« Venir jouer à New York, j’y pensais depuis longtemps, mais seulement en rêve ».
Un peu ému mais surtout très impatient. A 48 ans, Alain Buttingier va venir pour la première fois à New-York interpréter un de ses spectacles. Une programmation qui doit tout au hasard de la vie. « Un ami que je n’avais pas vu depuis 15 ans m’a contacté il y a quelques semaines.
Il souhaitait que je vienne jouer dans son café-concert. C’est le genre de proposition qu’on ne refuse pas » raconte le comédien. Son spectacle, « western solo », singe les vieux westerns spaghettis et autres clichés du Far West. « J’ai hâte de voir la réaction des New-Yorkais car c’est leur culture que je parodie, mais je ne me fais pas trop de souci » s’amuse l’humoriste. Ce sont plutôt des problèmes d‘ordre techniques qui le préoccupent. « J‘ai besoin d’une salle calme car mon spectacle est entièrement visuel. Or je ne sais pas quelles sont les habitudes New-Yorkaises en la matière ».
Avec « western solo », Alain Buttigier remet le mime au goût du jour. Durant plus d’une heure, il incarne une série de personnages, allant du shérif aux Indiens, en passant par l‘interprétation d’objet comme le révolver. «Mon spectacle c’est en quelque sorte un film muet avec en prime de la musique et des sous-titres en anglais qui apparaissent grâce à un rétroprojecteur» explique le comédien.
Un humour international
Pour ce Parisien, admiratif des Devos et autre Coluche, « Western solo » était un pari osé. « Même si j’étais timide, j’ai toujours voulu monter sur les planches. Pourtant je ne pensais pas que je me lancerais un jour dans le mime » avoue le comédien. « C’est grâce au concours de mes amis que ce spectacle a vu le jour. Nous l’avons co-écrit à trois en 1990. Ca nous a demandé un an de travail ».
Pari gagné avec, à la clef, plusieurs représentations au festival d’Avignon en 1994, une tournée en France et une moisson de prix récolté. De cette époque, Alain Buttigier, se rappelle les « fabuleux moments » à jouer dans la France entière mais aussi les moments de « galères » comme ce passage au festival de Montreuil où « il a fallu jouer à minuit devant des spectateurs endormis ». Avec le succès, l’ambition arrive aussi. Celle de faire rire en dehors des frontières hexagonales. En 1996, Alain Buttigier entame une tournée à l’étranger riche en émotion. « J’ai joué dans plusieurs pays francophones africains. C’était passionnant mais un peu délicat car ils n’avaient pas de culture western. Du coup, ils n’ont pas trop accroché ». L’Europe lui a réservé un accueil plus favorable. « Que ce soit à Edimburg, à Londres ou en Allemagne, les gens riaient beaucoup. C’est ça qui m’a plu : savoir que l’humour dépasse les frontières et que je peux faire rire d’autre nationalités ».
Et maintenant, il parle
L’étiquette de mime a pourtant était dur à porter pour le comédien car trop restrictive. « Une fois que l’on est mime, les gens pensent que l’on ne peut rien faire d’autre. Je me suis donc mis à parler pour ne pas rester trop underground ». C’est de ce constat qu’est né « Gourou » en 1997. Un spectacle « transitoire » fait de mimes mais aussi de textes. Alain Buttigier y incarne, avec dérision, un gourou bourré d’incertitudes. « Ca n’a pas était facile car je n’avais pas de références mais j’aime me questionner sur la condition humaine en général ».
C’est alors tout naturellement que son troisième spectacle « Alain Buttigier show » a vu le jour en 2002. « Je parle d’un homme qui ne souhaite pas faire un deuxième enfant à sa femme. La, c’est vraiment autobiographique. J’aime parler de l’affect et de la vie privée car c’est ce qui touche les gens». Un spectacle fait uniquement de textes mais aussi de mimiques dont le comédien raffole. « Je me sens plus libre dans un spectacle parlé. Pourtant, je ne peux pas oublier complètement le mime, c’est ma matière première ». Alain Buttigier interprétera une partie de ce dernier spectacle à Brooklyn. Et en anglais dans le texte.
Prof de théâtre à ses heures perdues, il est devenu à son tour élève en apprenant la langue de Shakespeare depuis quelques semaines. Le comédien compte d’ailleurs bien mettre à profit sa tournée dans la Big Apple. « Je vais emmener quelques DVD de mes spectacles. On ne sait jamais, si je tombe sur un producteur intéressé ». Une version western du rêve américain en quelque sorte.
258 wythe avenue New-York, Brooklyn
Tel: 7182186934
Dates: les 26 27 28 29 30 juin
8 PM
Free admission