Le New York Times révélait récemment des tractations discrètes entre le Metropolitan Museum of Art et la ville de New York. Objet de ces discussions: la possibilité d’une future admission payante et fixe pour les non-résidents de l’Etat de New York. Pour l’instant, la règle qui prime est celle du “prix libre” pour tous. Mais pourquoi le Met laisse à ses visiteurs le libre choix du prix de son entrée ? C’est la question bête de la semaine.
Un peu d’histoire s’impose. Construit en bordure de Central Park en 1870, le Met devait avoir pour mission de rendre populaire et accessible à tous l’étude des beaux-arts à New York. Sur la base de cette philosophie, le ville de New York, propriétaire des murs et du terrain, établit un accord avec le musée. En échange d’un loyer gratuit à perpétuité, le musée doit garantir une entrée libre aux visiteurs le mercredi, jeudi, vendredi et samedi.
Puis en 1893, toujours dans cette même optique de démocratisation de la culture, l’Etat de New York vote une loi attribuant des subventions au musée, en échange d’une ouverture gratuite cinq jours (dont le dimanche), ainsi que deux soirs par semaine, et ce toute l’année.
Mais en 1970, le musée doit faire face à d’importantes dettes et des déficits budgétaires. Il réclame auprès du Parks Department de la ville le droit d’appliquer des frais d’admission pour ses visiteurs. Une demande acceptée par la ville, à la condition que les visiteurs soient totalement libres de payer la contribution qu’ils désirent.
C’est à partir de cette époque que le Met met en place sa stratégie de prix libre, en affichant notamment des contributions recommandées au-dessus des caissiers chargés de délivrer le précieux auto-collant du musée. Une politique qui lui valut deux poursuites judiciaires en 2014 et en 2015, rejetées par la Court Suprême de New York (affaires Saksa vs Metropolitan Museum of Art et Grunewald vs Metropolitan Museum of Art). Les plaignants accusaient l’institution de faire pression et d’inciter ses visiteurs, notamment les touristes peu habitués à ce genre de pratique, à payer les frais suggérés sans leur expliquer la possibilité de payer moins, voire pas du tout.
Des critiques qui ont amené le musée à revoir sa signalétique. Le mot “recommandé” a notamment été remplacé par “suggéré” sur les panneaux du Great Hall, et la mention “the amount you pay is up to you” y a été ajoutée.
Mais avec un déficit atteignant 15 millions de dollars, le Met pourrait bien revoir sa politique d’entrée, notamment en conservant des admissions suggérées pour les New-Yorkais et des billets à prix fixe pour les touristes et non-résidents de l’Etat de New York, selon le New York Times.