« On est obligé de refuser les demandes de groupes de musique. Il y en a trop ». Quand il a fondé la version new-yorkaise de la Fête de la musique il y a six ans, Aaron Friedman était bien loin de se douter de l’ampleur que prendrait le phénomène. Jeudi 21 juin, 1 020 concerts animeront la ville et 200 000 personnes devraient tendre l’oreille dans la journée, pour quelques minutes ou plusieurs concerts. « Je suis fier de voir comment les gens se sont appropriés l’événement », s’exclame le Jack Lang new-yorkais.
C’est en 2006 que cet Américain, ancien étudiant en musicologie à Columbia, visite Paris. « Je tombe le jour de la Fête de la musique, un truc incroyable », raconte le jeune homme. A chaque coin de rue, des formations acoustiques attirent les passants. « J’ai été impressionné par l’ampleur de l’événement, de voir autant de gens dans tous les quartiers, autour de musique très différentes », poursuit-il.
Faire voyager le concept jusqu’à New York, devient un projet quasi-politique. Aaron Friedman avait fait campagne en 2004 pour le candidat démocrate John Kerry. « Je voulais mêler politique et musique, lui donner une place plus importante dans la ville », explique-t-il.
Convaincre les musiciens… et la police
Le jeune activiste saute le pas en 2007. Il organise la première Fête de la musique à New York, intitulée « Make Music New York » (MMNY). A ses côtés, douze étudiants bénévoles démarchent les groupes. « Personne ne connaissait la manifestation française. Il a fallu faire un gros travail d’explication. Je leur montrais une vidéo que j’avais réalisée à Paris ». Les musiciens n’étaient pas les seuls à convaincre. « La police avait peur que ça se transforme en course de taureaux, comme en Espagne, sourit-il. L’autorisation a été très difficile à décrocher ». Au final, 560 concerts lancent la première édition, en majorité à Manhattan et Williamsburg. L’année d’après, 850 concerts ont eu lieu, puis 1 080 en 2010, 1 020 en 2012. Depuis l’an dernier, les New-Yorkais peuvent aussi fêter la musique pendant l’hiver : lors de sa première édition, « Make Music Winter » a proposé une douzaine de défilés musicaux ouverts à tous. « En six ans, le nombre de shows a doublé et ils conquièrent aujourd’hui les cinq boroughs », s’enthousiasme l’organisateur.
La Fête de la musique, version new-yorkaise, c’est aussi de nouveaux sous-événements fondés chaque année. « Pour la deuxieme édition, beaucoup de groupes punk rock voulaient participer. C’était compliqué de leur trouver un endroit. De là est né Punk Island », explique l’organisateur « 50 concerts, sept scènes, sur Governor’s Island ». Depuis « on a de plus en plus de projets qui deviennent de petites identités », continue Aaron Friedman. Parmi eux, on retrouve Mass Appeal, où des musiciens solistes jouent ensemble le temps d’un concert (créé en 2008), la Gospel Parade dans les rues de Park Slope (depuis 2011), ou encore, en 2012, le World Tour, une initiative qui propose d’emmener les spectateurs gratuitement en bus dans une tournée de concerts.
Plus de 1000 concerts
Pour honorer la French Touch de l’événement, on retrouvera cette année Jean-Christophe Maillard et Ibrahim Maalouf aux Services culturels de l’Ambassade de France (les concerts affichent complets). Parmi les autres temps forts, plus de 70 groupes de punk se retrouveront à Governor’s Island (surnommée « Punk Island » pour la journée). Quatre concerts de jazz avec Ras Moshe and Friends, Summer Winds Quartet, jKb Freedom Jazz, auront lieu sur la High Line. Une équipe de vibraphonistes à Wall Street, une chorale menée par le compositeur Philip Glass à Times Square et 80 musiciens sur les chaloupes de Central Park ponctueront aussi les festivités. Face à un tel succès, on aurait envie de crier « Cocorico », mais « peu de gens savent que Make Music New York est né en France », reconnaît Aaron Friedman. Qu’importe, la musique n’a pas de nationalité.
Infos pratiques :
« Make Music New York». Plus de 1 000 concerts à travers la ville, de 10h à 22h. Gratuit. Plus d’informations ici.
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ERRATA
POUR LA PETITE HISTOIRE…
Bien que n’ayant pas envahi New York, la première “Fête de la musique” newyorkaise a été organisée en 1998 et 1999 par le French Institute Alliance Française (FIAF) au pied du World Trade Center avec le soutien du Service Culturel de l’Ambassade. Philip Glass y participait déjà avec son groupe. Pour voir photo consulter “MANHATTAN RENDEZ-VOUS” de jacqueline chambord
jc