Par choix ou obligation, certains parents français scolarisent leurs enfants à l’école américaine. Ce n’est pas toujours évident. Yasmine Garreau a pu s’en rendre compte. Cette maman installée à Washington a préféré re-scolariser deux de ses enfants à l’école française Rochambeau après plusieurs années en Caroline du Nord au sein d’écoles américaines. “Ils ne parlaient presque plus français. Je me suis inquiétée, car je veux laisser la porte ouverte à un éventuel retour en France”, explique l’expatriée, mère de quatre enfants, qui n’avait pas eu l’option de scolariser ses enfants dans une école française plus tôt.
Pour les parents comme Yasmine Garreau, dont les enfants ont suivi une scolarité 100% anglophone, conserver le français est un combat de tous les jours. Les stratégies varient. Certaines utilisent des nounous ou des au pair francophones pour renforcer la pratique du français à la maison. D’autres utilisent le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance), mais avouent être un peu dépassés par l’organisation des cours en ligne, difficile à concilier avec une vie familiale et professionnelle. “C’est bien et vraiment utile, mais il faut être constant”, relativise Audrey Phay-Van, qui a scolarisés ses deux filles en école américaine à San Francisco.
Le choix des écoles privées franco-américaines
Afin d’assurer une base solide, certains parents préfèrent attendre quelques années avant d’inscrire leurs enfants en école américaine. C’est le cas de Sandrine Perrin, qui a préféré scolariser son fils Baptiste au sein de l’école privée franco-américaine de Princeton dans le New Jersey pendant plusieurs années. “L’intégration de l’anglais était vraiment intéressante puisque 70% des élèves étaient français et 30% étaient anglais, mais ils étaient complètement intégrés au cursus scolaire”, explique la maman de Baptiste. Le jeune homme a ainsi acquis un niveau de français excellent. “C’est à ce moment que l’on a décidé de le mettre dans le public américain”, explique-t-elle.
Sandrine Perrin scolarise son fils au sein d’un lycée américain depuis plusieurs années. “Baptiste a désormais 14 ans et il ne pourra désormais plus repartir en école française. Alors, nous parlons tous les jours en français et nous avons pris l’habitude de regarder les informations télévisées en français et d’écouter des podcasts, poursuit-elle, sans aucun regret. Il faut faire la distinction entre une expatriation de trois ans et un déménagement plus long ou définitif. Si on est sûr de rentrer, il faut aller dans une école française et si on se plaît aux Etats-Unis, pourquoi ne pas tenter l’expérience de l’école américaine ?”
Les programmes extra-scolaires bilingues
Les options à destination des parents qui souhaitent scolariser leurs enfants en français se développent aux Etats-Unis. Outre les écoles privées qui proposent parfois une option IB (International Baccalaureate), les familles vivant dans les grandes villes peuvent aussi compter sur des programmes bilingues français-anglais de plus en plus nombreux dans les écoles publiques américaines et sur des camps d’été ou after-schools en français proposés par des petites structures privées. Créées en 2001, les associations FLAM USA (Français Langue Maternelle), qui se sont fédérées en 2017, proposent ainsi des cours de français après l’école pour les enfants entre 3 et 18 ans. Les FLAM USA ont vu le nombre d’inscriptions grimper pour atteindre 2 500 élèves en 2018.
“La décision d’avoir une vie en totale immersion dans une école américaine a du sens, car les lycées sont souvent excellents. De plus, la plupart des écoles internationales françaises n’offrent pas de niveaux lycées”, assure Marine Havel, présidente de la fédération FLAM USA et directrice de PhilaFlam. En tout, 12 associations FLAM se sont fédérées aux Etats-Unis et 500 élèves se sont inscrits en 2018, avec un réseau de 177 enseignants. “Certains parents veulent que leurs enfants apprennent à écrire en français, car ils ont pour objectif de rentrer en France. Pour d’autres, la notion de bilinguisme est très importante”.
Jérôme Quentin, un Français de New York marié à une Américaine, a scolarisé son aîné dans un collège non-bilingue après avoir tenté un programme bilingue français-anglais. Il l’a inscrit lui aussi aux cours du CNED “le soir et le week-end” pour qu’il puisse pratiquer. Pour autant, le papa reconnait les limites de la formule. “J’ai un parcours d’enseignant. Est-ce qu’on peut demander à un parent de se substituer au tutorat ? Ça me semble aventureux.” Heureusement, il existe aussi d’autres options, non-scolaires. “Il y a des ressources en ligne, Netflix, des bouquets de chaines françaises qui fleurissent. Je les ai abonnés à des magazines, comme J’aime lire et Okapi, qui sont très bien“.