Si l’homéopathie était une langue, Michèle Boiron serait bilingue. La fille et nièce des fondateurs des laboratoires dont elle porte le nom connaît les formules par cœur. Elle ne s’en vante pas, ça sort tout seul, dès qu’on évoque une maladie ou un simple mal. « J’ai grandi dans l’homéopathie, nous n’avions que cela à la maison » s’excuse-t-elle en souriant, lors d’une visite à New York.
Michèle Boiron est venue célébrer les 30 ans de la filiale du groupe aux Etats-Unis, basée dans la banlieue de Philadelphie. Pas de grande fête organisée mais l’occasion pour elle de rencontrer des professionnels de la santé américains et de lancer, symboliquement, la boîte des 30 doses d’Oscillococcinum. L’anti-rhume reste le produit phare des Laboratoires outre-Atlantique, 3 millions de boîtes (6 doses) vendues chaque année. « Mais en France, c’est quatre fois plus » précise Valérie Poinsot, la directrice générale déléguée des laboratoires lyonnais, venue accompagner Michèle Boiron dans sa tournée américaine. Le groupe mise aussi sur l’Arnicare, l’anti-bleus qui a le vent en poupe. « Le plus dur, c’est de changer les habitudes » souligne Janick Boudazin, le patron de Boiron USA. « Comme pour les yaourts : il a fallu du temps aux fabriquants de produits laitiers pour s’imposer ici, les Américains n’avaient pas l’habitude d’en consommer. »
Changer les habitudes est le combat quotidien de Michèle Boiron. Depuis longtemps, et au sein même de sa famille : bien que militante convaincue de l’homéopathie, elle a toujours défendu la complémentarité avec la médecine traditionnelle, l’allopathie dans le langage homéopathe. « Il y a 40 ans, il y avait du sectarisme des deux côtés », se souvient-elle, « aujourd’hui, on propose les deux. Pour les allergies de printemps par exemple, on peut prendre de l’homéopathie durant la journée, il n’y a aucun effet secondaire et ça soulage bien. Mais si ça persiste le soir, rien n’empêche de prendre un antihistaminique avant de se coucher. » Un concept difficilement compréhensible à l’époque de son père, Jean, et de son oncle Henri, les cofondateurs des laboratoires lyonnais en 1932. « Ils étaient passionnés, visionnaires et originaux pour leur époque. Ils travaillaient la journée et dansaient la nuit, pour s’amuser ».
Entrée dans l’officine familiale, dirigée par sa mère Simone, en 1968 après ses études de pharmacie, Michèle Boiron la quitte dix ans plus tard. « J’ai acheté une petite pharmacie dans la banlieue de Lyon. Il n’y avait pas un seul produit homéopathique. Je n’avais jamais vu une ordonnance de ma carrière, je ne connaissais rien à l’allopathie. » Très vite, elle propose les petits granules à sa clientèle, pour la plupart de jeunes mères de famille, lassées des antibiotiques prescrits alors abondamment. En huit ans, le chiffre d’affaires est multiplié par huit.
Globe-trotteur indépendant
À la fin des années 80, Simone Boiron rappelle sa fille à la pharmacie de la rue du Président Carnot. Cette dernière accepte mais pose ses conditions : elle veut vendre les deux sortes de médicaments. La famille cède. Michèle Boiron n’oubliera jamais l’air catastrophé de son père quand elle a engagé les travaux et installé les rayons de médicaments traditionnels. Pourtant, relancée, l’affaire familiale a repris des couleurs. Michèle Boiron vend la boutique en 2005, afin de partir en retraite, au moment où les Laboratoires, cotés en bourse depuis 1987, fusionnent avec Dolisos, alors le numéro deux du secteur.
Repos éphémère. Son frère Christian, président de Boiron à l’époque (il a laissé sa place à son frère Thierry en 2011 pour prendre la direction générale), lui demande de jouer un rôle dans le groupe dont le capital reste aux mains de la famille : promouvoir l’homéopathie… dans le monde. « Je suis devenue globe-trotteur indépendant » s’amuse Michèle Boiron. Elle visite au moins un pays chaque mois et vient de co-signer un livre avec le pharmacien François Roux, Homéopathie et prescription officinale, traduit en 14 langues.
Le potentiel de croissance est élevé pour Boiron, l’homéopathie ne représentant qu’1% du marché pharmaceutique mondial. Michèle Boiron préfère parler stratégie plutôt que chiffres : « l’avenir passe par la formation” des médecins, pharmaciens et infirmiers. Les Etats-Unis sont en retard sur la France dans ce domaine. Mais les Américains sont de plus en plus sensibles à la gestion de la douleur des grands malades, le palliative care, même dans les cas de cancer. « Quand j’ai commencé mes études d’homéopathie, je n’aurais jamais pensé donner des conseils à des personnes traitées en chimiothérapie » assure François Roux. « On peut soulager ces patients sur les effets secondaires qu’ils subissent, comme la nausée et la fatigue ».
Quand on évoque l’heure de sa vraie retraite, Michèle Boiron soupire. Elle pense aux mille et une choses qui restent à faire, aux Etats-Unis et ailleurs. Aussi passionnée et téméraire que ses aïeux, elle ne manque pas d’anecdotes pour défendre sa cause. « J’ai arrêté le hoquet d’un ami pas du tout convaincu par l’homéopathie. Il a fallu m’y prendre à trois reprises mais… le hoquet a bel et bien disparu ! »
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Je pratique l’homeopatie depuis plus de 30 ans. J’ai toujours utilise les methodes douces avec mes enfants et j’ai toujours reussi a les soigner. Maintenant ils sont adultes et font la meme chose avec leurs propres enfants.
L’homeopathie marche: Cela s’appelle l’effet Placebo.