Elaine Sciolino, dans le New York Times, titre sur la “diplomatie réservée” (demure diplomacy). La diplomatie réservée, c’est celle pratiquée par Carla Bruni, lorsqu’elle est en voyage officiel, par exemple au Burkina-Faso la semaine dernière pour visiter des hôpitaux et des orphelinats. A cette occasion, la journaliste se fend d’un portrait people et intime de la première dame de France. Elle raconte que cette dernière adore Sean Connery, prépare à manger à son fils tous les midis, surveille la ligne de Nicolas Sarkozy, entre autres petites choses de la vie. Surtout, Elaine Scioliono souligne sa transformation de femme libre des beaux quartiers en ambassadrice du politiquement correct. Jusqu’à présent, le résultat est positif: une cote de popularité inégalée en France et à l’étranger, faisant d’elle la meilleure égérie du soft power français. Mais il lui manque encore quelque chose de crucial: l’expérience du terrain humanitaire. De la bonne volonté, mais des progrès à confirmer… conclut la journaliste.
De son coté, Nicolas Sarkozy était en Irak. Amir Taheri, chroniqueur au New York Post, revient sur sa visite surprise à Bagdad dans une analyse publiée dans un blog spécialisé sur les questions sécuritaires, une visite qu’il qualifie à deux reprise “d‘historique“. Après les longues années pro-Saddam sous la présidence de Jacques Chirac, c’est enfin le signe d’un changement visible, sinon un bouleversement, dans la politique étrangère de la France à l’égard de l’Irak. Amir Taheri se réjouit que le président français ait décidé de faire de l’Irak un véritable partenaire, et de l’aider à se reconstruire stratégiquement. Dans le New York Times en revanche, les correspondants Marc Santora (à Bagdad) et Alan Conwell (à Paris) font entendre un autre son de cloche. Pour eux, derrière le discours de bon samaritain de Nicolas Sarkozy, se cachent des enjeux économiques considérables, dont l’acteur coté irakien se nomme pétrole et coté français Total. Sur le plan diplomatique, ce voyage est l’occasion pour l’Irak, et son nouvel allié français, de sonner la fin l’hégémonie américaine sur la région.
Un autre cheval de bataille diplomatique de la présidence française s’appelle l’OTAN. Selon Léo Michel, chercheur à l’Institut National des Etudes Stratégiques, et dont l’analyse est publiée dans Newsweek, le défi de Nicolas Sarkozy est d’arriver à faire comprendre et accepter sa politique de “normalisation” (i.e le retour de la France dans la commandement intégré de l’OTAN) sans trahir la mémoire du général De Gaulle. L’expert et le président français s’accorde sur un point: il n’y a pas de contradiction entre l’Alliance Atlantique et une défense européenne. Une autre chose est sure pour Léo Michel: non seulement personne ne se soucie plus de la “Grandeur de la France”, mais surtout aucun pays ne se souvient si la France boycotte ou non telle ou telle instances dirigeantes de l’OTAN. La conclusion de ce dernier est donc limpide: dans ces conditions, autant coopérer, et mettre ses compétences, et celles de la France en matière militaire sont non négligeables, au service de la défense atlantique, et des grands défis du 2Ième siècle.
Après les enjeux mondiaux et européens, retour sur le terrain pour Nicolas Sarkozy, et ce terrain n’est ni très glamour ni très accommodant, explique Tracy McNicoll dans Newsweek dans un article sur le repos dominical. Comme beaucoup de journalistes américains, elle s’indigne que ce soit “contre la loi de travailler le dimanche” et n’a pas de mots assez durs contre les 35 heures. Surtout, elle souligne leur absurdité: puisque les exceptions sont de plus en plus nombreuses pour contourner cette loi, les 35 heures ne sont devenues rien d’autre qu’un imbroglio juridique, à mi-chemin entre le casse-tête et le secret de polichinelle. Mais les élites françaises, de droite comme de gauche, défendent une utopie sociale dépassée. C’est ainsi que Sarkozy s’est vu obligé de vider de sa substance la loi sur le travail le dimanche pour ne pas s’attirer les foudres de sa propre majorité. Pour elle, plus qu’à un problème économique, c’est à un problème d’attitude que la France est désormais confrontée.
Passage à une chronique société avec le Washington Post et Edward Cody qui titre sur la popularité grandissante du PACS auprès des couples hétérosexuels. Présenté comme la “voie du milieu” entre concubinage et mariage, le PACS est victime de son succès. La première raison invoquée par les couples pacsés pour justifier leur choix: des avantages fiscaux. Ils ne veulent pas de l’engagement du mariage, mais rejettent la précarité de l’union libre, notamment en cas de décès et d’héritage. En cas de séparation, le PACS épargnent les nouveaux célibataires de procédures de divorces couteuses et longues. Mais pour Edward Cody, le succès du PACS est à double tranchant. Si il signifie que ce dernier a été acceptée dans les mœurs françaises, au bénéfice à long terme des couples homosexuels; il marque le déclin de l’institution du mariage et de longues traditions familiales.