Le pari est lancé pour les ingénieurs aéronautiques du monde entier: ils ont cinq ans pour concevoir, fabriquer et faire voler le premier engin capable de relier l’Europe et les Etats Unis en moins d’une heure. La récompense? 10 à 25 millions de Dollars, et un bond technologique sans précédent pour le secteur des transports. La V-Prize Foundation va, en effet, lancer début 2008 un prix important récompensant le premier engin qui rejoindra l’Europe, à partir de la Virginie, en moins d’une heure. Le choix de la Virginie ne s’est pas fait par hasard: il existe dans cet Etat une loi, le Space Flight Liability and Immunity Act, qui stipule qu’en cas d’accident touchant des passagers consentants au cours d’un vol expérimental, l’entreprise responsable ne fera pas l’objet de poursuites judiciaires. Des conditions juridiques un peu farfelues, mais qui présentent, pour le coup, l’avantage de stimuler les entreprises privées intéressées par le projet, sans risquer de tout perdre en cas d’échec. D’autant plus que la loi expire le 1er juillet 2013, ce qui constitue, de fait, la date d’expiration du concours.
Tourisme spatial
Le V-Prize s’inspire directement d’un prix du même type, le Ansari X-Prize (voir vidéo ci-dessous). En 2004, un engin de la société ScaledComposites a réussi à dépasser les 100km d’altitude à deux reprises, permettant à ses concepteurs d’emporter la somme de 10 millions de dollars mise en jeu.
La voie du tourisme spatial était ouverte, aussitôt explorée par quelques pionniers comme Richard Branson et sa compagnie Virgin Galactic, qui a l’ambition de devenir “la première compagnie spatiale”. Pour l’heure, le tourisme spatial consiste à partir d’un point A pour revenir à ce point A après avoir été en orbite quelques minutes. Le V-Prize va plus loin, en posant comme défi de partir d’un point A pour aller à un point B, en l’occurrence la Virginie et un pays d’Europe, encore indéterminé. Si l’expérience était concluante, elle ouvrirait la voie à la mise en place de lignes commerciales ultra-rapides entre plusieurs continents, évidemment réservée à une clientèle très riche.
Défi
Néanmoins, avons nous les technologies disponibles pour réaliser un tel projet? Interrogé par le Journal du Dimanche, l’ingénieur du Cnes (Centre National d’Etudes Spatiales) Christophe Bonnal pointe d’abord le problème “des chaleurs engendrées par la rentrée atmosphérique“. Si la technologie permettant de protéger les vaisseaux contre la chaleur existe, celle-ci semble encore trop onéreuse et assez mal maîtrisée. Quand bien même le problème de la chaleur serait réglé, il resterait celui de la résistance physique des passagers à des accélarations de “8, 9 ou 10G au moment de la rentrée atmosphérique“, donnant aux voyageurs l’impression de peser huit à dix fois plus lourd que leur poids naturel!
C’est là tout le défi que devront relever les challengers du V-Prize. Alors, on peut se prendre à rêver d’un voyage Paris-New York à plus de 6000km/h, suivant une trajectoire parabolique dans l’espace, offrant aux voyageurs plusieurs minutes d’apesanteur et une vue imprenable sur la Terre, avant de redescendre et de se poser comme un planeur sur la piste de JFK, La Guardia ou Newark. Le tout une heure après avoir décollé de Roissy.
L’échéance de cinq ans paraît courte, tant le pari est énorme, et concerne une activité à haut-risques: en juillet dernier, une explosion faisait trois morts et trois blessés graves sur les installations du constructeur de la future fusée commerciale SpaceShipTwo, dans laquelle avaient investi Burt Rutan, le fondateur de Scaled Composites, et le Britannique, Richard Branson, patron de Virgin.
Cette vidéo promotionnelle de Virgin Galactics nous montre à quoi ressemblerait un Paris-New York en une heure: mouvementé!
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personne ne parle de l’impact écologique d’une telle entreprise ?