Emmanuel Guisset rêvait de déplacer les espaces de coworking des centres-villes aux bords de l’Océan. Pour mêler nature, découvertes et travail, il a créé début 2014 Outsite, à Santa Cruz, à une centaine de kilomètres au sud de San Francisco. Il se prépare à ouvrir une seconde antenne la semaine prochaine près de San Diego.
Arrivé de Belgique il y a cinq ans, Emmanuel Guisset a commencé par rouler sa bosse dans le monde du tourisme. « Je vivais à Santa Cruz et je travaillais à distance pour une entreprise de San Jose, mais niveau social, ce n’était pas grandiose. Je suis allé chercher de l’inspiration dans les espaces de coworking et de coliving qui pullulent à San Francisco. »
Lui vient alors l’idée d’importer un concept similaire, mais à la plage. Quelques mois plus tard, Outsite Santa Cruz est né. « L’idée est de s’évader quelques jours dans des endroits magnifiques, en restant productif. »
Il n’est pas le seul à proposer ce type de concept. Ailleurs dans le monde, Nomad House, un start-up montée par le Français Arthur Itey, propose des espaces à la fois de co-working et de co-living à Bali pour des travailleurs indépendants ou à distance. The Blue House, également monté par une Française au Maroc, héberge des start-ups pour deux semaines à un mois dans un village de surfeurs. Livit Spaces, en Indonésie, et The Surf Office, dans les îles Canaries, misent aussi sur cette tendance.
Pourquoi Santa Cruz ? « Je pourrais vous en parler des heures. C’est la capitale du surf, du VTT et de la randonnée, affirme Emmanuel Guisset. Il y a tant de choses à faire, et tout cela à 1h30 du bruit de San Francisco. Je ne m’y suis pas trompé, ça marche. C’est une ville en pleine expansion, notamment par sa proximité avec la Silicon Valley, mais sans la démesure immobilière actuelle. »
Surf, yoga et « high speed Internet »
Lors de notre passage, Haical, un photographe brésilien nous explique ce qu’il est venu chercher. « Je ne peux pas travailler dans l’enfer des villes, mais j’ai besoin d’être stimulé et de nouer des contacts. Le concept m’a tout de suite plu ; de chouettes rencontres humaines avec des profils aussi variés qu’un développeur -qui a vainement tenté de m’expliquer ce qu’il faisait – ou un avocat de New-York. »
Pour décrire Outsite, ceux que nous interrogeons emploient à peu près le même adjectif : familial. Haical confirme : « C’est un peu comme une maison et l’espace dispose d’une excellente connexion Internet pour travailler. C’est loin d’être le cas dans les motels que je fréquente généralement. »
D’une capacité de 14 personnes pour Santa Cruz et 20 pour San Diego, Outsite se veut relativement accessible. « Nous demandons $65 par nuit en chambre partagée, $30 de plus pour une chambre privée. Et pour louer l’ensemble de la maison, c’est $1000 par nuit. » Une seule règle : minimum trois nuits, « ce qui permet de mieux connaître ceux qui passent ici. »
Fier de son slogan « get away, get focused », Emmanuel Guisset est satisfait du retour des voyageurs. « Les visiteurs comprennent immédiatement ce que nous faisons : mêler le séjour, les activités en nature et le travail en communauté. Nous ne sommes pas sur tous les sites de réservation, parce que nous ne voulons pas accepter le tout-venant. On a reçu des journalistes, des écrivains, des restaurateurs, beaucoup de développeurs, le CEO de Booking.com, le patron d’Odesk aussi. » Pas vraiment des baroudeurs fauchés de passage. « Non, ce n’est pas l’esprit backpacker qui domine ici, on offre un luxe… certain. C’est aussi notre marque de fabrique.»
Prochaine étape : Encinitas. L’ouverte d’Outsite est prévue pour le 15 juin. « Nous avons choisi Encinitas, à 30 minutes du centre de San Diego, car c’est une capitale du surf, mais aussi du yoga. Et la ville est baignée de soleil, toute l’année. »
Jusqu’ici, Outsite s’est lancé sur fonds propres, sans l’intervention de business angels, même si Emmanuel Guisset avoue y songer pour la prochaine étape. La destination est d’ailleurs connue. Changement de décor. « Je compte ouvrir un établissement à Tahoe. Ce sera pour l’hiver prochain. Et puis, pourquoi pas Hawaii ? »