Si vous avez l’impression de ne jamais voir le fond de votre assiette aux Etats-Unis, sachez que vous n’êtes pas seul. Ici, les portions dans les fast food ou le restaurant moyen peuvent paraitre gargantuesques. Pourquoi? C’est la question bête de la semaine.
“C’est la démesure de l’Amérique, explique Claude Godard, chef et gérant du restaurant Madison Bistro, et les gens aiment bien repartir avec quelque chose. On mange, on mange, on mange mais on ne fait pas très attention à tout ce qui peut être bon ou mauvais dans la portion” .
Quand il est arrivé à New York, il y a seize ans, la question des tailles l’a interpellé. “J’ai essayé d’implanter directement la culture française dans le restaurant mais je me suis très vite aperçu qu’il fallait en mettre plus dans les assiettes qu’en France… Sinon, les clients se plaignaient.” Et même s’il remarque une prise de conscience ces dernières années, les proportions restent colossales.
Le site Mother Jones a ressorti ce comparatif USA vs Japon dans un article de 2012:
Les hivers rigoureux?
Une histoire culturelle, de mentalité, mais pas uniquement… Selon Georges Forgeois, propriétaire de nombreux établissements français à New York, il s’agit aussi d’une question de climat, en tout cas dans les campagnes où les hivers étaient rigoureux autrefois. “Les hivers étant rudes en général aux États-Unis, il fallait des portions énormes. Avec le temps, ils ont migré vers les villes, explique-t-il. Et puis dans la tête des Américains, les portions doivent être consistantes, et comme ils ne font plus beaucoup de travail physique, ils emmagasinent du gras.”
“Supersizing” ou le “too much food” à l’américaine
Donner plus qu’on ne peut en manger n’est pas nouveau pour les restaurants américains. Ils y sont habitués depuis les années 60. La faute à un certain David Wallerstein, qui a inventé la redoutable technique marketing du “supersizing”, employée pour vendre toujours plus de nourriture.
Cet Américain, qui a fait carrière dans l’industrie du spectacle, a aussi introduit le pop corn beurré dans les cinémas. Lorsqu’il était au conseil d’administration de McDonald’s, c’est lui qui a eu l’idée d’ajouter les grandes barquettes de frites au menu.
Pour Laurence Lardon, auteure de Réduire la taille des portions : Les guerres alimentaires aux États-Unis, sorti en 2014, le “supersizing” a été “rendu possible par l’adoption d’une nouvelle politique agricole qui subventionne la production de maïs et de soja. Son succès tient aussi à la baisse du niveau de vie des petites classes moyennes et l’apparition des « travailleurs pauvres » qui ne peuvent s’offrir qu’une nourriture de mauvaise qualité.”
Le problème? Les consommateurs semblent s’être habitués à cette démesure, comme le montre la levée de boucliers à New York en 2012 contre le projet de l’ancien maire de la ville, Michael Bloomberg, de sanctionner la vente de boissons sucrées de grandes tailles.
En outre, les Américains qui vont au fast-food consomment plus que l’apport nutritionnel dont ils ont besoin:
Pour rappel, l’obésité touche 27,7 % de la population aux États-Unis. Le “supersizing” en est l’une des causes avec le manque de sommeil et d’exercice, ou la consommation d’aliments trop gras. Sur ce, c’est l’heure de finir votre assiette!
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Il y a aussi un aspect commercial: la nourriture a moins augmenté que les salaires, Donc pour justifier l’augmentation du repas (fastfood et autres) on augmente les portions (peu d’impact sur le coût, mais un plus pour les benefs!!)
BLM San Francisco