d’opportunisme marchand » qui rassure l’esprit américain.
On peut aussi trouver une réponse dans l’ouvrage La logique de l’honneur du chercheur français Philippe d’Iribarne. L’auteur explique que le système économique américain trouve directement son origine dans « l’histoire des Etats Unis et notamment dans la création d’une société de marchands mués par la religion des Pères fondateurs ». Ainsi, les cireurs de chaussures font directement écho à une « société héritée des marchands puritains du XVIIIème siècle » et pour laquelle le contrat « est un engagement moral ».
Inversement, le système français repose, selon l’auteur, sur une logique d’honneur, où “la relation au travail est donc affective, emprunte de fierté et d’amour propre.” D’où notamment, cette distinction très française, entre les métiers dits “intellectuels” et “manuels” , et dont le “cirage de chaussures” représente l’un des échelons les plus bas.
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Ou “Comment tenter de transformer sa condition de Ducon en regne de Milord” en 8 volumes :
1/ Se faire cirer les chaussures par des “Small people”
2/ Se faire laver sa voiture par des “Brigades de small people”
3/ Se faire garer sa voiture par des “Small people”
4/ Se faire porter ses bagages par des “Small people”
5/ Se faire empaqueter ses courses au supermarche par des “Small people”
6/ Se faire livrer son eau a domicile par des “Small people”.
7/ Se faire livrer sa bouffe (Qu’on n’est meme pas capable de se preparer soi-meme) par des “Small people”
8/ Avoir les feuilles mortes, dans la cour, expediees dans la rue a coup de souffleur par des “Small people”
(Feuilles souvent non collectees donc ramenees par le vent dans la cour de l’idiot dans les 4 h qui suivent)
Tout ceci fait beaucoup de “Small people” pour servir les Milords, oops, ah, c’est vrai, uniquement donner l’impression a des tordus d’etre des Milords..
Ca rappelle etrangement une certaine epoque dans ce meme pays, non ?
Disons aussi que ca favorise la paresse des milords pretendants, ainsi apres quelques annees habitues a se faire servir, ils ne sont ni capables de changer une roue de voiture, ni meme de garer cette meme voiture en creneau, ni capable d’aucune action manuelle ou sexuelle, comme tout etre humain normal.
Bon, alors, finalement est-ce qu’il ne vaut pas mieux etre “Small people” ?
Alors, si comme l’article le cite, “Aux U.S ca rassure l’esprit et c’est considere comme un message de libre entreprise et d’opportunisme marchand”, il faut peu pour rassurer les esprits car ces gaillards a l’esprit rassure devraient ouvrir les yeux : pas un seul marchand de rue ou cireur de chaussures ne travaille pour lui-meme, il est exploite tout comme un laveur d’auto, un valet de parking, etc..
Ca n’est pas seulement une question de metier manuel ou intellectuel mais dabord une question de gestion de ces metiers et ensuite d’amour propre des Americains en general. Et aussi une question d’admettre la realite sans chercher des pretextes qui puissent justifier les inegalites et discriminations.
Personnellement, je n’ai aucun scrupule à me faire cirer les bottes par un “small people”. Il est là pour cela et veut bosser, et moi il n’est pas question que je me salisse les mains… alors assise confortablement, j’attends que le “small people” m’astique les bottes.
Il y en un en bas de chez moi, ou je vais très souvent, et c’est vrai que l’on peut y voir un cliché, moi la jeune bourgeoise blonde qui se fait cirer les bottes par un vieux cireur black très usé. En plus, bien que je porte souvent des bottes à 1000$, par jeu, j’ai négocié le prix de sa tache à un prix fixe un peu au dessous de celui pour les chaussures, mais il pensait être gagnant car c’était l’été. Ce qui me fait rire, c’est que le pauvre bougre est maintenant obligé de se décarcasser à astiquer mes bottes et même mes cuissardes, et sans les négliger, j’y veille. Et seulement pour quelques dollars !
Au fond, c’est peut être bien ainsi que certains de ces “small people”
parviennent à réaliser ce “rêve américain”. Faire des métiers que en
hexagone certains trouveraient dégradants, loin de l’esprit égalitaire
de nos révolutionnaires, mais que les américains trouvent opportunistes,
leur donnant l’espoir d’un avenir meilleur pour eux et leur famille.
Différence culturelle…
Donc “Reve americain” ou “Illusion” ?
Je pense que ca n’est pas seulement une question de metier degradant ou non, mais surtout de ce que ce metier rapporte en terme de finances a celui ou celle qui l’exerce.
Pensez-vous que les laveurs de voiture, cireurs de chaussures.. etc, gagnent un vrai salaire ?*
Il est vrai, que la difference culturelle existe aussi et fait parfois “Reagir orageusement”. face a la presentation de certains metiers peu valorisants aux yeux de ceux qui se font cirer les chaussures, etc..
Les Americains ne les jugent pas opportunistes, meme s’il le pretendent. Car ca ne sont que tres rarement eux qui les exercent donc ils les jugent de l’exterieur de l’oeil du client des cireurs de chaussures. Les ouvriers qui exercent de tels metiers les jugent parfois opportunistes. ils peuvent etre des metiers opportunistes dans une proportion extrement faible. Soyons realistes.
* Vrai salaires compares aux salaires locaux, non pas compares aux salaires en vigueur dans d’autres pays. Car le cout de la vie local est a prendre en compte pour vivre avec de tels tips., pas le cout de la vie dans d’autres pays.
Combien de ces personnes reussissent a realiser leur reve americain ? Donc est-ce bien ainsi ?
“pas un seul marchand de rue ou cireur de chaussures ne travaille pour lui-meme, il est exploite tout comme un laveur d’auto, un valet de parking, etc..”
—Idée bien française, et fausse. j’ai connue deux cireurs au EU. Un vieil homme à Los Angeles. Il aimait son boulot. il habitait le ghetto. son fils avait joué au foot américain à UCLA. l’année où je l’ai connu son fils a eu son premier contrat pro. Ça lui a value plusieurs millions. il a acheté une maison pour son père qui continuait à cirer. le deuxième cireur j’ai rencontré bien d’années après. un gros bonhomme noire. je lui ai raconté l’histoire du cireur à LA. il m’a dit, “je n’ai pas honte de mon job. j’ai commencé comme ça. maintenant j’ai trois boutiques, cinq mecs qui travaillent pour moi, et tu vois ça (m’indiquant la belle nouvelle mercedez en face)? elle est à moi.