“Il ne déclenche pas d’admiration comme le visa d’artiste, mais bon. On est quand même content de l’avoir.” “Il”, c’est le visa L-2 de Claire Saget, une Française arrivée à New York l’an dernier.
Ce visa d’accompagnant est attribué aux conjoints de titulaires de L-1, un visa de transfert attribué à l’employé d’un groupe envoyé dans une filiale américaine. Contrairement à d’autres visas, le L-2 est relativement simple à décrocher. Le demandeur doit se présenter à l’ambassade avec différents documents, dont un certificat de mariage et la preuve du transfert du conjoint. Il est valable pour la durée du L-1, soit sept ans dans le cas du L-1A (pour les cadres) ou cinq pour le L-1B (employé avec compétences spéciales) – à moins d’un licenciement. Il peut aussi être attribué aux enfants du L-1 s’ils ont moins de 21 ans.
“J’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari au Canada, lors de mes études. En rentrant, on s’est dit qu’on aimerait retourner en Amérique du Nord. La vie est bien faîte, puisque quelques semaines après nos cinq ans à Paris, il a eu l’opportunité d’être transféré à New York avec le cabinet de conseil BCG (Boston Consulting Group, ndr)” , explique la jeune femme, diplômée de Sciences po Aix. Le couple, “jeune, sans enfants” , n’a pas hésité.
Si obtenir le visa est simple – “le plus dur est le L-1” – , les complications viennent plus tard. Contrairement à d’autres visas d’accompagnants, le L-2 donne le droit à son détenteur de travailler. A condition que celui-ci obtienne un EAD (Employment Authorization Document). Celui-ci arrive en théorie trois mois après la demande. Entretemps, “légalement, on ne peut pas faire de démarches auprès des employeurs avant d’avoir obtenu le document. Ce que j’ai respecté.” Claire Saget a donc pris son mal en patience. “On trouve le temps long. J’ai fait pas mal de volontariat dans les institutions culturelles et au Central Park Conservancy. On essaye de rencontrer des gens, de se recréer un réseau professionnel, de faire des activités. ”
“On se retrouve face à LinkedIn”
Elle reçoit le “précieux sésame” en septembre 2015. Mais trouver un emploi s’avère difficile pour la Française. “Comme tous les accompagnants d’expats, il y a une période un peu dure. On est loin de la famille. Il faut rencontrer des gens, envoyer des candidatures… C’est comme pour un premier boulot en France, sauf qu’on est aux Etats-Unis. Même si le fait d’avoir fait des stages au Canada aide, New York est compétitive. Il y a beaucoup d’immigrants qui parlent français. Il faut y croire, ne pas lâcher, poursuit-elle. Et encore, j’ai de la chance. Avant 2002, les détenteurs de L-2 ne pouvaient pas travailler. Aujourd’hui, les femmes veulent avoir un travail. J’étais aussi ravie et motivée que mon mari, mais alors que lui recommence un travail tout de suite, nous on se retrouve face à LinkedIn, Internet et ses possibilités infinies. On veut de l’humain aussi. On veut pouvoir décrocher un entretien, montrer qu’on est un Français parlant bien l’anglais, qu’on peut commencer par une première mission pour avoir une première expérience aux US et prouver qu’on a sa place.”
Claire Saget termine prochainement une mission au sein de l’agence de communication ReflexGroup. Après, “les envois de CV vont recommencer. Je vais refaire marcher les contacts, essayer de reprendre une mission de quelques mois… On se rend compte en arrivant à New York que le CDI est une notion bien française!”