Ça y est ! Après des années de spéculations, le Musée de la Bible a ouvert ses portes à trois petits blocks du Congrès. Et quelles portes d’ailleurs ! Elles sont bardées de deux grandes dalles métalliques où sont inscrits des passages du Livre de la Genèse.
Comme si cela ne suffisait pas à donner le ton dès l’entrée, l’employé qui accueillait les visiteurs lors de notre passage s’appelait Joshua.
Le Musée de la Bible est une institution entièrement privée, financée essentiellement par le milliardaire évangélique Steve Green, qui est aussi son fondateur et président. Cet homme d’affaires, patron de la chaîne de fournitures Hobby Lobby, est une figure bien connue de la droite conservatrice américaine. Le nom de son entreprise est associé à une décision controversée de la Cour suprême en 2014 qui a autorisé les entreprises familiales comme la sienne à déroger aux lois fédérales qu’elles estiment aller contre leur religion.
Avec le Musée de la Bible, ce grand collectionneur d’objets bibliques a voulu se garder de faire de la politique – les sujets de “culture wars” comme l’homosexualité et l’avortement sont soigneusement évités – mais veut expliquer l’histoire de la Bible, son contenu et son influence. Avec un objet aussi large, il ne pouvait pas faire les choses à moitié: 500 millions de dollars ont été nécessaires pour aménager le bâtiment et construire des étages supplémentaires. Green, qui a le bras long, a fait venir de nombreuses personnalités politiques et religieuses à l’ouverture le 17 novembre.
Chaque étage du musée est consacré à un thème. Le sous-sol accueille des expositions temporaires, dont une sur le chant chrétien “Amazing Grace”. Le rez-de-chaussée contient des pièces issues de la librairie et des Musées du Vatican. Dans les étages supérieurs, on explore “l’impact de la Bible” sur la société américaine, les formes qu’ont pris les textes sacrés au fil des siècles et même une reproduction du Nazareth de Jésus qui fait le bonheur des enfants.
Le musée met le paquet sur les nouvelles technologies. Au plafond, sur les murs, dans les ascenseurs et sur des tables: d’innombrables écrans ont été installés un peu partout et diffusent en boucle des entretiens avec des chrétiens, des images de paysages et des messages dont on ne sait pas trop d’où ils sortent – qu’importe, c’est beau ! Après avoir passé cinq minutes à zieuter le plafond du hall d’entrée couvert d’un long écran où des fresques de cathédrales se succèdent, les visiteurs peuvent se réfugier dans une salle circulaire diffusant des images de Jérusalem en temps réel (elle ne fonctionnait pas le jour de notre visite). Ou enfiler des vêtements virtuels utilisant l’iconographie religieuse grâce à un outil interactif. On est accompagné en permanence, même dans les toilettes, par un fond musical un brin oppressant qui évoque la bande-annonce de “La Momie”.
Ce “spectacle” omniprésent ferait presque oublier quelques-unes des pièces rares présentées au sein du musée. Des bibles datant de l’époque des pèlerins retiennent particulièrement l’attention et une collection de manuscrits du XVème siècle renfermant des représentations de Noël aussi. Des morceaux des mythiques “manuscrits de la mer Morte” sont aussi exposés – même si leur authenticité a été remise en question par plusieurs experts. Finissez votre visite par le rooftop et son restaurant aux plats “bibliques”. Le menu aussi est sur un écran. La vue sur le Capitol et le Washington Monument est on-ne-peut-plus réelle.
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