Difficile d’être vu quand on passe après Victor Wembanyama. Tout d’abord parce que le jeune basketteur français est grand. Mais aussi parce qu’il prend beaucoup de place… médiatiquement. Pourtant, quelques jours après que « Wemby » ait été drafté en première position par les San Antonio Spurs en NBA, un autre Français est lui aussi entré dans l’histoire des drafts, mais de baseball cette fois : Mathias Lacombe a été recruté par les Chicago White Sox, une des franchises historiques de la MLB. Il n’a évidemment pas été retenu en première position, loin de là (12e tour et 359e pick) mais l’exploit est quand même immense pour la France qui n’est pas un grand pays de baseball. Il s’agit du deuxième Français seulement dans l’histoire à réussir cet exploit, après Joris Bert en 2007 (par les Los Angeles Dodgers).
Mathias Lacombe, âgé de 21 ans et originaire de Gironde, réussira-t-il mieux que son prédécesseur, qui n’avait jamais pu disputer une seule minute du championnat professionnel ? « Je suis hyper content et hyper fier de moi, je n’ai pas peur de le dire, confie-t-il. Je sais le travail que j’ai fait. Voir que ça paie, c’est vraiment bien. » Un peu comme pour « Wemby », la Draft a constitué un moment très fort pour Mathias Lacombe, qui était en France à ce moment-là.
« J’étais en train de manger avec mon père, raconte-t-il. J’avais été en contact avec des recruteurs tout au long de la saison. Une première équipe s’est positionné lors du 6e tour, mais la proposition n’était pas au niveau que j’espérais et je l’ai déclinée. Je me suis alors dit que j’avais laissé passer ma chance, que j’allais faire une année de plus à l’Université ». Ce qui n’aurait pas été une mauvaise chose en soi, reconnaît le jeune joueur. Il avait déjà prévu d’intégrer un « très bon établissement où j’aurais également énormément progressé » précise-t-il. « Mais les White Sox m’ont contacté, ont tenté de négocier le contrat un peu à la baisse : je n’ai pas cédé, je suis resté sur les prétentions qu’on s’était fixées avec mon agent. Une autre équipe, les Orioles (Baltimore), a voulu sauter sur l’occasion, mais les White Sox qui avaient la priorité ont finalement porté leur choix sur moi. J’avais le pouvoir entre mes mains. Au final, j’ai bien fait parce que j’ai eu ce que je voulais ! »
Le jeune Fançais peut alors laisser éclater sa joie : « J’ai d’abord fait un énorme câlin à mon père, puis j’ai appelé ma mère, et j’ai sauté partout. J’étais hyper excité, je ne pouvais pas m’arrêter de faire des allers-retours dans le salon. Mon père s’est mis à pleurer. C’était un moment magique, incroyable ». La récompense d’un parcours de sportif de haut niveau sans faute. Après avoir découvert le baseball dans le club de sa ville, les Pitchers de Pineuilh (Gironde), il a intégré le Creps de Toulouse puis le Stade Toulousain. Il a aussi déjà mis un pied en Amérique : ces deux dernières années, il profitait de la trêve hivernale en France pour intégrer le Cochise College, en Arizona. Deux saisons passées entre études et sport.
Clin d’œil du destin : Mathias est revenu… en Arizona. Comme c’est souvent le cas pour les jeunes joueurs, Mathias Lacombe a été prêté par sa franchise des White Sox à une de ses équipes réserves, en l’occurence à Phoenix, en Ligue Mineure. Il n’a pas encore pu jouer, la faute à une blessure à l’épaule contractée lors de son arrivée. Mais il devrait se faire la main très bientôt à l’occasion des tournois d’automne (Fall season), avant de participer à la préparation de la saison prochaine au printemps.
« Le complexe sportif ressemble ici exactement à ce qu’on s’imagine quand on pense au baseball aux États-Unis : il y a tout !, raconte-t-il. Deux salles de muscu, des salles de kiné, des vestiaires immenses, un énorme self, des salles de cours pour apprendre l’anglais, six terrains, le stade, les demi-terrains pour les entraînements spécifiques. C’est un truc de fou ! C’est un autre monde ». Son monde désormais.