Shangaï, Paris, Los Angeles, Londres, Tokyo, Madrid… Depuis quelques années, les peintures de Claire Tabouret sont exposées à travers le monde à un rythme frénétique. Mais c’est dans la cité des anges que l’artiste française, née en 1981, a posé ses valises depuis 2015. Et elle présente sa deuxième exposition dans sa ville d’adoption, intitulée “The Pull of The Sun” jusqu’au 21 mars. “C’est pour moi l’occasion de partager mon travail avec mon entourage”, affirme-t-elle.
Des proches que la plasticienne a décidé de représenter sur des oeuvres de petits et moyens formats, cette fois. “Je réactive la première représentation de la peinture, la figuration par le portrait”, détaille celle qui a voulu offrir une exposition plus “intime”. A l’instar du sujet, réalisé à partir de photographies personnelles, la palette de l’artiste évolue dans cette série, utilisant des couleurs plus criardes, et jouant sur les contrastes entre ombre et lumière. Ainsi, les personnes qu’elle aime, représentées sur un fond fluorescent, semblent irradiées par la lumière.
Le sujet, toujours figuratif et énigmatique, sera tout autre lors de sa prochaine exposition, en mai, en Corée du Sud ; ou celle prévue à Tokyo en septembre.
Repérée par François Pinault
Originaire du Vaucluse, Claire Tabouret est une artiste née, même si le succès s’est fait attendre. “Enfant, je peignais… J’étais attirée par les musées comme un aimant magnétique”, se souvient la plasticienne. Animée par cette passion, elle suit alors la formation des Beaux-Arts. Pendant une dizaine d’années, la Française va aller de petits boulots en petits boulots, peignant sur son temps libre des situations imaginaires et psychologiques. Elle tâtonne, cherche son style, comme des galeries où exposer. Jusqu’à ce qu’un collectionneur, alias le milliardaire François Pinault (Kering), jette son dévolu sur ses toiles figuratives et engagées parlant de l’enfance. L’effet est immédiat : ses tableaux se vendent comme des petits pains. “Les choses se sont enchaînées de manière trépidante, j’ai pu exposer dans de grandes galeries”, admet-elle.
En 2015, alors que sa carrière explose, elle a le désir de déménager, de recommencer ailleurs. “C’était quelque chose de très impulsif, une envie d’aller vers l’inconnu.” Car elle ne connaît rien, ni personne à Los Angeles. Seulement sa réputation d’une ville dynamique artistiquement. Une expatriation qui lui convient immédiatement, l’artiste française étant séduite par l’espace qu’offre la ville, et notamment celui de son atelier à Atwater Village. “Ici, la solitude peut être choisie, la ville est à la fois calme et foisonnante”, avoue-t-elle.
Professionnellement, ce choix la remet au pied du mur, chamboule ses acquis, tout en lui ouvrant les portes de nombre de galeries américaines.
“Je considère les peintures comme mes enfants”
Un bouleversement nécessaire dans sa quête d’artiste. La peinture, elle en parle d’ailleurs comme d’une évidence : “c’est un besoin quotidien. Dès le réveil, ma raison d’être est de peindre.” Plus que cela, “elle offre une manière de comprendre le monde qui m’entoure, une recherche de l’infini. J’ai la chance énorme qu’elle résonne auprès d’autres personnes.”
Dans ces peintures à l’aspect autobiographique, elle essaie de retranscrire les relations humaines, qu’elles réfèrent à l’individu dans le groupe, au couple ou aux rapports de domination. “Je considère les peintures comme mes enfants, ils ont tous une raison d’être, même ceux qui sont imparfaits.”
Et la Française de 38 ans veut s’ouvrir à d’autres media. Elle travaille sur un projet de livre, une rétrospective de ces dix dernières années, ainsi que sur deux collaborations dans la mode – attendues en septembre. “J’ai une volonté de me diversifier, de faire sortir la peinture du cadre du tableau et du milieu de l’art pour l’amener dans la rue”, argumente Claire Tabouret. “Une des responsabilités de l’artiste est d’offrir un contenu dans les images qui ait du sens.”