Cette année, Français et Américains célèbrent ensemble le 75e anniversaire du train de la reconnaissance française, le French Gratitude Train. Une histoire de gratitude intimement liée à celle d’un formidable élan de solidarité et qui a marqué les relations franco-américaines.
L’histoire débute en 1947, lorsqu’un mouvement de solidarité envers une Europe déchue et ravagée par cinq ans de guerre se met en place sur le territoire américain. Le point de départ, c’est un article du quotidien Merry Go Round dans lequel le journaliste Drew Pearson évoque la possibilité que les États-Unis viennent en aide à l’Europe, principalement la France et l’Italie. Cette idée est rapidement relayée par de nombreux journaux américains, aboutissant à la mise en place du Friendship Train, un train qui reliera Los Angeles à la ville de New York avec, pour objectif, de récolter des vivres pour le peuple français. « En moins de 60 jours, les Américains se sont mobilisés pour rassembler nourriture, fuel, médicaments et vêtements, et c’est comme ça que la dizaine de wagons qui avait quitté la Californie s’est transformée en 700 wagons floqués de l’inscription « Vive la France » », raconte David Knutson, grand chef de gare de la grande voiture du Texas. Le convoi arrivera en France le 18 décembre 1947, quelques jours avant Noël.
Le train de la reconnaissance, c’est la réponse un peu plus d’un an après du peuple français à ce mouvement de solidarité sans précédents. Sur l’idée d’André Picard, un vétéran employé de la SNCF, les Français se mobilisent pour renvoyer un train rempli de cadeaux en guise de reconnaissance à l’égard du peuple américain. L’engouement du peuple français est tel que ce sont finalement 49 wagons, un pour chaque État de l’époque – ainsi qu’un conteneur que se partageront Washington et Hawaï – qui seront chargés à bord du Magellan pour rejoindre New York le 3 février 1949 (images INA du départ Gare Montparnasse).
Au total, ce sont plus de 52.000 cadeaux qui seront récoltés et accueillis par les Américains lors de grandes cérémonies organisées dans chaque État. Les dons viennent de particuliers, d’entreprises et de communes, et incluent des objets aussi insolites qu’une cloche récupérée dans les ruines de la cathédrale de Reims, des poupées de Paris, des robes de soie de Lyon, des gravures, des sabres, des répliques de voitures de l’époque, et bien d’autres surprises. Beaucoup de ces présents seront mis aux enchères, tandis que d’autres sont exposés dans des musées aux quatre coins du pays.
L’histoire du train de la reconnaissance, c’est aussi celle du choix de wagons symboliques pour l’envoi des cadeaux. « Les Français décident d’utiliser des “Forty and Eight”, des wagons bien connus des doughboys américains qui avaient servi à déplacer de nombreux soldats américains pendant la première guerre mondiale et qui pouvaient accueillir 40 hommes ou 8 chevaux », explique David Knutson qui œuvre à la conservation du boxcar texan au sein de l’association de la Société des Quarante Hommes et Huit Chevaux. « Chaque wagon est décoré de 40 des armoiries françaises ainsi que du symbole du train de la reconnaissance représentant l’avant d’une locomotive à vapeur décorée de fleurs typiques des Flandres dans lesquelles sont enterrés de nombreux soldats américains venus combattre en France lors de la première guerre mondiale. »
L’histoire est commémorée dans plusieurs villes aux États-Unis comme à Austin, au Texas : la Société des Quarante Hommes et Huit Chevaux organisera une cérémonie le vendredi 22 mars au Texas Military Forces Museum où est entreposé le « 40 & 8 » texan depuis 2014. S’ensuivra l’inauguration d’une exposition au Capitol visitor center dans lequel seront exposés quelques-uns des cadeaux reçus en 1949 jusqu’a fin juillet.